Projet de loi sur le pouvoir d'achat : pourquoi le "baptême du feu" du nouveau gouvernement inquiète déjà certains ministres
À peine installés, les principaux ministres sont conviés ce mardi matin à une réunion autour d'Emmanuel Macron et d'Elisabeth Borne pour discuter du texte phare du deuxième quinquennat. Avec une équation difficile : faire vite, tout en incarnant le désir de compromis.
"Maintenant, on déroule", résume une source au cœur de l’exécutif. Dès ce mardi 5 juillet au matin, au lendemain du remaniement, Emmanuel Macron réunit à l'Elysée avec Elisabeth Borne tous les ministres concernés de près ou de loin par la lutte contre l’inflation pour plancher sur le projet de loi pouvoir d'achat. Autour de la table, huit ministres : Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, Gabriel Attal, chargé des Comptes publics, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, Jean-christophe Combes, chargé des Solidarités. Le tandem de la Transition écologique, Agnes Pannier-Runacher et Christophe Béchu, tout juste promu, est aussi convié, de même que Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture. Sans oublier Olivier Véran, le nouveau porte-parole du gouvernement.
"Ce serait bien qu'on parte en vacances"
À peine installés, les nouveaux ministres sont donc priés d'incarner le "gouvernement d'action" promis par la Première ministre. Ce texte sur le pouvoir d'achat des Français doit être présenté jeudi en conseil des ministre : il était annoncé le 6 juillet, mais sera finalement livré le 7. "On tient les délais", se réjouit-on du côté de Matignon. Et pour cause : ce premier projet va occuper le gouvernement et le parlement peut être au-delà du mois de juillet, probablement au moins jusqu’à la première semaine d’août.
Et certains en blémissent déjà: "Si la France insoumise fout le bordel, on va prendre deux semaines dans la tête", soupire un ministre. "Je les ai prévenus que ce serait bien qu’on parte en vacances avant de devoir en être rentrés", plaisantait la semaine dernière en petit comité Olivier Véran, quand il était encore ministre des Relations avec le Parlement.
Le gouvernement fait ce projet de loi le symbole de sa capacité à construire du compromis. Pourtant les signaux sont minces. Le SMIC à 1500 euros comme le réclame la Nupes, c’est non pour l’exécutif. Le prix du litre d’essence à 1,50 euros réclamé par les LR, c’est non aussi car bien trop coûteux.
"Ca ne permet pas de gagner des opposants, mais de perdre des électeurs"
En coulisse, la bataille de l’opinion est lancée. Si l'union des gauches présente mardi à la mi-journée sa propre proposition de loi "pour répondre à l’urgence sociale", le texte du gouvernement prévoit, par exemple, une revalorisation anticipée des prestations sociales de 4%, une limitation de la hausse des loyers à 3,5%, une augmentation des APL ou encore la prologation de la remise de 18 centimes par litre d’essence au moins jusqu’à fin août…
Résumé de l’alternative entre ce projet et celui des oppositions selon l'éxécutif : la responsabilité ou la surenchère. "Dans un monde de surenchère, il n’y a pas de compromis possible", avertit déjà un poids-lourd du gouvernement, qui repère déjà les limites de l’exercice. À ses yeux, "sortir de son cadre politique ne permet pas de gagner des opposants, c’est perdre des électeurs".
Démontrer que le gouvernement ne cherche pas rééllement le compromis, c’est d'ailleurs précisément l’objectif des oppositions, notamment à gauche. "On n’est pas obligé de céder à la pression idéologique de nos adversaires", répond déjà un ministre de premier plan. Pas de quoi rassurer sur l’existence d’une voie de passage qui éviterait le blocage tant redouté par l'éxecutif. L’heure de vérité, ce sera le 18 juillet, lors de l’examen du texte en séance à l’Assemblée nationale.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.