L'UMP n'a pas investi de candidat dans la 6e circonscription des Hauts-de-Seine
Quinze candidats sont en lice dans la 6e circonscription des Hauts-de-Seine qui couvre Neuilly, Puteaux et une partie de Courbevoie, trois sous l'étiquette "Divers droite" mais aucun sous celle de l'UMP. Une étrangeté dans ce fief sarkozyste.
Son entourage se dit "confiant". Et sur le papier, Jean-Christophe Fromantin (DVD) est le grand favori du scrutin des 10 et 17 juin. Il n'est pourtant pas un vétéran de la politique mais un entrepreneur habile et pragmatique qui se présente dans cette 6e circonscription du 92 comme quatorze autres candidats (liste complète ici).
Rapide et sans bavure
Marié et père de quatre enfants, Jean-Christophe Fromantin s'est lancé en politique à la suite d'un double électrochoc. Le premier, lors des législatives de 2007, quand l'UMP choisit d'investir la députée et maire de Puteaux, Joëlle Ceccaldi-Raynaud, mise en cause dans une affaire de pots-de-vin.
Le second, quelques semaines plus tard, quand l'UMP mise sur David Martinon, diplomate et porte-parole de Nicolas Sarkozy, réputé peu intéressé par la commune. "Alors qu'on était en pleine dynamique Sarkozy avec les discours basés sur les valeurs de la République et du mérite, c'était un contre-signal total", explique-t-il.
Après plusieurs semaines d'un psychodrame politique inédit, et mis en confiance par un honorable 14,74 % lors du premier tour des législatives, l'entrepreneur se lance à l'assaut de la mairie de Neuilly qu'il emporte, haut la main, recueillant 61,67 % des voix.
Mars 2011, il récidive et décroche le canton de Neuilly-sur-Seine Nord avec 70,64% des suffrages face à Marie-Cécile Ménard, candidate UMP, soutenue par le chef de l'Etat.
Aujourd'hui, le maire de Neuilly et conseiller général des Hauts-de-Seine vise la députation. Dès le premier tour ? Esquisse d'un sourire. Coureur de marathon, il sait qu'en sport comme en politique, la victoire n'est acquise qu'une fois la ligne d'arrivée franchie.
L'échelle territoriale comme base programmatique
Ni UMP, ni MoDem. Jean-Christophe Fromantin a de nouveau décliné tous les appels du pied et se présente sous la bannière "Divers droite" (DVD).
Président fondateur d'un mouvement baptisé "Territoires en Mouvement", l'édile de Neuilly entend promouvoir "l'échelle territoriale comme premier vecteur de compétitivité". "Si on sait valoriser les territoires, on aura une capacité de régénérescence de notre économie", argumentait-t-il lors d'une réunion publique jeudi 31 mai face à une centaine de Neuilléens.
"Cette démarche de bas en haut permet d'approcher toutes les solidarités : famille, commune département, région. Elle est bien plus intéressante que celle qui part du haut et neutralise toutes les solidarités inférieures », a-t-il ajouté déplorant que les politiques publiques soient « ingouvernables du fait de l'enchevêtrement des pouvoirs".
S'il dit ne pas avoir "de problème philosophique avec la péréquation", il "veut être sûr que les montants servent bien la solidarité et pas les frais de fonctionnement d'autres structures". Approbation dans la salle.
Bisbilles à droite
Particularité de cette circonscription d'Ile-de-France, on se bouscule au portillon sur la droite. Face à Jean-Christophe Fromantin, trois autres candidats se présentent sous l'étiquette DVD.
La députée UMP sortante et maire de Puteaux, Joëlle Ceccaldi-Raynaud, qui a décidé de ne pas se représenter, soutient d'ailleurs l'un d'entre eux, Bernard Lepidi, exclu de l'UMP, et lui fournit sa suppléante.
En outre, la section UMP de Puteaux laisserait entendre que Jean-Christophe Fromantin aurait voté Hollande au second tour de la présidentielle. L'équipe de campagne de l'édile de Neuilly parle de mensonge et vient de déposer plainte contre X suite à la distribution de tracts anonymes. Ambiance.
Enfin encore plus à droite, la représentante du Front nationale, Nicole Hervé. Investie dans la 6e circonscription du 92 bien qu'habitant Suresnes, cette professionnelle du toilettage pour chiens défend la cause des animaux en général, et des chiens en particulier, souvent pris pour cible par les musulmans. "Le chien est impur dans le coran", dit-elle.
Autre cheval de bataille de cette candidate, la défense de "la patrie, de nos traditions, nos mœurs, nos coutumes". "Il y a de plus en plus de gens voilés, ça me gène", déclare-t-elle.
Chez les concurrents, l'émiettement et les vielles rancœurs à droite, font naître quelques espoirs.
Logement social, point sensible
Responsable de la section socialiste depuis une dizaine d'années, Marie Brannens mise sur le programme de François Hollande mais insiste sur trois enjeux : l'éducation "un facteur d'égalité", la santé "qui doit être accessible à tous" et le logement "parce que la situation actuelle est inacceptable".
Que pense-t-elle de la proposition du maire de Neuilly de prendre en compte toutes les formes de logement social - maisons de retraite, hôpitaux, structures pour les personnes handicapées - dans le calcul du seuil des 20 % de la loi de Solidarité et de renouvellement urbain (SRU) ?
"Il n'y aura qu'à augmenter le seuil à 40 %" répond du tac au tac la candidate du PS qui pointe "le manque de volonté politique" de son adversaire de droite.
Cumul des mandats
Autre point de divergence, le cumul des mandats.
L'élu de Neuilly est favorable à l'exercice conjoint d'un mandat exécutif local et de député estimant "essentiel que les parlementaires aient les pieds sur terre" mais plaide pour une limitation des mandats dans le temps.
"Le plus problématique, c'est la ‘carrièrisation', le manque d'oxygénation de la vie politique", soutient-t-il. «Limiter à deux trois mandats maximums neutraliseraient le clientélisme qui ronge notre vie publique et menace nos politiques publiques".
Marie Brannens elle est opposée à toute forme de cumul. "On peut parfaitement avoir prise avec le territoire en tenant des permanences, en allant sur les marchés, en rencontrant les gens", affirme cette cadre du secteur privé partisane d'un "véritable statut de l'élu".
En attendant, elle mène sa campagne avec détermination, y compris à Neuilly où le socialisme est à la traine (15,8% des voix à la présidentielle).
Samedi, alors qu'elle distribuait sa profession de foi place du marché, un tout jeune homme s'est approché d'elle "intéressé par les idées du Parti socialiste".
Tractage et discussion
Dans les Hauts-de-Seine, comme ailleurs, les compétiteurs se retrouvent sur un point. Rien ne remplace le terrain et le contact direct. Surtout si les candidats sont jeunes et peu connus. C'est le cas du centriste Franck Faveur.
Après une tentative aux municipales de 2008 et aux régionales de 2010, ce jeune chef d'entreprise de 34 ans tente les législatives. Lui aussi tractait samedi, à huit jours du scrutin. Points forts de son programme : la réduction de la dette, le soutien de la production, le développement des banques locales d'investissement, l'école de la réussite et le non cumul des mandats.
Tiens, on y revient. "La politique, c'est pas une carrière. C'est la mort de la politique ça", insiste-t-il.
Et sinon, la cacophonie centriste ? "Nous, la nouvelle génération, on en a un peu marre des crises d'ego des aînés. Il est temps qu'Hervé Morin, Jean-Louis Borloo et François Bayrou se mettent autour de la table". Pas question pour autant d'attendre une hypothétique paix des braves. Frank Faveur s'engage, s'il est élu, à défendre en priorité les intérêts des citoyens et non les intérêts des partis politiques.
Son objectif dans ce scrutin, atteindre les 5% au premier tour pour couvrir ses quelque 6.000 euros de frais de campagne.
Lui aussi pense que les tensions à droite peuvent jouer. De même que le positionnement "pas clair" de Jean-Christophe Fromantin. Réponse dans les urnes, le 10 juin.
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