Cet article date de plus de douze ans.

La classe politique divisée sur la possible absence de Marine Le Pen à la présidentielle

Le député socialiste, Julien Dray, a déclaré, vendredi 3 février, qu'il ne serait pas choqué par l'absence de la candidate du Front national, Marine Le Pen, à la présidentielle en raison d'un nombre insuffisant de parrainages d'élus.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Julien Dray était l'invité du "Grand Journal" sur Canal Plus, le 9 septembre 2009. (AFP - Lionel Bonaventure)

Le député socialiste, Julien Dray, a déclaré, vendredi 3 février, qu'il ne serait pas choqué par l'absence de la candidate du Front national, Marine Le Pen, à la présidentielle en raison d'un nombre insuffisant de parrainages d'élus.

Marine Le Pen a gagné une première étape, jeudi, dans son combat en faveur de l'anonymat des parrainages. Le Conseil d'Etat a en effet décidé de transmettre au Conseil constitutionnel sa requête contestant la publicité des signatures d'élus, prévue par la loi.

Mais en politique, gagner une étape ne signifie pas aller en finale. Et si la candidate n'obtient pas gain de cause sur l'anonymat des parrainages, il n'est pas dit qu'elle parvienne à réunir les 500 signatures requises. Jeudi, elle a indiqué qu'il lui manquait 150 parrainages.

L'éventualité de sa non qualification n'émeut pas pour autant le député socialiste, Julien Dray, qui ne verrait, dans cet événement, que l'échec de Mme Le Pen à métamorphoser le FN.

"Le Front national reste un courant politique qui fait peur"

Invité au Talk Orange Le Figaro, vendredi, l'élu de l'Essonne a livré son interprétation des difficultés rencontrées par la candidate frontiste.

Si elle n'est pas capable de convaincre les maires, ce n'est pas parce qu'il y a des pressions, ce n'est pas vrai", a expliqué M. Dray. "Chaque formation politique dit à ses élus de soutenir son candidat, mais il y a assez d'élus qui ne sont pas encartés dans des partis politiques pour les convaincre", a-t-il poursuivi.

Selon lui, la candidate "a raté la métamorphose qu'elle espérait faire de son parti" et "continue à créer un doute", allusion à sa récente participation à un bal à Vienne qui rassemble des formations populistes et d'extrême droite.

Et que dirait ce proche du candidat socialiste, François Hollande, si Mme Le Pen ne pouvait concourir ? "Cela ne me choquerait pas", répond M. Dray. "Je ne fais pas partie de ceux qui disent qu'il faut qu'ils soient représentés", conclut-il.

La classe politique partagée

A l'inverse, d'autres politiques jugent problématique l'hypothétique absence de Mme le Pen à l'élection du printemps. A commencer par le premier personnage de l'Etat, Nicolas Sarkozy.

Interrogé sur ce sujet dimanche soir, lors de son intervention télévisée, le Président a répondu : il est "toujours préjudiciable qu'un courant politique - dont je ne partage pas les convictions - ne soit pas présent". Puis il a ajouté : "Mais vous ne voulez quand même pas que je m'occupe d'elle aussi?".

Une position de principe partagée par la candidate de Lutte ouvrière. Interrogée, jeudi, par LCI, Nathalie Arthaud, a déclaré : "Je ne trouverais pas normal que le courant de Marine Le Pen ne puisse pas être représenté" mais si c'est le cas "c'est qu'il y a un problème du côté de ses idées, de tous les préjugés qu'elle véhicule et qui ne passent pas", a-t-elle poursuivi.

Quant au candidat socialiste, François Hollande, il s'en est tenu à l'argument juridique. "Il y a une règle ! Elle s'applique", a-t-il fait valoir, mercredi, sur RTL. "Ce n'est pas moi qui vais lui donner quand même !", a-t-il ensuite lancé.

Une majorité de Français souhaitent que la candidate du FN puisse se présenter

Les électeurs eux aussi ont un avis sur la question. Selon un sondage BVA pour Le Parisien-Aujourd'hui en France, publié fin janvier, 70% des Français souhaitent ainsi que Marine Le Pen obtiennent les 500 signatures nécessaires pour pouvoir se présenter à la présidentielle.

Dans le détail 41% des personnes interrogées le souhaitent "tout à fait", et 29% "plutôt", contre 12% "plutôt pas" et 17% "pas du tout", précise l'étude. 1% ne se prononcent pas.

Et si l'on s'attache aux sensibilités politiques, 86% des sympathisants de droite sont pour que la candidate d'extrême droite puisse concourir, et 60% chez les sympathisants de gauche.

Les sceptiques sur la non qualification du FN

Outre la question démocratique, la véracité des chiffres avancés par Mme Le Pen fait débat. Le député-maire du XVIe arrondissement de Paris, Claude Goasguen, n'y voit lui qu'une mise en scène.

"Ils nous font le coup à chaque fois. La famille Le Pen a l'art de se faire passer pour victime", a-t-il déclaré à la presse, il y a quelques jours, dans les couloirs de l'Assemblée nationale. "Moi, la famille Le Pen je ne les crois plus depuis belle lurette sur les questions des signatures. Vous verrez qu'ils en auront 560. Je fais le pari", a-t-il lancé.

Résultats des courses le 16 mars, date limite pour l'envoi des 500 signatures au Conseil constitutionnel.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.