La loi OGM adoptée sur fond de crise gouvernementale
D'une courte tête, le projet de loi sur les OGM a été adopté à l'Assemblée nationale. 249 voix contre 228, c'est dire l'embarras des députés.
_ Car l'examen du texte n'a pas vraiment été facile. Beaucoup moins qu'au Sénat début février. Le dernier épisode en date étant le coup d'éclat de la secrétaire d'Etat à l'Ecologie (voir article). Nathalie Kosciusko-Morizet avait dénoncé les lâches autour d'elle, avant de s'excuser et de rentrer dans le rang.
Pour autant, il n'est pas grand-monde à se féliciter du vote d'aujourd'hui. 249 voix contre 228, cela fait bien peu d'écart. Et quand on sait qu'en plus une centaine de députés se sont abstenus ou n'ont pas pris part au vote, on se dit que le débat laisse comme un goût d'inachevé...
Pourtant, devant les députés, Jean-Louis Borloo avait défendu un texte “ni pro ni anti” OGM, et “un des textes les plus précautionneux au monde”. Le ministre de l'Ecologie s'est réjoui que le projet de loi ait été “amélioré” par les amendements des députés et a invité la majorité à soutenir le projet de loi.
_ De toute façon, la France n'avait pas tellement le choix. Le projet de loi visait à clarifier les conditions de mise en culture de plantes transgéniques et de leur coexistence avec les productions conventionnelles ; le tout, dans le respect d'une directive européenne de 2001 que la France aura longtemps tardé à transcrire en droit national.
Au cours des 36 heures de débats, les anti-OGM ont marqué quelques points, avec l'aide d'une poignée de députés de la majorité. Ils ont notamment imposé aux cultures transgéniques “le respect des structures agricoles, des écosystèmes locaux et des
filières de production et commerciales sans OGM”, par un amendement. Mais le répit ne sera que de court terme : devant le groupe UMP, François Fillon s'est engagé à revenir sur le sujet lors de la deuxième lecture au Sénat.
Mais les grands principes du texte, et en premier lieu la coexistence entre cultures OGM et non-OGM, n'ont pas été modifiés.
_ Ce qui fait dire à certains que l'esprit du Grenelle de l'environnement de l'automne dernier est bel et bien mort. C'est du moins l'expression employée par le porte-parole du groupe PS à l'Assemblée, Germinal Peiro. D'ailleurs, complète un autre député socialiste, Philippe Martin, “dans ce débat, à droite, une seule personne, Mme Kosciusko-Morizet, a incarné l'esprit du Grenelle. Les députés UMP, eux, sont pour l'essentiel des défenseurs d'une
agriculture productiviste, à l'écoute des grands groupes.” Curieux comme un débat de société a pu autant devenir politique...
Guillaume Gaven avec agences
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