Affaire François de Rugy : pourquoi Elisabeth Borne n'a-t-elle pas hérité du statut de ministre d'Etat ?
"Il n'est pas apparu nécessaire de poursuivre avec cette mention", a expliqué Sibeth Ndaye, la porte-parole du gouvernement.
Le même poste mais pas le même titre. En remplaçant François de Rugy au ministère de la Transition écologique, mercredi 17 juillet, Elisabeth Borne n'a pas hérité du statut de ministre d'Etat. Une différence protocolaire qui n'est pas passée inaperçue dans les couloirs des associations environnementales. Greenpeace s'est ainsi inquiétée d'un "déclassement". France nature environnement aussi s'interroge : "Comment peut-on annoncer que l'acte 2 du mandat sera celui de l'accélération écologique et dans la foulée décider que la ministre de la Transition écologique n'est plus ministre d'Etat ?"
"Pas de différence au quotidien"
Dans les rangs de l'opposition également, on s'étonne. "L'écologie est rétrogradée en deuxième division en perdant son ministère d'Etat quelques semaines après le verdissement de l'acte 2 du quinquennat", a par exemple tweeté Julien Odoul, du Rassemblement national. "Elle n'est pas ministre d'Etat", a pointé de son côté Julien Bayou, le porte-parole d'Europe Ecologie-Les Verts.
Deux enseignements : le banc de touche de l'équipe #Macron est terriblement pauvre. L'écologie est rétrogradée en 2e division en perdant son ministère d'Etat quelques semaines après le verdissement de l'acte 2 du quinquennat. #DeRugyDemission https://t.co/RgUs4tUXsE
— Julien Odoul (@JulienOdoul) 16 juillet 2019
#Borne nommée ministre de l'écologie. Elle n'est pas ministre d'Etat. Une ministre des transports qui a accompagné le déclin des petites lignes et la réduction du fret ferroviaire (et pas uniquement rungis Perpignan). Encore le décalage entre les discours et les actes. https://t.co/u6N6GDrGuM
— Julien Bayou (@julienbayou) 16 juillet 2019
La question a été posée à la porte-parole du gouvernement après le Conseil des ministres. "Le président de la République a souhaité au début du quinquennat que, à travers la mention de ministre d'Etat attaché à l'écologie, il puisse y avoir une impulsion particulière, a expliqué Sibeth Ndiaye. Désormais, à travers le bilan que nous avons pu avoir depuis deux ans, les choses sont sur les rails." Et d'ajouter : "Donc il n'est pas apparu nécessaire de poursuivre avec cette mention de ministre d'Etat qui, pour ne rien vous cacher, n'entraîne pas au quotidien de différence effective dans la capacité à déployer des politiques publiques, y compris de manière interministérielle."
"Une valeur honorifique"
Interrogé sur ce sujet sur France Inter, Bruno Le Maire était sur la même longueur d'onde que sa collègue du gouvernement. "Ce n'est pas une question de symbole, c'est une question de décisions et d'actes", a rappelé le ministre de l'Economie et des Finances. Dans les faits, le titre de ministre d'Etat a surtout "une valeur honorifique", rappelle Le Figaro. "Il permet d'être placé juste après le Premier ministre dans l'ordre protocolaire, et autorise l'organisation de réunions interministérielles", poursuit le journal.
Mercredi soir, Elisabeth Borne elle-même est revenue sur cette question sur BFMTV. "Etre ministre d'Etat, c'est d'abord la reconnaissance d'un parcours politique", a jugé la ministre. "Cela correspondait au profil de mes prédécesseurs", mais pas au sien, assure-t-elle. "Je n'ai pas ce parcours-là, j'ai un autre parcours dont je suis fière et dont je pense qu'il me donne des atouts".
Il n'empêche : certains y voient un retour en arrière. L'environnement et les transports se retrouvent de nouveau réunis dans le même ministère, comme c'était le cas lors des quinquennats précédents de François Hollande et de Nicolas Sarkozy. L'actuel gouvernement ne compte en tout cas plus de ministre d'Etat. Depuis l'élection d'Emmanuel Macron, quatre ministres ont occupé ce titre. Ils ont tous démissionné : François Bayrou en juin 2017, Nicolas Hulot en septembre 2018, Gérard Collomb en octobre 2018. Et donc François de Rugy, mardi.
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