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La Rochelle. Ce qu'il faut en retenir

Première sous présidence socialiste depuis 1994, l'édition 2012 de l'université d'été du Parti socialiste à La Rochelle s'est déroulée dans un climat très particulier, entre joie et angoisse, guerre de succession larvée et vigilance des militants. L'essentiel. 

Article rédigé par Salomé Legrand
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault à l'université d'été du Parti socialiste à La Rochelle (Charente-Maritime), le 26 août 2012. (PIERRE ANDRIEU / AFP)

POLITIQUE - Trois mois que la gauche a le pouvoir et pourtant, l'université d'été du Parti socialiste à La Rochelle (Charente-Maritime) s'est déroulée dans une atmosphère mi-figue mi-raisin le week-end du 25 août. Entre des militants dubitatifs et des députés surbookés, des ténors devenus ministres, une aile gauche entre deux eaux et une première secrétaire sur le départ mais pas trop, il flottait dans l'édition 2012 comme un parfum d'hésitation. "Ce n'est pas de l'ennui, c'est du sérieux"résume Libération. FTVi vous en dit l'essentiel. 

Une ambiance mitigée

Le pouvoir oui, l'angélisme non. Malgré un record de participation - 5 000 personnes sur les trois jours, "du jamais-vu" selon plusieurs militants habitués et bluffés par l'affluence -, l'enthousiasme n'était pas toujours au rendez-vous. Parmi les militants que FTVi a rencontrés, même impression. Tous sont vigilants, de Jean-Pierre, "sceptique" sur l'avenir du parti et ronchon, à Jean et Danièle, qui relativisent : "On est à La Rochelle, pas à Lourdes, on ne fera pas de miracles."

Plus encore que les députés et responsables du parti, les militants refusent d'applaudir des deux mains les 100 jours du gouvernement. "Comment on va faire pour tenir les promesses ?", "Quelles seront les priorités ?" se demandent-ils, l'une angoissée "devant la responsabilité et l'ampleur de la tâche", l'autre regrettant amèrement que le débat sur le traité européen ait été "étouffé". De pied ferme, ils attendent la rentrée du gouvernement et le congrès du parti, prévu fin octobre à Toulouse. 

Une première secrétaire qui rechigne à laisser sa place

Côté succession, c'est elle qui organise, et puis c'est tout. Si on avait encore des doutes, La Rochelle les a levés : Martine Aubry garde la main sur sa succession quoi qu'il arrive. "J’ai encore un peu de travail pour m’assurer que le PS soit sur de bons rails. Mais les choses avancent bien", confie-t-elle vendredi soir lors d'un point presse informel. Et si elle dit savoir comment faire pour choisir le premier signataire - qui sera donc le candidat- de sa motion commune avec Jean-Marc Ayrault, elle explique qu'elle "racontera après". Le doute n'est pas non plus levé au cours de son discours de clôture, qui lui permet pourtant d'énoncer quatre exigences de fond pour l'avenir. Elle conclut d'un : "Je voudrais vous dire merci", "je suis et je resterai une militante"

De quoi hérisser certains membres du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) comme Thibault, Arthur, Paul et Manon, 18 ans, qui réclament la parole : "Maintenant qu'on n'est plus en campagne, on veut de la démocratie interne", martèlent-ils. Ils redoutent qu'on leur "impose l'unité" par des alliances dans les cafés et restaurants de la ville.

Une campagne larvée entre les candidats

Martine Aubry et sa garde rapprochée, le 24 août 2012 à La Rochelle. Au centre, Harlem Désir (veste bleue) et Jean-Christophe Cambadélis (veste noire), qui s'affrontent pour sa succession. (SALOME LEGRAND / FTVI)

Conséquence directe de cette tactique de Martine Aubry, les prétendants, dont Harlem Désir et Jean-Christophe Cambadélis, sont contraints à une campagne larvée. Loin des habituelles réunions de courants, happenings des partisans de chacun, bons mots et attaques en règle. Aucun des deux ne la lâche d'une semelle, chacun promet de faire tout ce que dit la première secrétaire, jure de ne délaisser aucun des chantiers qui lui tiennent à cœur, tout en opérant des manœuvres différentes. FTVi revient sur la tactique et le positionnement de chacun des successeurs potentiels de Martine Aubry.

Un Premier ministre à la com' millimétrée

Jean-Marc Ayrault (G) et Thierry Marchal-Beck, président du Mouvement des jeunes socialistes, à La Rochelle, le 25 août 2012. (PIERRE ANDRIEU / AFP)

Chose rare, relevée par RTL, le Premier ministre a évoqué sa vie privée... enfin, on a appris que sa mère était de Pontivy. Sinon, il blague un peu et surtout, consulte ses fiches entre chaque question d'"Alex, de Brest", "Mélanie des Alpes-Maritimes", invités à l'interroger. Jean-Marc Ayrault voulait casser l'image traditionnelle du discours fleuve. Pour autant, le tutoiement ne permet pas tout, et les militants du MJS se sont gardés de mettre en péril leur "camarade, Premier ministre de la France". Qui en profite pour temporiser et défendre ses 100 jours, comme le racontait notre reportage

Une timide contestation interne 

Ils nous ont habitués à donner de la voix. Les membres de l'aile gauche du parti chuchotent, de préférence dans les couloirs plutôt qu'en salle plénière. Cette année, difficile de remettre en cause la sacro-sainte unité. "Le débat, c'est : est-il pertinent de faire une motion, alors qu'on a gagné il y a trois mois ? Est-ce que ce n'est pas un peu trop tôt ?" a expliqué à l'AFP dimanche à La Rochelle un des membres de l'aile gauche ayant requis l'anonymat. La veille, le député de Seine-Saint-Denis Razzy Hammadi ne disait pas autre chose : "Déposer une motion de l'aile gauche ? C'est un débat. Est-ce que c'est la chose la plus pertinente ? Est-ce que ça se justifie ? Moi j'ai un doute."

L'autre critique vient des quinze députés membres de La Gauche durable, qui publiaient samedi une lettre ouverte dans Le Monde pour interpeller François Hollande sur la question de l'Europe. "Beaucoup de nos concitoyens observent, avec inquiétude, le cours des affaires de l'Europe", entament-ils avant de réclamer une "parole forte". Mais, même si elle correspond à l'attente de nombreux militants rencontrés par FTVi et mécontents du traité européen, l'initiative a eu peine à prendre.

Des annonces gouvernementales 

Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, à l'université d'été du PS à La Rochelle, le 25 août 2012. (PIERRE ANDRIEU / AFP)

"Ça fait plaisir de s'adresser à des ministres", a entamé Martine Aubry dans son discours de clôture. Et effectivement, de ténors, les habituels fournisseurs de formules sont devenus membres du gouvernement et ne perdent pas le Nord. De cette édition de La Rochelle, on retiendra un discours fort sur la sécurité de la part de Manuel Valls, qui, en "premier flic de France", a également apporté son soutien aux trois policiers blessés dans la nuit de vendredi à samedi à Grigny (Essonne).

On notera aussi l'annonce de la baisse, "la semaine prochaine", du prix de l'essence par le titulaire du portefeuille de l'Economie, Pierre Moscovici, qui n'a même pas attendu les entretiens prévus lundi et mardi avec les industriels et la grande distribution. 

Des élus très occupés

Le député Christian Paul retrouve les militants socialistes de la Nièvre, son département, à La Rochelle, le 24 août 2012. (SALOME LEGRAND / FVTI)

Ceux pour qui le rendez-vous n'a pas changé, ce sont les députés. Poignées de main, figures imposées, réunions officielles, rendez-vous informels, le "socialisthon" nécessite organisation et entraînement. FTVi a suivi le député de la Nièvre Christian Paul, dix-sept poignées de main en 150 mètres, une promenade forcée sous la pluie, une réunion à huis clos et du briefing de journaliste. Un vrai marathon

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