Le débat : moqueries et soulagement pour les militants socialistes
Réunis à Tournon-sur-Rhône pour un visionnage collectif du débat d'entre-deux-tours entre Nicolas Sarkozy et François Hollande, les militants socialistes ont moqué les réparties du candidat UMP. Et applaudi les sorties de leur champion. Reportage.
De notre envoyé spécial, à Tournon-sur-Rhône (Ardèche)- 21 heures, les lumières s'éteignent. La salle municipale Georges Brasses de Tournon-sur-Rhône, gracieusement prêtée par la municipalité de droite de la sous-préfecture de l'Ardèche, est plongée dans l'obscurité. Les trois coups vont être donnés. Silence de cathédrale.
"Nous sommes là pour le changement", glisse une sympathisante. Ainsi, une cinquantaine de militants socialistes de la section locale s'est réunie, autour de leur député Olivier Dussopt et de sa suppléante Michèle Victory, pour un visionnage collectif du débat attendu de l'entre-deux-tours entre leur champion, François Hollande, et le président-candidat Nicolas Sarkozy. Une première dans cette section PS, comme le souligne la suppléante du député local.
"Pauvre petit bébé"
Point d'orgue de la campagne, unique et dernière confrontation entre les deux duettistes, la tension est palpable. La confiance aussi, sondages favorables obligent. Etrange sentiment que tout a été dit mais que rien n'est fait.
"Je crains le pire, l'infâme ayant été dit ces derniers jours. Tout n'est pas joué", rappelle en préambule Olivier Dussopt, benjamin de l'Assemblée nationale depuis 2007, pour qui "il faut mettre un terme à cette campagne nauséabonde".
Une fois le débat lancé, face à l'écran géant installé pour l'occasion dans cette petite salle attenante au lycée local, l'un des plus vieux de France, les militants sont attentifs. Ambiance studieuse, concentrée. Rapidement, le ton de la soirée est donné. Les sorties de Nicolas Sarkozy sont tantôt huées, tantôt moquées.
"Les bons mots" de Hollande
Des "pauvre petit bébé" ou autre "menteur" s'élèvent à chaque déclaration du candidat de l'UMP, ressenties comme des tentatives de victimisation ou des mensonges. "Mais y'a pas de boulot", rétorquent-ils lorsque Nicolas Sarkozy revient sur sa mesure de défiscalisation des heures supplémentaires.
"Sarkozy a les mêmes arguments qu'en 2007, raille un militant. On connaît la copie, on connaît la chanson". Entre indignation et moquerie. Surtout lorsque M. Sarkozy avance le nom de Dominique Strauss-Kahn.
Paroxysme de la facétie : une lapalissade du président-candidat. "La meilleure économie d'énergie, c'est l'économie d'énergie", glisse M. Sarkozy. "Il est mauvais", lui répond l'assistance en riant. "Il ne fait aucune proposition", ajoute un Olivier Dussopt tendu, qui fait les cent pas, entrant et sortant de la salle Georges Brassens, un œil rivé sur Twitter.
"Du grand guignol"
A l'inverse, une attention particulière, des rires d'approbation et des salves d'applaudissements ponctuent chacun des "bons mots" du député de Corrèze. Et plus le débat avance dans des heures tardives, plus la salle s'échauffe.
Les rires se font plus bruyants, les réactions indignées plus vives. Surtout lorsque Nicolas Sarkozy semble caricaturer les propos et propositions du projet socialiste. "C'est du grand guignol", conclut une militante d'une soixantaine d'année, plus que jamais confiante en une victoire, "celle du changement", le 6 mai.
La réaction d'Olivier Dussopt après le débat
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