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Le PDG d'EDF apporte sa pierre dans le débat entre socialistes et écologistes sur le nucléaire

Alors que les négociations sur l'avenir du nucléaire sont au point mort entre socialistes et écologistes, le PDG d'EDF s'invite dans le débat. Il affirme mercredi dans Le Parisien que la sortie du nucléaire mettrait "un million d'emplois en péril".
Article rédigé par Olivier Biffaud
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Henri Proglio, PDG de l'électricien français (JEFF PACHOUD / AFP)

Alors que les négociations sur l'avenir du nucléaire sont au point mort entre socialistes et écologistes, le PDG d'EDF s'invite dans le débat. Il affirme mercredi dans Le Parisien que la sortie du nucléaire mettrait "un million d'emplois en péril".

Une sortie du nucléaire en France mettrait en péril un million d'emplois. C'est du moins ce qu'affirme Henri Proglio, le PDG du groupe énergétique EDF, dans un entretien avec des lecteurs du Parisien publié mercredi.

L'affirmation de M. Proglio intervient alors que les socialistes et les écologistes sont en négociation sur l'avenir du nucléaire et la répartition des circonscriptions pour les législatives qui suivront l'élection présidentielle dont les deux tours sont programmés en mai et en juin 2012.

Abandonner le nucléaire, selon le PDG de l'électricien français, "menacerait 400 000 emplois directs et indirects de la filière nucléaire, 500 000 emplois dans les entreprises actuellement localisées en France et très gourmandes en énergie, comme l'aluminium, qui risquerait de partir à l'étranger. Il faut y ajouter 100 000 emplois futurs provenant du développement du nucléaire mondial à partir de la France", avertit M. Proglio.

Eric Besson minimise les hausses de tarif

L'addition fait effectivement un million d'emplois qui "coûterait entre 0,5 et 1 point de PIB", assure le patron d'EDF. La veille, M. Proglio avait aussi affirmé qu'une réduction de la part du nucléaire dans la production de l'électricité entraînerait une hausse de 25% des émissions de gaz à effet de serre en France.

"Aujourd'hui, il n'est pas possible de remplacer efficacement le parc nucléaire historique sans recourir massivement au gaz ou au charbon", avait-il dit lors d'un colloque organisé par l'Union française de l'électricité (UFE), syndicat professionnel qui compte notamment EDF parmi ses membres.

Pour sa part, Eric Besson a pris ses distances avec certaines conclusions d'une étude de l'UFE, selon lesquelles les hausses de tarifs de l'électricité devraient atteindre 33% pour les particuliers d'ici à 2030 par rapport à 2010 dans l'hypothèse d'un nucléaire qui représenterait à cette échéance 70% de la production française, contre 74% en 2010.

"Je trouve cette prévision de hausse très élevée et je veux dire très clairement qu'elle n'engage pas le gouvernement", a précisé le ministre de l'Industrie et de l'Energie.

La "démagogie" et "la mode"

A gauche, Jean-Pierre Chevènement s'est invité aussi dans le débat nucléaire animé qui oppose socialistes et écologistes.

Le candidat du Mouvement républicain et citoyen (MRC) à la présidentielle s'est félicité mercredi de la position de François Hollande sur un maintien du nucléaire, estimant que le responsable socialiste avait ainsi résisté à la "démagogie" et "à la mode". M. Hollande s'était prononcé, lundi au journal de 20 heures de France 2, pour la poursuite de la construction de l'EPR, "si les conditions de sécurité sont réunies".

Le réacteur EPR de dernière génération devrait être implanté dans l'usine de Flamanville (Manche). Dans un rapport du 24 juin 2011, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) relève, notamment, "treize constats" d'infraction dans le chantier et elle établit une liste de matériels dont le manque de sûreté rend l'utilisation dangereuse.

Plus affirmatif que M. Hollande, l'ancien premier ministre et député (PS) de Seine-Maritime, Laurent Fabius, a envisagé, mercredi sur RTL, l'abandon de cette construction, si le réacteur nucléaire nouvelle génération pose des problèmes de sécurité. Il a toutefois ajouté : "Si Areva veut vendre des EPR à l'étranger, c'est difficile qu'on n'ait pas un EPR en France".

La poursuite du chantier EPR de Flamanville est au coeur du différend qui oppose le PS et Europe Ecologie-Les Verts dans leurs négociations électorales. Les deux partis vont devoir développer des trésors de diplomatie et de sémantique pour parvenir à un accord.

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