Le retard de la démocratie numérique

Six candidats s'apprêtent donc à débattre dans une émission de première partie de soirée sur une grande chaîne de service public, France 2 pour ne pas la citer.

Et tout le monde d'être très heureux de voir ainsi le débat démocratique exposé à une heure de grande écoute entre acteurs d'une même famille de pensée politique.

Une histoire d'écran de télé mais pas encore d'ordinateur ni de tablette. Ainsi que l'écrit en substance Erwann Gaucher, ils sont d'abord enfants du petit écran, le numérique attendra encore.

De fait, à la grande différence des Etats-Unis, le net français n'est toujours pas la dimension première du débat pas plus qu'il n'est celle de la campagne électorale. Pourtant, dès 2004, les candidats américains savaient mobiliser les volontés sonnantes et trébuchantes pour donner un même jour 100 dollars et parvenir au chiffre respectable de 7 millions.

L'argent n'étant pas le seul moteur de l'affaire, sms, blogs, emails, servaient aussi à constituer de réels lobbys d'influence. Des dizaines d'adresses furent crées, des petits guides électroniques du parfait petit militant mis en place pour livrer la bataille politique.

Quatre années plus tard, tout naturellement, ce furent les confrontations entre candidats républicains et démocrates qui se trouvèrent propulsées au coeur de la toile. D'abord, en juillet et septembre 2007, you tube s'associait à CNN pour proposer une trentaine de questions d'internautes aux différents postulants. Puis il y eut les débats Obama/ Mac Cain dont le second fut diffusé à la fois sur la petite lucarne et en interactif avec microvlogging collectif. On adora refaire le débat en temps réel.

Chez nous, "la présidentielle" commence et ce récit d'outre-Atlantique a encore des allures de projection dans un futur pas vraiment immédiat. Pour autant sur notre site Présidentielle 2012 les 6 candidats ont fait connaître leurs réflexions sur le numérique, leurs pratiques, leurs ambitions. Ce soir le service public en sera le témoin. Mais la trajectoire de la démocratie numérique n'en est encore qu'à ses débuts. On peut voir cela comme un retard ou comme une promesse d'espoir.