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Les perdants du remaniement

Nicolas Sarkozy et François Fillon n'ont pas divulgué les évaluations qu'ils sont censés avoir attribué aux ministres, mais certains sortants paraissent clairement sanctionnés. Ce soir, Christine Albanel, Christine Boutin, Bernard Laporte, Roger Karoutchi et Yves Jégo font figure de mauvais élèves.
Article rédigé par franceinfo
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Il ne faisait pas bon s'appeler Christine et être ministre de la République hier. Christine Albanel, la ministre de la Culture, et Christine Boutin, la ministre du Logement, ont pu s'en apercevoir.

  • Ce sont en quelque sorte les cloches de Rome qui ont sonné le glas de la première. Christine Albanel a compris que son sort était scellé quand Frédéric Mitterrand, son remplaçant, est sorti du bois, en offrant un pot de départ à ses collaborateurs de la villa Medicis, centre culturel français dans la Ville Eternelle.
    _ Sa note éliminatoire, c'est sur la copie Hadopi qu'elle l'a subie. Nicolas Sarkozy, qui a promis qu'il irait “jusqu'au bout” sur le sujet, n'a pas digéré de voir le texte concocté avec sa ministre retoqué par le conseil d'Etat sur sa principale disposition : sa capacité à sanctionner les internautes récalcitrants.

  • Pour Christine Boutin, la chute est plus douloureuse encore. Des rumeurs bruissaient la donnant titulaire d'un nouveau porte-feuille, décrété priorité par le chef de l'Etat : celui des prisons. Un poste qui l'aurait placée sous les feux de l'actualité. Cruel retournement de conjoncture : non seulement ce ministère n'est pas créé, mais la dame des Yvelines perd le sien, le Logement et l'Urbanisme. Ses maladresses face aux mouvements de mal logés, l'affaire Bolufer, sa mésentente avec sa secrétaire d'Etat, Fadela Amara, très appréciée du président, et globalement, des tensions avec le locataire de l'Elysée la poussent vers la sortie.

  • Bernard Laporte prend le même chemin. Il est loin, le temps des accolades avec Nicolas Sarkozy, dans l'atmosphère moite des stades. Le secrétaire d'Etat aux Sports brille par un bilan inexistant. Quelques gaffes médiatiques et des enquêtes fiscales sur des affaires quelque-peu emmêlées auront rajouté des clous sur le cercueil de sa carrière politique.

  • Celle qui le remplace aux Sports, Rama Yade, ne s'installe pas dans la bonne humeur. Le moins que l'on puisse dire est qu'elle n'a pas convaincu au secrétariat d'Etat aux droits de l'Homme, puisqu'il ne lui survit même pas. Il faut admettre que le poste n'était pas facile. Prise en tenaille entre la Realpolitik du Quai d'Orsay et la défense des principes, elle s'est retrouvée dans des positions inconfortables. Soit par des prises de positions iconoclastes qui lui ont valu quelques recadrages, soit en tentant de défendre des options politiques quitte à devoir manier une langue de bois aussi épaisse qu'un séquoia géant.
    _ Ce poste aux Sports, moins exposé, est donc une sorte de purgatoire.

  • Pour Roger Karoutchi, qui fait ses cartons du secrétariat d'Etat au Parlement, ce mardi de remaniement aura ouvert une blessure d'amitié. Sarkozyste de la première heure, il est sanctionné pour n'avoir pas su discipliner les parlementaires UMP, et surtout pour n'avoir pas su contrer l'influence de Jean-François Copé, patron des députés UMP qui se pique de vouloir coproduire les réformes de l'ère Sarkozy. Les cafouillages de la loi Hadopi, rejetée une première fois par l'Assemblée à l'issue d'une comédie à la Feydeau ont pesé lourd. Son échec à la campagne pour l'investiture UMP aux régionales en Ile-de-France a fait le reste.

  • Autre fidèle sarkozyste à retourner dans ses foyers, Yves Jégo, le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer. Lui qui faisait déjà ses valises pour le voyage présidentiel aux Antilles en fin de semaine va finalement reprendre la direction de sa ville de Montereau-Fault-Yonne, dans le sud de la Seine-et-Marne. Il paye sa gestion hésitante de la crise aux Antilles au début de l'année. En particulier son retour en catastrophe en Métropole en plein milieu des négociations pour se faire tancer par François Fillon. Les patrons antillais auraient aussi réclamé sa tête.

    Grégoire Lecalot

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