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Nathalie Kosciusko-Morizet se souvient d'une "énorme gifle", lors du procès de son agresseur présumé

Le procureur a requis quatre mois de prison avec sursis et 1 500 euros d'amende contre Vincent Debraize, accusé d'avoir agressé l'ex-députée LR en juin dernier. Le jugement a été mis en délibéré au 7 septembre.

Article rédigé par Fabien Magnenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'une des photos présentées à la cour, où l'on distingue Nathalie Kosciusko-Morizet et Vincent Debraize, le 15 juin 2017 sur le marché de la place Maubert à Paris. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

"Nathalie Kosciusko-Morizet n'est pas venue de gaieté de cœur", explique son avocat, Jean-Yves Dupeux, mardi 11 juillet. Et d'ailleurs, elle n'a pas dit un mot à la presse. Le jugement a été mis en délibéré au 7 septembre, mais l'audience a permis d'en savoir davantage sur l'hospitalisation de l'ex-députée LR, le 15 juin dernier, après un différend survenu sur le marché de la place Maubert, dans le 5e arrondissement.

Face à la 23e chambre du tribunal correctionnel de Paris, Vincent Debraize, maire d'une petite commune de l'Eure, a nié avoir touché la députée LR, pourtant victime d'une chute et d'un traumatisme crânien. Les faits d'outrages et de violences "sur une personne chargée d'une mission de service public", retenus contre le prévenu, sont passibles de trois ans de prison et 45 000 euros d'amende. Le procureur de la République a requis quatre mois de prison avec sursis contre l'agresseur présumé, assortis d'une peine d'amende de 1500 euros.

"Bobo de merde" ou "bobo de droite" ?

Candidate aux législatives, Nathalie Kosciusko-Morizet tracte avec ses équipes, vers 10 heures du matin, quand Vincent Debraize l'interpelle, lui reprochant d'être parachutée et de compromettre les chances de la droite. Un militant tente de s'interposer, mais la candidate insiste pour discuter avec cet homme "agressif d'emblée". Quand elle fait valoir son rôle de chef de l'opposition au conseil de Paris, ce dernier lui reproche d'avoir fait gagner Anne Hidalgo à la mairie, et d'être une "bobo de droite sans ligne directrice", en citant l'éditorialiste Eric Zemmour. L'élue, elle, affirme avoir entendu "bobo de merde".

Face à la cour, Vincent Debraize assure avoir entendu l'élue prononcer à deux reprises "Dégage, connard", "avec un petit sourire". L'élue se souvient simplement d'une "énorme gifle", au moment où elle brandissait ses tracts à sa hauteur, avant d'oublier la suite en heurtant le sol. Selon Nathalie Kosciusko-Morizet, le prévenu aurait arraché les documents avant de les renvoyer dans le visage de l'élue, la faisant chavirer en arrière et chuter. Des témoins évoquent également un coup au thorax. Le certificat médical évoquera une "palpation sensible au sternum", sur foi des déclarations de la patiente. "Il est seulement mention d'une contusion occipitale, mais il n'y a aucune trace sur le thorax", insiste la défense.

"J'étais tellement inquiet que je suis parti"

A plusieurs reprises, le tribunal a tenté de s'appuyer sur une série de clichés pris par un journaliste, sans réellement pouvoir trancher. "Je n'ai jamais touché NKM. Ou elle se trompe, ou elle ment", répond Vincent Debraize, qui assure avoir jeté les tracts au sol. Pourquoi a-t-il quitté la scène sans même s'enquérir de la santé de l'élue, inanimée à même le sol ? "Trois hommes m'encerclaient, explique le prévenu. J'étais tellement inquiet que je suis parti. A ma droite, un homme a hurlé 'Heil Hitler, Heil Hitler', un autre m'a agrippé par l'épaule." Une version balayée par Nathalie Kosciusko-Morizet, qui juge "insultant et ridicule de prétendre que [son] équipe faisait des saluts nazis".

Vincent Debraize lors d'une conférence de presse à Champignolles (Eure), où il est maire, le 22 juin 2017. (JOEL SAGET / AFP)

Le procureur a retenu des "faits graves" car "monsieur Debraize s'est attaqué à un élu et que, derrière cette agression, il y a le problème de la démocratie". Les avocats de la défense, eux, ne sont pas du même avis. "Il s'agissait d’une contestation sur la candidature de Nathalie Kosciusko-Morizet dans cette circonscription de Paris, qui n’avait jamais été perdue par la droite, qui risquait de l’être et qui l’a été", a insisté Me Basile Ader. Selon lui, l'affaire n'aurait donc pas dû terminer au tribunal correctionnel mais bien au tribunal de police.

Les avocats de Vincent Debraize ont défendu la thèse d'un malaise, déjà avancée par leur client lors d'une conférence de presse organisée après les faits – "Je jette [les tracts] au sol (...), elle me regarde, et là, pouf ! Elle tombe." La défense a notamment évoqué le rythme effréné de la candidate. "Le 15 juin, ça fait un an qu'elle a la tête dans le guidon, elle distribue des tracts et ça ne prend pas, elle est atteinte physiquement." Une explication qu'ont tenté de contredire les avocats de l'ex-députée en lui demandant les sports qu'elle pratiquait. "Course à pied, natation et boxe française", a répondu Nathalie Kosciusko-Morizet. "Et jamais de malaise."

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