Logement : Mélenchon, Joly, Bayrou et Hollande disent oui à la Fondation Abbé Pierre
10 millions de personnes touchées par la crise du logement en France, selon la Fondation Abbé Pierre qui propose un "contrat social" que devraient signer mercredi quatre candidats à la présidentielle: Bayrou, Joly, Mélenchon et Hollande.
En pleine vague de froid, la Fondation Abbé Pierre évalue dans son 17e rapport annuel à plus de 3,6 millions le nombre de personnes mal logées ou sans abri, et plus largement à 8 millions celles concernées par la crise du logement. Avec ces chiffres, en pleine crise économique, la Fondation impose la question du logement dans la campagne présidentielle. Mercredi, quatre candidats devraient signer le "contrat" proposé par la Fondation, à la façon de Nicolas Hulot avec la question de l'environnement en 2007.
10 millions de personnes touchées
La Fondation Abbé Pierre recense un total de plus de 3,6 millions de personnes "non ou très mal logées" :
- 685.116 personnes "privées de domicile personnel" (133.000 sans domicile, 18.116 en résidence sociale, 38.000 en chambre d'hôtel, 85.000 dans des "habitations de fortune" et 411.000 chez des tiers);
- plus de 2,7 millions vivant dans des conditions de logement "très difficiles", sans confort ou très surpeuplés;
- 172.847 personnes locataires de meublés;
- 86.612 gens du voyage ne pouvant accéder à une aide d'accueil.
La Fondation ajoute aux 3,6 millions de mal logés plus de 5,1 millions de personnes "en situation de réelle fragilité de logement" (occupant une copropriété en difficulté, un logement surpeuplé, ou devant faire face à des impayés), évaluant ainsi à près de 9 millions les personnes concernées par la crise du logement.
Elle estime également que plus d'1,2 million de ménages sont en attente d'un logement social (chiffre 2006), que 3,8 millions sont en situation de précarité énergétique, que 1,3 million de locataires sont en difficulté de paiement tout comme 565.000 propriétaires, et que plus de 92.000 ménages sont menacés d'expulsion (chiffres 2010).
Des chiffres qu'elle n'additionne pas aux précédents (risque de doubles comptes) mais qui lui permettent d'évoquer au final 10 millions de personnes touchées par la crise du logement.
Quatre candidats à la présidentielle
Début janvier, un coup d'éclat d'Eric Cantona qui s'est lancé dans la course aux 500 signatures pour la présidentielle, avait pour but de placer le sujet au coeur du débat électoral. Le pari semble aujourd'hui réussi puisque quatre candidats à la présidentielle se rendent ce mercredi à la présentation du rapport de la Fondation Abbé Pierre sur le mal logement.
François Hollande, Jean-Luc Mélenchon, Eva Joly et François Bayrou ont dit oui à la Fondation qui présente dix propositions dans un "contrat social" en quatre axes qui imposerait de produire environ 500.000 logements par an, dont au moins 150.000 logements sociaux.
"Je soussigné ……… candidat-e à l'élection prée de l'année 2012, m'engage, si le peuple français me confie la responsabilité de le représenter en tant que Président-e de la République, à mettre en oeuvre les propositions pour une nouvelle politique du logement déclinées par la Fondation Abbé Pierre et ses partenaires". Ainsi commence le texte que les candidats présents devraient signer mercredi à la Porte de Versailles.
Parmi ces mesures : Atteindre l'objectif de 500 000 logements par an, généraliser la taxe sur les logements vacants dans les zones de marché tendu, Encadrer les loyers du parc privé, notamment à la relocation, Éradiquer les 600 000 logements indignes, Renforcer la "loi SRU"...
Les quatre candidats ont été invités car leurs partis politiques sont "représentés au Parlement", explique-t-on à la Fondation Abbé-Pierre pour justifier l'absence d'autres candidats.
Nicolas Sarkozy, invité "en tant que président de la République", selon un membre de l'association, doit être représenté par Henri Guaino, son conseiller spécial, qui ne signera pas le document.
Les mesures de la Fondation
La crise a joué un rôle d'accélérateur, avec "la fragilisation des ressources des ménages" doublée de "l'augmentation considérable du coût du logement".
Trouver un logement, en changer ou le garder devient "source de préoccupation majeure" pour les plus démunis, mais également pour les revenus modestes (salariés pauvres, familles monoparentales, etc). Pour Christophe Robert, "les frontières de l'inacceptable sont dépassées", certains trouvant refuge dans des cabanes, des bidonvilles, des caves, des campings, les autres acceptant des logements plus petits, plus loin, plus détériorés.
Le "contrat social" en quatre axes proposé aux candidats imposerait de produire environ 500.000 logements par an, dont au moins 150.000 logements sociaux.
Autre impératif: "Réguler les prix et maîtriser le coût du logement", en revalorisant les aides, en empêchant les hausses à la relocation et en offrant des recours au locataire si son loyer est plus élevé que ceux du marché.
La Fondation demande en outre une "politique de prévention des expulsions" et souhaute que soient imposés aux communes 25% de logements sociaux (20% actuellement).
Un débat déjà engagé
Le président de la République a lui même évoqué la question du logement lors de son intervention de dimanche en promettant une "mesure extrêmement forte" consistant à augmenter de 30 % les droits à construire. Une mesure immédiatement contestée par ses opposants.
Du côté de François Hollande, on avance plusieurs propositions : mise à disposition des terrains publics aux collectivités locales, modification de la loi SRU qui imposera désormais 25 % de logements sociaux (sous peine de sanctions multipliées par cinq), une modification sur la fiscalité du foncier destinée à faciliter la construction, contrôle des loyers dans les zones où les prix sont les plus tendus.
Lors d'un meeting contre le logement cher, trois candidats, Jean-Luc Mélenchon, Eva Joly et Philippe Poutou, avaient formulé des propositions pour affirmer que "se loger est un droit".
Jean-Luc Mélenchon avait développé plusieurs propositions se prononçant lui aussi pour un contrôle des prix des loyers lors de la remise des appartements sur le marché, "comme en Allemagne".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.