Manuel Valls peut-il gouverner sans majorité absolue ?
Si Manuel Valls a obtenu la confiance de l’Assemblée nationale mardi, son gouvernement n’y possède désormais qu’une majorité relative. Seuls 269 députés ont en effet voté “pour”, soit 20 voix de moins que la majorité absolue des 289 voix.
Plus délicat, il y a désormais plus de députés qui désapprouvent la politique menée que de députés qui la soutiennent, comme se plaisaient à le dire, sitôt le vote terminé, plusieurs parlementaires de l’opposition.
Ce gouvernement n'a désormais plus de majorité absolue! Comment peut il tenir dans ce climat ?
— Eric Ciotti (@ECiotti) September 16, 2014
En effet, si l’on additionne les votes “contre” et les abstentions -parmi lesquelles, 31 “frondeurs socialistes”-, le rapport de force s’est inversé dans l’hémicycle. 297 députés sont désormais ouvertement opposés au gouvernement Valls II (244 contre, 53 abstentions). Sur les 53 abstentionnistes, 51 viennent de la majorité en place et deux du groupe communiste, qui a par ailleurs massivement voté contre.
Le 8 avril dernier, [le Premier ministre avait obtenu la confiance de 306 députés](http://www.franceinfo.fr/actu/politique/article/l-assemblee-accorde-sa-confiance-manuel-valls-334119), alors que 239 avaient voté contre, et 26 s’étaient abstenus. Bien que ne faisant pas le plein des voix des trois groupes de la majorité (socialistes, écologistes et radicaux) et de leurs 325 députés, il avait largement dépassé la majorité absolue des 289 voix. Après le vote de mardi, ce n’est plus le cas. Manuel Valls a perdu 37 voix. Il ne peut plus compter que sur le soutien de 269 députés. Cela peut-il avoir des conséquences sur les futures propositions de lois qui seront examinées à l’Assemblée nationale et sur l’action à venir du gouvernement ? Invité du journal de 20h de TF1, le Premier ministre a immédiatement tenté de dédramatiser ce fait : "*Il y a une majorité claire de ceux qui ont voté pour la confiance. Il n'y a surtout pas de majorité alternative* ". Marquer leur désapprobation --------------------------- En effet, les 51 abstentionnistes de la majorité (31 socialistes, 17 écologistes et trois radicaux), quoique ayant manifesté leur désaccord avec la politique en cours, ne devraient évidemment pas rejoindre pour autant l’opposition. En revanche, en déposant par exemple de nombreux amendements ou en ralentissant l’examen de certains textes, ils peuvent nuire à la politique du gouvernement et ainsi marquer leur désapprobation. Pour Jean-Marie Leguen, secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement, ce n’est pas un problème. “*La dernière fois qu’il y a eu un vote important, sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, 40 socialistes s’étaient abstenus. Là, ils sont à peine plus de 30, donc les choses s’améliorent* ”, explique-t-il. La menace du 49.3 ----------------- “*Je ne crois pas que, pour les votes qui viendront, il y aura beaucoup de discussions* ”, tempère encore le secrétaire d’Etat. Reste que le vote du budget, prévu à l’automne prochain, pourrait être une occasion supplémentaire, pour les “frondeurs”, de s’opposer une nouvelle fois ouvertement au Premier ministre. Rien qui ne fasse trembler le gouvernement. D’autant que celui-ci dispose, en cas de nécessité, [de l’article 49.3](http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do;?idArticle=LEGIARTI000019241062&cidTexte=LEGITEXT000006071194), qui impose l’adoption d’un texte à l’Assemblée nationale. Cette dernière ne peut s’y opposer qu’en renversant le gouvernement par une motion de censure. “*C’est une procédure qui existe dans la Constitution. Ce n’est pas celle que nous avons adoptée... jusqu’à présent* ”, poursuit Jean-Marie Leguen. **A LIRE AUSSI ►►► [Manuel Valls obtient une majorité en nette baisse à l'Assemblée](http://www.franceinfo.fr/actu/politique/article/manuel-valls-obtient-la-confiance-de-l-assemblee-par-269-voix-contre-306-en-avril-569199)** Il n’y a évidemment aucune chance que l’on arrive à pareille situation, d’autant que la conséquence immédiate serait une dissolution de l’Assemblée. Et peu de “frondeurs” sont prêts à mettre leur siège de député en jeu dans un contexte politique très défavorable à la gauche.
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