Présidentielle : les trois signes qui expliquent la sérénité de Marine Le Pen
A neuf jours du premier tour de la présidentielle, la candidate du Front national s'est montrée très détendue, vendredi, dans les coulisses de l'émission politique de franceinfo, se livrant à quelques confidences sur la campagne et ses suites.
À neuf jours du premier tour la présidentielle, Marine Le Pen affiche une grande sérénité. Dans les coulisses de l’émission 8h30 Aphatie sur franceinfo, vendredi 14 avril, la candidate du Front national (FN) s'est présentée détendue et peu avare de confidences sur la campagne électorale.
Elle est déjà dans l'entre-deux-tours
Entre deux bouffées de cigarette électronique, Marine Le Pen évoque déjà l’après 23 avril, avec une pointe de nostalgie. "J'ai adoré les meetings à la ferme", déclare la candidate, au lendemain d'un meeting à Pageas, en Haute-Vienne. Que prévoit-elle d'ici le 7 mai ? Uniquement du grand format pendant la quinzaine de jours avant le second tour du scrutin. Comme si le premier tour n'était qu'une formalité, on apprend que l’heure est aux négociations pour réserver une grande salle à Nice pour le début mai. Un autre lieu de rendez-vous avec les sympathisants reste à caler à Paris le 1er mai.
Se présente aussi le débat d'entre-deux-tours le 3 mai prochain, mais face à quel autre candidat ? Marine Le Pen n'exclut pas François Fillon, parce que, dit-elle, la peur de Mélenchon réveille les électeurs de droite. L’hypothèse d’une confrontation avec le candidat issu de la primaire de la droite l'amuse, "rien que pour voir la gueule des journalistes", dit-elle en éclatant de rire. Toutefois, l’adversaire idéal, à ses yeux, reste Emmanuel Macron, afin de pouvoir cliver entre "mondialistes" et "patriotes". "Je l'aurais dessiné, je n'aurais pas fait mieux", confie-t-elle. "Être nouveau, c'est ne pas avoir été au pouvoir", fait-elle remarquer pour marquer sa différence avec l'ex-ministre de l'Economie.
Les chiffres parlent pour elle
Marine Le Pen évoque son socle électoral, installé sur la durée. En 2015, son parti était à 25% aux élections départementales, puis au-delà de 27% aux régionales. Ce vote est fixé, selon la candidate frontiste. S’il y a du mouvement, ce ne serait pas à son détriment, a-t-elle calculé, ne se voyant pas descendre en-dessous de cette barre, autour de 25%. Pourtant, sur le créneau de l’Europe, elle n’est plus seule. Jean-Luc Mélenchon développe aussi des critiques dans son programme. Marine Le Pen a pris cette configuration en compte. Au point d’attaquer frontalement le candidat de La France insoumise comme elle l'a fait jeudi soir en meeting à Pageas dans le Limousin. C’est donc sur l'immigration que la candidate du FN martèle sa différence. Lui serait un candidat laxiste, elle garantirait les frontières.
Marine Le Pen profite aussi du congrès de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), ce week-end au Bourget, pour revenir à ses fondamentaux. Elle demande la dissolution de cette organisation. La menace islamiste est là, selon la candidate, qui annonce sur franceinfo ce matin, une mesure d’urgence si elle est élue. "Le lendemain de mon élection, je procéderai à l'expulsion des fichés S étrangers de notre pays et j'engagerai les procédures de déchéances de nationalité pour ceux qui ont la double nationalité", a déclaré Marine Le Pen.
Même une défaite pourrait prendre des airs de victoire
Au soir du premier tour de la présidentielle, la candidate sera à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), où le frontiste Steeve Briois a été élu en 2014. "C’est de là que tout est parti", confie Marine Le Pen. Lors des législatives de 2007, candidate dans le Pas-de-Calais, elle avait été la seule frontiste de France à se qualifier au second tour, en agrégeant plus de 20% des voix.
À présent, elle réfléchit aussi à son implantation pour les législatives de juin, même si ses projets sont encore flous pour la suite. Sera-t-elle une députée FN, une présidente de groupe à l’Assemblée nationale ? Elle explore les pistes, tout en se sentant très bien au Parlement européen. Si elle perd la présidentielle avec les honneurs au second tour, avec un score au-dessus de 35%, ce serait presque une victoire pour elle. C’est la raison pour laquelle elle gèle une quarantaine de circonscriptions, afin de pouvoir tendre la main à l’autre droite qui pourrait la rejoindre. Elle a remarqué que Nicolas Dupont-Aignan, le candidat de Debout la France, n’était pas agressif à son égard en ce moment.
Certes, il y aura les affaires à gérer. La justice française a demandé au Parlement européen la levée de son immunité. L'annonce vendredi de cette étape n'a pas semblé déstabiliser l'eurodéputée. "C'est normal, c'est la procédure classique, je ne suis pas étonnée", a juste commenté sur franceinfo la candidate du Front national à la présidentielle.
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