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"Faites mieux le 16 octobre" : avec un tweet évoquant la Révolution française, Jean-Luc Mélenchon révèle les divisions au sein de la Nupes

Le chef de file de la France insoumise a comparé, dans un tweet, la "marche contre la vie chère" organisée par la gauche, le 16 octobre prochain, à un épisode de la Révolution française.

Article rédigé par Julie Marie-Leconte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Jean-Luc Mélenchon et Olivier Faure, lors du "Parlement de la Nouvelle union populaire écologique et sociale", le 30 mai 2022. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

Jean-Luc Mélenchon appelle à faire mieux que les Sans-culotte : un tweet du leader des Insoumis fait polémique, en évoquant, jeudi 6 octobre dans la soirée, la manifestation prévue le 16 octobre contre la vie chère. Il appelle à "marcher comme les révolutionnaires de 1789, qui ont ramené de force le roi, la reine et le dauphin de Versailles à Paris".

Le 6 octobre 1789, dans les premiers mois de la Révolution française, une marche de femmes partie de Paris vers le château de Versailles aboutissait au retour contraint du roi Louis XVI et de sa famille dans la capitale. Jean-Luc Mélenchon appelle les manifestants de la mi-octobre à "faire mieux".

Un tweet qui a fortement déplu au patron du Parti socialiste, Olivier Faure, qui le fait savoir. "Là Jean-Luc tu peux faire mieux, écrit ainsi le député de Seine-et-Marne en réponse au message envoyé quelques heures plus tôt par l'ex-candidat LFI à la présidentielle. La provocation n'est pas toujours le meilleur moyen de se faire entendre. Il n'y a plus ni roi ni reine. Nous n'aurons ni pique ni fourche. Notre mobilisation sera non violente et sa force c'est son message : la justice contre le désordre social."

Ce que le premier secrétaire du PS dénonce est bien l'appel implicite à l'insurrection. "Micro-polémique", assure la député Cyrielle Chatelain, à la tête du groupe écologiste à l'Assemblée et autres alliés dans la Nupes, qui refuse de commenter. La fragilité de la Nupes est pourtant mis à nu et révèle une alliance entre deux lignes contradictoires : l'une révolutionnaire, l'autre légitimiste. De quoi donner du grain à moudre aux socialistes qui ont refusé l'alliance et à ses opposants. "Après la police tue, l'Ukraine, les Ouïghours : voilà pourquoi je ne soutiens pas Jean-Luc Mélenchon comme leader de la gauche", dit par exemple Rachid Temal, sénateur socialiste du Val-d'Oise.

"Appel à la violence sociale"

Vendredi matin, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a accusé Jean-Luc Mélenchon de "dépasser les bornes" avec son "appel à la violence sociale" a répété plusieurs fois le ministre, avant d'ajouter l'adjectif "déguisé" car, selon lui, l'ancien candidat à la présidentielle "pourra toujours dire: c'est pas ce que je voulais dire". "Ce n'est pas la première fois qu'il dépasse les bornes, il est tout le temps dans l'outrance", a-t-il estimé en saluant une "désolidarisation" de la part "de partis plus traditionnels au sein de la Nupes", notamment celle du patron du PS Olivier Faure. "Le droit de manifester est constitutionnel, on le respecte, on l'accompagne, mais les appels masqués ou directs ou indirects à une forme de violence sociale, c'est irresponsable, encore plus de la part d'un responsable politique", a insisté le ministre.

Le tweet de l'Insoumis n'est pas sans rappeler aussi les appels de Donald Trump à marcher sur le Capitole il y a un an et demi, s'inquiètent ainsi certains. De quoi conforter ceux qui jugent qu'il se situe définitivement en dehors de l'arc républicain. Pour Aurore Bergé, la présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée, "appeler les Français à l'usage de la force contre un pouvoir non pas de droit divin mais légitimement élu est une honte". Et Jean-Luc Mélenchon "définitivement discrédité".

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