Michel Sapin : "On peut réduire le déficit" et "remettre de la justice fiscale"
Désireux d'en finir avec une politique "imbécile et aveugle" et une méthode "toujours en retard d'une révision de croissance à la baisse", Michel Sapin a jugé nécessaire, mercredi, le retour à plus de justice fiscale, devant la presse parlementaire.
Invité à réagir sur le manque de chiffrage du projet du Parti socialiste comme de celui de son candidat François Hollande, dont il est très proche, l'ancien ministre des Finances a retourné cette apparente faille à son avantage.
Le projet socialiste qui "a pour caractéristique de n'être pas chiffré... avait pour volonté de fixer un chemin et de montrer qu'il était possible, à la fois de réduire les déficits et l'endettement de la France, ce qui est indispensable, sans pour autant rester immobile sur les grands choix qu'il convient de mener pour redonner de la compétitivité à l'économie française et supprimer un certain nombre d'injustices flagrantes", a fait valoir le député de l'Indre.
Mais en neuf mois (date du projet socialiste, ndlr), le contexte économique a évolué impliquant une sérieuse révision à la baisse du taux de croissance.
Est-ce que cela rend pour autant ce projet obsolète ? "Non", réaffirme M. Sapin "parce que le projet avait pour caractéristique de ne pas calibrer les mesures et de ne pas les inscrire dans le temps laissant à la réalité économique du moment et au candidat des primaires le choix de fixer des priorités".
D'où, la prochaine étape assumée sereinement par le député : "le projet socialiste doit se traduire dans un programme du candidat."
Appel à des ressources nouvelles
Interrogé sur l'un des chantiers prioritaires de François Hollande, la jeunesse et l'éducation, et les nécessaires économies, le député de l'Indre a soutenu qu'"augmenter le nombre de fonctionnaires dans l'Education nationale n'a jamais voulu dire une augmentation du nombre global de fonctionnaires", mais "l'arrêt de la politique imbécile, aveugle du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite".
S'appuyant sur le bilan gouvernemental de Lionel Jospin faisant apparaître que "le nombre de fonctionnaires n'avait pas augmenté", M. Sapin a fait valoir qu'"une politique intelligente de gestion des ressources humaines, de gestion des compétences et des carrières" était la solution "parfaitement compatible et nécessaire" eu égard aux enjeux.
Critiquant "la méthode actuelle du gouvernement qui consiste à être toujours en retard d'une guerre... d'une révision de croissance à la baisse", M. Sapin a fait valoir le principe "d'un plan d'ensemble s'appuyant sur les deux piliers classiques : l'appel à des ressources nouvelles - que le gouvernement s'interdit de faire tout en le faisant - et la maîtrise des dépenses".
Il est "trop tôt" pour "en dire plus"
Où seront puisées les économies ? Il est "trop tôt" pour "en dire plus", répond l'ancien ministre qui consent toutefois à rappeler quelques propositions du candidat socialiste.
A commencer par les "10 milliards de niches diverses, non seulement inutiles mais contreproductives", relevés par un rapport de l'Inspection des finances. "Première des évidences", souligne le député, "commençons par supprimer ce qui coûte cher à l'Etat et aboutit au résultat inverse de celui recherché".
Autre piste, "une trentaine d'autres milliards", identifiés eux aussi par l'Inspection, "dont l'efficacité n'est pas avérée et parmi lesquelles des économies sont sans doute possibles, affirme l'élu.
Rapprocher impôt sur le revenu et CSG
Mais au-delà des niches "Copé" et "des heures supplémentaires", dont la suppression est brandi par les socialistes, où sont les autres niches représentant les 50 autres milliards d'euros que le Parti socialiste entend économiser ?
S'appuyant cette fois sur un rapport de la Cour des comptes et rappelant que "depuis 2007, les baisses d'impôts ciblées ont abouti à une diminution de 40 milliards d'euros des recettes de l'Etat" M. Sapin a fait valoir qu'il n'était "quand même pas inconcevable de... récupérer le plus gros morceau" de cette somme.
Autre suggestion : "l'impôt sur le revenu rapporte 50 milliards d'euros. La contribution sociale généralisée rapporte presque 100 milliards d'euros", a souligné M. Sapin. "Or vous avez deux fois plus de recettes payées par tout le monde que par l'impôt sur le revenu qui est normalement un outil de justice fiscale compte tenu de sa progressivité".
"Le rapprochement, voire la fusion, de l'impôt sur le revenu et de la contribution sociale généralisée" (CSG) afin de remettre de la "justice fiscale", est l'une des propositions clés des socialistes, a conclu M. Sapin.
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