Cet article date de plus de dix ans.

Montebourg et Hamon "pas loin des frondeurs" : Hollande minimise, l'opposition ironise

Après le monistre de l'Economie Arnaud Montebourg, son collègue de l'Education a enfoncé le clou, concernant la politique économique de François Hollande.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Les ministres de l'Economie, Arnaud Montebourg (D), et de l'Education, Benoît Hamon, quittent l'Elysée après le conseil des ministres, le 11 juin 2014. (BERTRAND GUAY / AFP)

Il est l'invité d'honneur de la fête de la Rose d'Arnaud Montebourg, dimanche 24 août, et leurs violons semblent bien accordés. Le ministre de l'Education Benoît Hamon affirme dimanche, dans Le Parisien (article payant) que son collègue de l'Economie et lui ne sont "pas loin des frondeurs" du PS, qui contestent la politique économique de François Hollande et de Manuel Valls. La veille, Arnaud Montebourg critiquait en effet dans Le Monde "la réduction dogmatique des déficits" et suggérait d'"intensifier les baisses d'impôts concernant les classes moyennes et populaires".

Ces critiques directement adressées au couple exécutif agitent le PS, tandis que l'Elysée et Matignon tentent de minimiser.

"Rien de choquant, rien de nouveau", pour Matignon

Depuis l'Océan indien, François Hollande a fait comme si Arnaud Montebourg, qui a pourtant insisté sur l'idée que "les choix politiques ne sont pas figés", soutenait clairement son action. "Je souhaite que nous puissions convaincre nos partenaires européens de donner une priorité à la croissance. Tous ceux qui portent cette idée sont les bienvenus et c'est la position de tout le gouvernement", a donc déclaré François Hollande, lors d'une conférence de presse à Moroni (Comores).

Le cabinet de Manuel Valls temporise également. "Rien de choquant, rien de nouveau" dans les propos d'Arnaud Montebourg, qui s'est en effet toujours posé en trublion du gouvernement. "La donne européenne est en train de changer. Le président de la République et le Premier ministre agissent dans ce sens", précise Matignon, selon Le Parisien.

"Ils posent les bonnes questions", selon les frondeurs

Christian Paul, chef de file des frondeurs, jubile de voir deux ministres de poids sensibles à sa cause. Après la charge de Montebourg et l'annonce de la présence de Benoît Hamon à la fête de la Rose de Frangy-en-Bresse, il explique à Marianne : "Ils font tous les deux parties des ministres du gouvernement qui posent les bonnes questions. Ils commencent à faire au sein de l’exécutif ce que nous faisons depuis dix mois maintenant à l’Assemblée. C’est tant mieux pour nous." Pour le député de la Nièvre, "ça montre aussi que le débat sur les choix politiques est très ouvert, contrairement à ce que disent le président et le Premier ministre qui tentent d’anesthésier ces discussions".

Son camarade de fronde Pouria Amirshahi, député des Français de l’étranger, apprécie de voir "des membres du gouvernement qui ne nous contestent pas la qualité de socialiste. Au contraire même, puisqu’il aurait tendance à reconnaitre en nous les vrais socialistes", toujours dans Marianne. "Tout qui procède du gouvernement et qui peut faire contrepoids à cette politique est bon à prendre", concède-t-il.

"Montebourg premier opposant à gauche", moque Ciotti

Avant même l'intervention de Benoît Hamon, dans Le Parisien, la sortie d'Arnaud Montebourg a provoqué les railleries de l'opposition. Le député UMP des Alpes-Maritimes, habitué à lâcher ses piques sur Twitter, a érigé le ministre de l'Economie en "premier opposant à gauche" à la politique de Hollande.

Avant de lister les récentes critiques dont François Hollande a fait les frais, à gauche. "S'il y a un domaine dans lequel le Président excelle, c'est le rassemblement... contre lui", écrit sur Twitter le député UMP des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti.

La présidente du Front national Marine Le Pen reprend Dalida pour se moquer d'Arnaud Montebourg : "Toujours des mots, les mêmes mots". "Voilà plus de deux ans qu'Arnaud Montebourg dénonce très régulièrement la politique économique du gouvernement (...) Mais pour quels résultats ?", interroge-t-elle.

Pour Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République, Arnaud Montebourg "se doit de démissionner", "si les convictions affichées sont sincères". Le ministre de l'Economie ne semble pourtant pas décidé à prendre le chemin de la sortie de sitôt. Dans son entretien au Monde, il expliquait : "Je ne me situe pas dans cette hypothèse. Mon travail, depuis deux ans, est inlassablement de convaincre…"  Mission qu'il devrait poursuivre dès septembre, avec les premiers débats sur le budget prévus au Parlement.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.