Montebourg veut un changement de cap : qu'en disent les autres?
François Hollande a dit vouloir accélérer les réformes. Arnaud Montebourg, lui, veut un changement de cap, en tout cas économique. Dans un entretien au journal Le Monde, le ministre de l'Economie appelle à "faire évoluer nos choix politiques". Il s'appuie sur le diagnostic de nombreux experts, et met en garde contre la récession qui menace l'Union européenne.
"Aujourd'hui, la réduction à marche forcée des déficits est une aberration économique car elle aggrave le chômage, une absurdité financière car elle rend impossible le rétablissement des comptes publics, et un sinistre politique car elle jette les Européens dans les bras des partis extrémistes qui veulent détruire l'Europe", dit-il au journal, assurant toutefois qu'il n'envisage pas de démissionner. "Je suis à mon poste de combat pour faire évoluer des politiques qui méritent d'être changées", affirme-t-il.
"Je ne désespère pas que l’appel d’Arnaud Montebourg ait un effet majeur" (Karine Berger)
Karine Berger, députée PS des Hautes-Alpes, mais également secrétaire nationale du PS en charge des questions économiques, fait partie de ceux qui se réjouissent de cette sortie du ministre de l'Economie. "La réaction d’Arnaud Montebourg est très intéressante parce qu’il dit une bonne fois pour toute qu’il y a un débat à l’intérieur de la majorité. Ça vient d’un ministre et pas de n’importe quelle ministre, du ministre de l’Economie, qui dit que la majorité actuelle est face à un débat de politique économique ", déclare la députée sur France Info, qui ne "désespère pas que l’appel de quelqu’un d’aussi important du gouvernement ait un effet majeur ".
Autre réaction, celle du chef de file des sénateurs EELV, Jean-Vincent Placé. "La ligne que nous portons depuis le début, celle de la contestation de la politique économique, est aujourd'hui renforcée par les frondeurs, par Arnaud Montebourg ", a-t-il déclaré à la presse aux universités d'été EELV. "Il faut desserrer l'étau de l'austérité et de la rigueur. (...) Arnaud Montebourg démontre qu'on peut être dans les responsabilités et utile à son camps par un devoir de sincérité ", a-t-il ajouté.
Manque de cohérence, selon Nicolas Dupont-Aignan
Le président de Debout la République (DLA) , Nicolas Dupont-Aignan est beaucoup moins convaincu. "Cette prise de conscience soudaine plus de deux ans après être entré au gouvernement est bien tardive mais révèle le malaise profond au sein de l'exécutif (...) Si les convictions affichées d'Arnaud Montebourg sont sincères, il se doit de démissionner car il est en totale opposition avec la politique menée par François Hollande, ce dernier ayant encore déclaré il y a quelques jours qu'il n'y aurait aucun "face à face" avec Angela Merkel et qu'il était nécessaire de poursuivre cette politique aberrante", écrit-il dans un communiqué.
La droite parle de couac
Sur France info, le sénateur UMP Roger Karoutchi déplore une piètre communication de la majorité. "Là, on est dans le show-biz et on voit les ministres faire entre eux des critiques, des commentaires : "ah ben moi j'suis pas d'accord, ah ben moi je m'en vais... " Mais qu'est-ce que c'est que ce bazar! " réagit-il.
Le FN pas surpris
"Je ne pense pas que l'on puisse parler de couac, chacun est dans son rôle. Arnaud Montebourg a ré-enfilé son traditionnel costume d'enfumeur électoraliste. Régulièrement Arnaud Montebourg nous fait ce genre de sorties", a a réagi le vice-président du FN Florian Philippot sur BFMTV. "Tout cela est une espèce de pièce de théâtre", a-t-il poursuivi.
François Hollande choisit la méthode Coué
Interrogé lors d'une conférence de presse à Moroni sur les déclarations du ministre de l’Economie, François Hollande a répondu : "Je souhaite que nous puissions convaincre nos partenaires européens de donner une priorité à la croissance. Tous ceux qui portent cette idée sont les bienvenus et c'est la position de tout le gouvernement ", a déclaré le chef de l’Etat. Sollicité par l'AFP, Matignon ne voit de son côté "rien de choquant" aux propos du ministre.
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