Nicolas Sarkozy a donné lundi matin une conférence de presse pour faire le point notamment sur le grand emprunt
La date ne doit rien au hasard. A la veille de l'annonce de la candidature à la primaire PS de Martine Aubry, le chef de l'Etat entendait occuper le terrain médiatique et tracer des perspectives.
Lors de cette intervention, il a ainsi annoncé que quelque 20 milliards d'euros seraient engagés d'ici fin 2011 pour des investissements d'avenir.
La méthode retenue a été celle de la "sélection" par "l'excellence", car "rien n'aurait été pire qu'un saupoudrage inefficace", a affirmé M. Sarkozy à propos de ce programme de 35 milliards d'euros mis en oeuvre en décembre 2009, en réponse à la crise.
"Nous avons décidé de nous appuyer sur des jurys internationaux", a-t-il poursuivi, notant que "le mode de sélection a suscité un véritable engouement des chercheurs et des entrepreneurs". "Ce sont près de 1.500 projets qui ont été déposés. Jamais il n'y a eu une telle émulation en France", a avancé Nicolas Sarkozy.
Il a en outre dit espérer que ces 35 milliards d'euros investis deviennent "60 à 65 mds grâce au cofinancements des entreprises et des collectivités locales". "Jamais dans son histoire, la France n'a fait un tel effort au profit de l'investissement", a-t-il répété.
La France au côté de la Grèce
Le chef de l'Etat a confirmé que le gouvernement et les banques françaises allaient proposer un nouveau plan pour la participation des créanciers privés de la Grèce au sauvetage du pays, et qu'il "espérait" qu'il serait adopté par l'Union européenne.
Nicolas Sarkozy a aussi fustigé la sortie de l'euro prônée par Marine Le Pen, une "folie" qui aboutirait, selon lui, à doubler ou tripler la dette.
La politique économique après 2012
"Ceux qui auront l'idée de revenir sur le non remplacement d'un (fonctionnaire) sur deux (partant à la retraite, NDLR), de revenir sur la réforme des retraites ou de refuser une règle d'or qui obligera tous les gouvernements à prévoir un budget en équilibre à terme, ce sera l'explosion de la dette, l'explosion des déficits et l'impossibilité de la France de se financer", a-t-il lancé, visant sans le nommer le Parti socialiste.
Un milliard d'euros pour le nucléaire du futur
Le chef de l'Etat a annoncé que la France allait consacrer "un milliard d'euros au programme nucléaire du futur", notamment de "4e génération" et renforcer "la recherche sur la sûreté" nucléaire, domaine dans lequel "la France a une avance reconnue" sur les autres pays.
"Nous avons la volonté d'investir encore dans la sûreté nucléaire", a insisté le chef de l'Etat, alors que plusieurs pays européens se détournent de cette industrie, notamment l'Allemagne. Il a par ailleurs jugé "curieuse" la proposition de ceux qui me demandent un moratoire sur le nucléaire.
Nicolas Sarkozy a d'autre part affirmé que la France investissait "massivement" dans les énergies renouvelables, précisant que, parmi les investissements financés par le grand emprunt, il y avait "1,350 milliard sur les énergies renouvelables et sur les procédés de production décarbonée".
Réflexion à la création d'un IHU sur le cancer
Le président a demandé lundi au gouvernement de "réfléchir" et de "faire des propositions" sur le financement d'un Institut hospitalo-universitaire (IHU) dont la recherche serait centrée sur le cancer.
Le 30 mars dernier, six projets ont été retenus dans le cadre de l'appel à projets du grand emprunt "IHU" par un jury international et seront financés à hauteur de 850 millions d'euros, mais aucun des six n'est centré sur le cancer, ce qui a fait l'objet depuis de nombreuses critiques.
Investissement, innovation et recherche
Au total cinq secteurs ont été retenus et crédités chacun d'une partie du pactole de 35 milliards d'euros dont 22 milliards levés sur les marchés et 13 issus du remboursement des prêts consentis aux banques en 2008.
Lundi, Nicolas Sarkozy a rappelé que sur les 35 milliards du grand emprunt, 22 sont prévus pour l'enseignement supérieur et la recherche.
Il a rappelé que 100 projets de "laboratoires d'excellence" (...) "répartis sur l'ensemble de la France" (dits Labex) avaient d'ores et déjà été sélectionnés et bénéficieront de trois milliards d'euros.
En outre, 52 "équipements d'excellence" (dits "Equipex") ont déjà été sélectionnés, ainsi que six Instituts de recherche et de technologies (IRT) et deux autres projets en la matière "sont à l'étude, en Bretagne et à Saclay", le campus envisagé dans le sud de la région parisienne.
Le président a encore rappelé que la première vague de sélection des "initiatives d'excellence", ces grands campus à vocation mondiale qui doivent recevoir au total 7,7 milliards d'euros sera désignée "début juillet". La pré-sélection de cette première vague comprend deux projets de campus parisiens ("Sorbonnes Universités et "Paris Sciences et Lettres") et cinq en province (Bordeaux, Grenoble, Lyon, Strasbourg et Toulouse).
Le projet de Saclay, pourtant très soutenu par le pouvoir, n'a pas été retenu dans la première vague, mais il y en aura une seconde.
Réactions à la conférence de presse
Le porte-parole du PS, Benoît Hamon: "Ce grand emprunt qui a des allures de plan de relance bis n'en est pas un du tout. Il aura un impact très faible sur l'amélioration de la situation économique dans notre pays".
Il a rappelé que le grand emprunt prévoyait effectivement 20 milliards d'euros pour l'enseignement supérieur et la recherche. Mais dans le même temps, la France aujourd'hui "consacre 2% de son PIB à l'effort de recherche alors que les standards" sont de "3%" chez les voisins européens. "L'année dernière, le CNRS a vu ses crédits réduits de 10%", a-t-il souligné.
Dans le même temps, Benoît Hamon a dénoncé "le mensonge 'sarkozyste' permanent qui consiste à stigmatiser le fait que la France connaît un déficit public depuis près de 30 ans". "Si la France connaît un déficit aussi important, c'est bien parce que depuis 2000, elle a consenti entre 100 et 120 milliards d'euros de baisses de recettes fiscales", a dit le porte-parole du PS, citant les travaux du rapporteur PS de la commission des Finances de l'Assemblée, Gilles Carrez.
De son côté, la présidente du FN, Marine Le Pen, a a jugé que l'argument d'un doublement ou triplement de la dette, "c'est pour faire peur aux gogos, pour tenter de ficher la trouille aux Français".
"C'est vrai que la dette augmenterait" dans une moindre mesure, a-t-elle concédé. "Mais en réalité, cette augmentation de la dette sera contrebalancée par l'extraordinaire avantage de la dévaluation de l'euro sur les exportations, sur la relance de l'économie et donc sur la baisse du chômage, et ça fera le plus grand bien à nos finances publiques, ce qui permettra de commencer à rembourser cette dette", a-t-elle soutenu.
Le FN affirme être en mesure de rembourser environ 80 % des 1650 milliards d'euros de la dette française d'ici 2025, s'il arrive aux affaires en 2012.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.