Nicolas Sarkozy estime que les accords de Schengen devraient être "révisés"
Le faux pas était interdit. A 42 jours du premier tour de la présidentielle, Nicolas Sarkozy a tenu sa grande réunion publique dimanche 11 mars, à Villepinte. Une intervention à forte tonalité européenne.
Villepinte, envoyée spéciale. A quelques heures du coup d'envoi du match France Angleterre, les membres de la majorité se sont succédés à la tribune pour dresser le portrait d'un adversaire socialiste "dépassé" face à un pack Sarkozyste moderne, visionnaire portant l'espérance d'une France forte dans une Europe forte.
Le tout dans une scénographie, classique mais maîtrisée, et devant quelque 55.000 sympathisants. Autant dire un petit Stade de France.
Prêcher des convaincus
Venus par route ou voies ferroviaires, les plus fidèles supporters du président sortant avaient pris leur précaution pour ne rien louper de cette "démonstration de force".
Sandwichs dans les sacs pour éviter le coup de mou, tee-shirts et drapeaux pour assurer le show. Car l'un des enjeux du jour était bien, au-delà des discours, d'imprimer dans les esprits et via médias interposés, la conviction d'une victoire à portée de main.
Dès lors, une seule voie : afficher une confiance sans faille. En la matière, Jean-François Copé excelle : "Je vais vous dire ma conviction profonde. Le 6 mai 2012, Les Français éliront Nicolas Sarkozy", a lancé le patron de l'UMP en fin de matinée.
Dans les gradins, les jeunes militants acquiescent. "Moi c'est un tout. Ce sont les idées de l'UMP représentées par Nicolas Sarkozy qui me plaisent", assure Amélie, lycéenne originaire des Yvelines venue avec ses amis pour assister à son premier meeting.
Ils n'auront pas été déçus. Quelques people présents - Gérard Depardieu, Christian Clavier, Enrico Macias - écrans géants, clips de campagne, drapeaux bleu blanc rouge à foison, décibels et Marseillaise. Ne manque rien. Reste le fond.
Le couplet contre la gauche laissé aux ténors de la majorité
Côté politique, les lieutenants ont assuré le réquisitoire anti PS avant l'intervention du président-candidat. Sans grande surprise mais efficacement, François Fillon, Jean-François Copé, Jean-Pierre Raffarin ont fait le job.
Tout comme les ralliés, récents ou plus anciens, à commencer par l'ancien socialiste et sénateur du Haut-Rhin Jean-Marie Bockel.
"Mes chers amis, François Hollande prend les français pour des gogos", a expliqué l'élu "Il n'a pas de crédibilité internationale car pas de crédibilité nationale". "Je suis un homme de gauche et pourtant, aujourd'hui avec mes amis, c'est dès le 1er tour que nous voterons pour Nicolas Sarkozy", a-t-il lancé.
Même angle de tir pour le centriste Hervé Morin : "François Hollande a tout changé. Il a maigri. Il a changé de lunettes, mis des costumes plus cintrés, mais pour les idées, il n'a rien changé". "La seule bonne chose de son programme c'est qu'il s'est arrêté à 60 mesures", a poursuivi l'ancien ministre de la défense avant de mettre en garde contre un vote aux "marchands d'illusion", citant pêle-mêle les Mélenchon, Le Pen, Poutou.
"Comment voulez-vous trouvez l'espérance avec les 35 heures ?", s'est demandée de son côté l'ancienne candidate du Parti chrétien démocrate, Christine Boutin, celle-là même qui menaçait de lâcher une bombe atomique. "Comment avoir confiance quand le candidat change d'avis suivant les publics qui sont devant lui ?, a-t-elle poursuivi sans sourciller.
"Nous sommes face à deux visions de la société et de l'Etat, deux visions de l'homme (…) Nicolas Sarkozy a choisi la France de la vie. Pour nous le choix est fait. C'est avec confiance que nous soutenons Nicolas Sarkozy", a conclu Mme Boutin.
La messe étant dite. Il ne restait plus au candidat Nicolas Sarkozy qu'à entrer en scène pour décliner sa vision d'une France forte qui s'est en l'occurrence accompagnée d'une nouvelle "mélodie" européenne.
Sarkozy : "Rendre à l'Europe la maîtrise de son avenir. Rendre à la France la maîtrise de son destin"
Concentré, sobre, énergique, Nicolas Sarkozy, après avoir fendu la foule, a entamé son discours en évoquant 2007, une séquence qui l'avait propulsé vers la victoire. "Je me souviens de ce mois de mai où les Français m'ont choisi comme président de la République. C'était il y a cinq ans. C'était hier. C'était il y a 5 minutes".
Aura-t-il convaincu tout au long de son discours de près d'une heure ponctué de "j'ai appris', " j'ai compris", assurant "avoir acquis la conviction que pour les cinq années qui viennent, le président de la République devrait rendre la parole au peuple quand celle-ci serait confisquée" ?
Quand il a affirmé avoir "tiré les leçons des réussites et des échecs", "être celui qui refusera toute dérive communautariste" ? Ou, plus inattendu, quand il a expliqué que : "Les accords de Schengen ne permettent plus de répondre à la gravité de la situation", qu"'ils doivent être révisés" et qu'"il faut un gouvernement politique de Schengen comme il y a désormais un gouvernement de la zone euro ?"
Probablement pour ce qui concerne les militants présents. "Je pense qu'il faut continuer son oeuvre. On est dans une bonne direction", assurait ainsi à l'issue du meeting, Martine une élue UMP d'Argenteuil, nullement habitée par le doute.
Et les sondages ? "Je crois que les appels sont ciblés. Moi, il ne m'appelle jamais. Et puis regardez tout ce monde aujourd'hui. Et j'ai plein d'amis qui n'ont pas pu venir", affirmait-elle.
Restent les indécis. Pour eux, l'image du bilan pèsera au moins tout autant que les discours, et ce quel que soit le curseur européen.
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