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Nicolas Sarkozy et Marseille : Je t'aime, moi non plus !

Pour la sixième fois en cinq ans, Nicolas Sarkozy se rend à Marseille. Il y tiendra un grand meeting cet après-midi alors que la ville a été tout à la fois laboratoire de sa politique et symbole de ses échecs. Décryptage.

Article rédigé par Salomé Legrand
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
(De G à D) Renaud Muselier, député UMP de Marseille, Nicolas Sarkozy et Jean-Claude Gaudin, maire de la ville, lors de la visite du chantier du Mucem sur le Vieux-Port, le 24 janvier 2012. (IAN HANNING / SIPA)

Pas moins de six visites en cinq ans. Théâtre du dernier meeting de Nicolas Sarkozy avant le 1er tour de 2007, Marseille accueille aussi, dimanche 19 février à 15h, son premier "vrai meeting d’envergure" pour 2012 - "à Annecy c’est une juste réunion publique", souffle un élu UMP du cru qui ne veut pas se laisser damer le pion. Le président-candidat affectionne particulièrement Marseille qui le lui rend… difficilement.

"Cinq ans d'échecs"

"On est surpris et stupéfaits qu’il choisisse Marseille", attaque d’emblée Jean-Daniel Ciot, premier secrétaire du PS des Bouches-du-Rhône qui lâche dans un sourire :"Je ne sais pas s’il vient constater cinq ans après ses échecs mais il y a matière". Sécurité, emploi, pouvoir d’achat, la cité phocéenne a souvent été prise en exemple par Nicolas Sarkozy, sans que les résultats soient flagrants.

Le gouvernement y a surtout mis l’accent sur la sécurité : valse des préfets et visites à répétition des ministres de l’Intérieur successifs. Dans l’hyper centre, où les effectifs policiers ont été concentrés, la délinquance dite "de proximité" est en baisse de 23% sur un an, dixit le préfet délégué à la sécurité Alain Gardère, fier de sa stratégie de "réappropriation de l’espace public". Les chiffres sont moins reluisants hors centre où les vols à main armés ont augmenté de 27,9% en 2011 par exemple.

Le bilan est dur aussi côté pouvoir d’achat : le salaire médian à Marseille est inférieur de 200 euros par rapport au reste du pays. Autre point noir, le chômage qui y atteint 13,5% de la population active, presque 4 points de plus que la moyenne nationale. "Mais on était à 23% en 1999", s’exclame Bruno Gilles, sénateur UMP de Marseille. Qui réfute aussi l’idée que Marseille ait été "un laboratoire de la politique sarkozyste".

"L'Etat n'a pas abandonné Marseille"

Pour l’élu, qui cite en vrac le Mucem (Musée des Civilisations d'Europe et de Méditerranée) , les neuf pôles de compétitivité de la région, ou encore le projet d’Institut hospitalo-universitaire, "l’Etat n’a pas abandonné Marseille". Il ne veut "pas additionner les millions", mais "c’est pas mal quand même". Et puis "les collectivités locales, de l'autre bord politique, ne tirent pas dans le même sens", assène-t-il.

En face, le verre est plutôt à moitié vide."Sur tous les grands aménagements l'Etat est défaillant", râle Jean-Daniel Ciot qui a sa propre énumération. Exemple, le tram pour lequel "les collectivités locales mettent plus d’argent que l’Etat". Pour lui, "les Marseillais en ont un peu marre de cette politique spectacle, il vient, il annonce et rien."

Des amis fidèles

Pourtant, Nicolas Sarkozy est sur que la salle du Parc Chanot sera bondée. Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, dernier édile de droite à la tête d’une grande ville a promis un accueil "du fond du cœur".

"Il a un lien fort avec Marseille", confirme l’UMP Bruno Gilles, "la première grande ville de France détenue par ses amis et une région où beaucoup de députés et sénateurs lui sont fidèles". "Il sait qu’il a des bons petits soldats près à remplir les salles", lance le socialiste. Pas contredit par le sénateur de droite : "Nicolas Sarkozy sait qu’on pourra mobiliser du monde, qu’on aura à cœur de lui faire un beau moment pour son lancement de campagne."

Seul autre point d’accord entre les deux bords : "Quelque soit le président élu en 2012, Marseille a encore besoin d’efforts."

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