Nicolas Sarkozy initie une fragile sortie de crise à l'UMP
Dixième jour de
feuilleton à l'UMP, et peut-être, enfin, un dénouement dans la guerre fratricide qui oppose François Fillon au président auto-proclamé de l'UMP, Jean-François Copé. Ou au moins un temps mort.
Le clan Copé cède du terrain
Même si l'accord est fragile, les
deux clans ont transigé sur l'essentiel : organiser une
consultation des militants pour savoir si, oui ou non, une nouvelle élection
devait être organisée pour choisir qui des deux présidera le parti.
En somme, une petite victoire pour un François Fillon déjà humilié par l'engouement tout relatif qu'a, contre toute attente, suscité sa candidature lors du vote interne. Et une reculade de Jean-François Copé, lequel, bon gré mal gré, a finalement cédé à la pression en consentant à créer les conditions théoriques pour que soit organisé un nouveau vote. Et donc à autoriser qu'il soit permis de penser que peut-être, finalement, n'avait-il pas la légitimité dont il s'était paré pendant une longue semaine de crise.
Nicolas Sarkozy à la
rescousse
Avant ce développement, obtenu à l'issue d'une
rencontre entre les deux rivaux organisée à l'initiative de Nicolas Sarkozy,
excédé au lendemain d'une première entrevue avec ces derniers par le tour que prenait l'affaire, les fillonistes annonçaient mardi matin la création d'un nouveau groupe parlementaire, distinct de
celui présidé par le copéiste Christian Jacob. Un "chantage" ,
pour les copéistes, qui exigent dans la foulée de François Fillon qu'il renonce à cette
initiative, susceptible de signer le morcellement de la machine de guerre qui
avait propulsé Nicolas Sarkozy au pouvoir.
Tout, sauf une scission
Encore fallait-il lâcher
du lest, face à un clan Fillon déterminé à prendre le large. Passé le
temps des menaces, vint celui de la négociation. Et celui, donc, de la proposition de
Jean-François Copé d'organiser un référendum. Un "deal" probablement
instigué par Nicolas Sarkozy : c'est au moins ce qu'affirment les proches
de François Fillon, certains que pour l'ancien président de la République,
"tout est préférable à une scission" .
Sur le principe,
François Fillon accepte le principe du référendum, mais a entendu l'assortir de
conditions, déclinées dans une lettre envoyée à Jean-François Copé dans la soirée. Parmi elles, notamment, "des garanties strictes d'impartialité ",
comme la supervision de l'élection par une instance indépendante, ou... la mise en place d'une "direction collégiale " à l'UMP.
"Durant toute la durée des opérations de vote "...
68 députés pro-Fillon
rejoignent Rassemblement UMP
C'est là que, déjà, le bât
blesse : Jean-François Copé a d'ores et déjà prévenu qu'il resterait à la
tête de l'UMP jusqu'au scrutin si les militants appelaient à un nouveau vote
pour la présidence du parti... Les braises qui couvaient sous la cendre pouvaient
à nouveau rougir : s'ils ne menacent plus, comme la veille, directement le clan Copé de poursuites judiciaires, les fillonistes refusent catégoriquement cette position. En dénonçant, par exemple, comme ils l'avaient fait lors de la campagne interne, la
double casquette de Jean-François Copé, à la fois candidat et
secrétaire général du parti.
En arguant qu'une telle position lui permettait
d'avoir la main sur l'appareil et ses moyens, et donc de profiter d'une situation largement plus confortable que celle dans laquelle se trouve (et se trouverait à nouveau) François Fillon. Alors, pour maintenir la
pression, les fillonistes déposaient dans la soirée les statuts de leur groupe dissident
à l'Assemblée, baptisé Rassemblement-UMP, composé de 68 députés fillonistes sur
les 194 députés que compte l'UMP.
A tout prix, ne pas
perdre la face
Maintenant placés face à
face sous l'œil agacé de Nicolas Sarkozy et celui, lassé, des militants, la solution d'un
référendum préalable pourrait permettre à chacun des deux rivaux de ne pas
perdre la face. Ou au moins de sortir de la crise "par le haut ",
comme l'espérait mardi le député filloniste Jean Leonetti dans les couloirs de
l'Assemblée. Sauf si, d'aventure, l'un ou l'autre ouvrait une autre brèche, ailleurs. Sauf si le vote avait bien lieu, mais qu'il rencontrait les mêmes écueils...
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