Nicolas Sarkozy s'apprête à mener bataille avec quelques munitions
Si la présidentielle avait lieu demain, le probable candidat, Nicolas Sarkozy, serait battu disent tous les sondages. Mais le premier tour est prévu le 22 avril, dans 74 jours. Et 74 jours en politique, c'est long. Assez pour lancer une dynamique.
Avec 25 % à 27% d'intentions de vote et une impopularité record (plus de 60% d'opinion négative), les chances de victoire du presque candidat, Nicolas Sarkozy, sont très faibles.
Sauf que les sondages ne sont qu'une "photographie" à un temps t et que la politique n'est pas une science exacte.
Et si les handicaps du chef de l'Etat sortant sont patents (bilan contesté, indicateurs économiques dans le rouge, personnalité controversée, etc.), ils éclipsent, dans le même temps, ses ressources. A commencer par une "confiance sans faille".
Intox ? Possible. A moins que le président candidat n'ait fait sienne la devise de feu Winston Churchill : “Agissez comme s'il était impossible d'échouer".
L'entrée en campagne pour enclencher la dynamique
C'est un secret de Polichinelle. Nicolas Sarkozy sera candidat à l'élection présidentielle. Faut-il en conclure pour autant que l'annonce de sa candidature ne changera rien ?
Pas si vite. En théorie, l'entrée en campagne sonne comme un appel à la mobilisation. Dans l'entourage du président, on s'interroge ainsi sur la meilleure scénographie possible pour capitaliser sur l'événement et sur le calendrier.
Plusieurs dates circulent : mi février, début mars. Seule certitude, "ça approche", comme l'a rappelé, mercredi 7 février, l'ancien ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, qui dirige aujourd'hui la "cellule riposte" de l'UMP.
Sur la forme, et compte tenu, de son retard dans les sondages, le pari d'une démonstration de force, lors d'un grand meeting, pourrait être privilégié. Objectif : marquer les esprits et ouvrir une "nouvelle séquence".
Depuis des semaines, les membres de la majorité sont déstabilisés : doute pour les uns, envie d'en découdre pour les autres. Une annonce en fanfare pourrait donc agir comme une puissante pompe à frustrations, tout en dopant les militants.
Et pour peu qu'elle fasse frémir les sondages : +1%, +2%, +3%…etc. et c'est le doute qui changerait de camp.
Une campagne "blitzkrieg" avec le lieutenant Fillon
S'il veut avoir une chance d'inverser la tendance, Nicolas Sarkozy doit surprendre. D'où l'hypothèse d'une campagne resserrée, ponctuée de meetings et d'annonces fortes pour fédérer des électorats déstabilisés.
Son bilan ? Assumé et défendu par le premier ministre, François Fillon, alors que le président se centrera sur les questions internationales, les grands thèmes régaliens et tentera de faire bouger les lignes en matière sociétale.
Outre la répartition des rôles, le soutien de M. Fillon comptera à plus d'un titre.
Au-delà d'une meilleure popularité que M. Sarkozy, l'image du chef du gouvernement contrebalance celle du président du "moi-moi, sans sur-moi", comme l'ont qualifié certains commentateurs.
Au premier, l'image d'un homme sérieux, maîtrisé, rigoureux, austère même diront certains ; au second, celle du bling-bling, de l'hypernarcissisme, de l'inconstance, de l'outrance (cf. Cass'toi pauvre con), de l'ingérence (cf. l'épisode lié à son fils et l'Etablissement public de La Défense), sans oublier l'étiquette de "président des riches" qui, quoi qu'il fasse, lui colle désormais à la peau.
Enfin, M. Fillon est apprécié dans l'électorat du centre droit. Une qualité qui pourrait s'avérer décisive dans la perspective de l'entre deux tours.
Le ticket franco-allemand
Leur relation n'avait pas très bien commencé. Elle s'est depuis nettement améliorée. Période électorale oblige, Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande, Angela Merkel, ne se quittent plus. Ils avancent, main dans la main, titrait même Le Figaro le 5 février.
Outre les sommets à Bruxelles, les deux dirigeants pratiquent désormais l'entretien commun, comme le 28 janvier sur France 2 et la chaîne publique allemande, ZDF.
Une manière pour le président français de valoriser son action sur le plan européen, plus souvent salué que son bilan français, et de prendre appui sur son voisin d'outre-Rhin. Une stratégie à double tranchant, font valoir plusieurs membres de la majorité, mais qui a ses raisons.
82% des Français ont une image positive de l'Allemagne, selon un récent sondage de l'Ifop. Nicolas Sarkozy le sait. Ce n'est pas un hasard s'il y a fait référence une quinzaine de fois, lors de son intervention télévisée du 29 janvier.
La scène internationale
Au-delà de l'Allemagne, la scène internationale pourrait aussi servir de tremplin à Nicolas Sarkozy. D'abord, et parce que quoi qu'en disent ses détracteurs, il y a enregistré des succès.
Ensuite, parce qu'il reste, aux yeux des Français, le candidat le plus crédible pour assumer des fonctions régaliennes. Dans un sondage Fiducial pour Le Figaro, et LCI publié le 1er février, le président sortant est jugé "plus à même" que son rival socialiste de diriger le pays, le réformer et réduire sa dette.
Enfin, parce qu'en période de crise, et celle de la zone euro est loin d'être close, la posture du "capitaine aux commandes" pèsera face à "l'inexpérience" du candidat "pédalo".
Cette image du "président courage", Nicolas Sarkozy entend d'ailleurs bien la jouer à fond. Il a commencé en annonçant des mesures impopulaires comme la TVA sociale. Une façon paradoxale et risquée de restaurer sa crédibilité, largement entamée.
"Mais le pire risque, c'est celui de ne pas en prendre", une autre devise signée elle, Nicolas Sarkozy.
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