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Départementales : dans les Hauts-de-Seine, où est passée la galaxie Sarkozy ?

Jean Sarkozy et la fidèle Isabelle Balkany ne se représentent pas aux départementales. Depuis plusieurs années, l'influence de Nicolas Sarkozy dans son fief semble s'estomper.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Nicolas Sarkozy lors d'une cérémonie de commémoration, le 7 mai 2009, à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). (BENOIT TESSIER / AFP)

Les joutes politiques dans les Hauts-de-Seine réservent d'ordinaire leur lot de surprises et de coups tordus. Mais depuis que Nicolas Sarkozy n'y règne plus en maître absolu, le petit département de l'ouest parisien semble avoir retrouvé un peu de sérénité. Après des municipales 2008 et des cantonales 2011 qui ont viré au psychodrame interne à droite, le "9-2" ne fait guère parler de lui à l'occasion des élections départementales.

Si l'UMP est assurée de sortir gagnante du scrutin, et même d'accroître sa domination dans le département, les stars du sarkozysme triomphant ont perdu de leur superbe. A Levallois-Perret, Isabelle Balkany, intime de l'ancien chef de l'Etat, a renoncé à tenter un come-back dans l'assemblée départementale. Elle a été battue en 2011 dans un canton réputé "imperdable", et un retour aurait été difficilement envisageable alors qu'elle se trouve, avec son époux Patrick Balkany, cernée par les affaires.

Des revers en cascade depuis 2008

Autre renoncement spectaculaire : celui de Jean Sarkozy. Le jeune conseiller général sortant de Neuilly-sur-Seine ne repart pas au combat. Faute de trouver un terrain d'entente avec le maire UDI de la ville, Jean-Christophe Fromantin, qui a imposé son propre binôme de candidats, Jean Sarkozy a dû renoncer à se présenter. Officiellement pour ne pas créer de désordre à droite. "Imaginez un peu le fils de Nicolas Sarkozy se présenter à Neuilly contre le ticket soutenu par Fromantin. Vous seriez tous là, caméra au poing, à vous délecter de la situation", commente un conseiller général sortant. En plus de faire retomber le département dans ses vieilles querelles, l'aventure aurait été risquée pour Jean Sarkozy, pas sûr du tout d'être réélu face aux représentants d'une équipe municipale triomphalement réélue en 2014.

Il était hors de question, pour l'UMP, de revivre la campagne municipale catastrophique de 2008 à Neuilly, lorsque la candidature de David Martinon, imposée par l'Elysée, avait dû être retirée à la hâte devant le rejet des militants UMP locaux. Jean Sarkozy avait alors trouvé son salut aux cantonales, la même année, en décrochant un siège au conseil général, avant que sa nomination à la tête de l'Epad, établissement qui gère le quartier d'affaires de la Défense, ne provoque un tollé en 2010.

Nouvel épisode en 2011 : à l'occasion des cantonales, les partisans du chef de l'Etat tentent de déloger Patrick Devedjian, tombé en disgrâce, de la présidence du conseil général. Peine perdue : la défaite retentissante d'Isabelle Balkany et celles de plusieurs autres candidats UMP face à des "divers droite" confortent finalement le président du département. Le coup de grâce survient aux législatives de 2012 à Boulogne-Billancourt, avec le parachutage raté de Claude Guéant, battu par le dissident Thierry Solère.

Le camp Sarkozy obligé de s'ouvrir au reste de la droite

En 2015, que reste-t-il de la galaxie Sarkozy dans les Hauts-de-Seine ? "Le 92 est moins sous la coupe de Nicolas Sarkozy", observe le candidat divers droite dans le canton de Levallois, Arnaud de Courson. Face à ce fervent détracteur du système Balkany, l'UMP a investi un drôle de tandem : la conseillère générale sortante Sylvie Ramond, adjointe de Patrick Balkany à la mairie, fait équipe avec Loïc Leprince-Ringuet, un divers droite jusque-là opposé à Balkany. Preuve que même à Levallois, les proches de Sarkozy sont obligés de composer avec le reste de la droite.

Dans les Hauts-de-Seine, comme ailleurs, le nouveau mode de scrutin imposant des binômes homme-femme dans des cantons redécoupés favorise également l'émergence de nouvelles personnalités qui ne se sentent pas forcément liées à l'ancienne figure du département.

Nicolas Sarkozy a d'autres préoccupations

A en croire Roger Karoutchi, secrétaire départemental de la fédération UMP des Hauts-de-Seine, Nicolas Sarkozy ne se préoccupe plus tellement de la tambouille politicienne dans son département. "A aucun moment pendant cette campagne il ne m'a appelé pour me dire qu'il fallait mettre un candidat plutôt qu'un autre dans tel ou tel canton", assure-t-il. L'ex-président n'a d'ailleurs pas jugé nécessaire de venir faire campagne dans les Hauts-de-Seine à l'occasion de ces élections départementales.

Revenu à la présidence de l'UMP, Nicolas Sarkozy n'a pas cherché à asseoir sa légitimité sur son ancien fief. S'il semble avoir désormais des préoccupations autrement plus importantes – l'échéance présidentielle de 2017 –, la question de son image auprès des électeurs reste posée. Roger Karoutchi se veut rassurant : "Il reste une référence dans le département. Si demain vous organisez un vote sur le nom de Nicolas Sarkozy, il fera 70% !" C'est à peu de chose près le score obtenu au niveau national lors de son élection à la tête de l'UMP (64,5%) face à Bruno Le Maire et Hervé Mariton, à l'automne 2014. Nul ne sait comment les Hauts-de-Seine avaient alors voté, la Haute Autorité de l'UMP refusant de détailler les résultats par département. Réponse à l'occasion de la primaire 2016 ?

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