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#NSDIRECT : comment Nicolas Sarkozy a tenté d'adopter les codes de Twitter

Durant son opération de communication sur le réseau social, le président de l'UMP a abordé des sujets sérieux et polémiques tout en se pliant à la contrainte du média. 

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, en meeting le 22 avril 2015, à Nice (Alpes-Maritimes) (JEAN-CHRISTOPHE MAGNENET / AFP)

Nicolas Sarkozy a rencontré les internautes sur leur terrain. En lançant le hashtag #NSDIRECT, l'ancien président de la République a invité les Français à lui poser des questions via Twitter, vendredi 15 mai. L'opération de communication, risquée en raison de l'impossibilité de maîtriser les commentaires et les interrogations gênantes, a convaincu le président de l'UMP, prêt à remettre cela à l'avenir, mais pas toujours les "twittos", souvent déçus de ne pas obtenir réponse à leurs questions.

Les réseaux sociaux étant sans conteste des lieux de débat, Nicolas Sarkozy en a appris les codes, des codes à double tranchant. 

Un traitement parfois superficiel des questions de fond

Interrogé sur l'intervention de la France qu'il a lui-même décidée, en 2011, Nicolas Sarkozy donne quelques réponses.

Mais difficile de traiter de sujets aussi complexes en 140 signes. Du coup, les réponses, lapidaires, laissent une impression d'inachevé sur certaines thématiques. A un internaute qui lui demande s'il s'inquiète du référendum sur un éventuel départ du Royaume-Uni de l'Union européenne, il assure que ce serait "un grand danger", avant de promettre : "Il va falloir trouver une solution. Il y a des pistes, j'y travaille". 

Même sentiment lorsque l'ancien chef de l'Etat aborde le sujet brûlant de la laïcité : "c'est la reconnaissance pour chacun de vivre sa religion", se contente-t-il de définir. Interrogé sur les propos très polémiques d'un maire UMP ayant suggéré d'interdire l'islam, il "condamne", "même si la laïcité, c'est aussi fixer des limites. Droit et limites, cela va ensemble".

L'utilisation d'un ton décontracté pour jouer la proximité

Dans ces échanges, l'ancien président a à cœur de donner une image de monsieur Tout-le-monde. Un ancien président, certes, mais aussi un père de famille, qui "deale" avec son fils adolescent (adepte de Twitter bien connu pour ses prises de bec avec le fils de Valérie Trierweiler) l'obtention d'une "télé plus grande" dans sa chambre.

Souvent, il emploie un ton décontracté, tutoyant volontiers ses interlocuteurs lorsqu'il s'agit de questions traitant de sujets plus "légers", tels que ses goûts en matière de littérature ("Si tu es sentimental je te conseille les 'Cerfs-volants' de R. Gary") ou de télévision. Comme ici, à un internaute qui lui demande s'il accepterait une invitation dans l'émission de Cyril Hanouna, sur Direct 8.

Même discussion "à la cool", avec les internautes lorsque ces derniers évoquent le PSG, que supporte l'ancien président de la République. "Pourquoi, tu doutes", répond-il, familier, à un internaute qui lui demande s'il croit en une victoire "un jour" du Paris-Saint-Germain en Ligue des champions. 

"Merci de faire le nécessaire pour que Pogba signe au PSG", réclame un autre. "Je partage ton avis, il va falloir qu'on se cotise !", répond le président de l'UMP. Et les détracteurs de Nicolas Sarkozy de rétorquer aussitôt : "C'est à dire, un Pogbathon, à l'image du Sarkothon d'il y a deux ans" et "Pourquoi ne pas demander aux militants ?", enchaînent Benjamin et Yoda des bois

Le partage des valeurs chéries par les internautes

En dépit de la réappropriation de ce hashtag par ses détracteurs, Nicolas Sarkozy a, à plusieurs reprises, rappelé la pertinence des réseaux sociaux. Dans un tweet d'abord, il assure que ces plateformes "ont pris leur place", avant d'ajouter : "vouloir s'y opposer, c'est avoir l'ambition de vider la Méditerranée avec une toute petite cuillère à café. Bon courage !"

A la question du site Buzzfeed, qui lui demande, à grand renfort d'émojis (des smileys, ici à l'effigie d'animaux), s'il est plutôt chien ou chat, il répond en reprenant cette pratique. Quitte à s'attirer les foudres de certains, estimant dans les réponses que les émojis ne font pas très sérieux de la part d'un candidat à la présidence de la République, comme ici, ou encore

Enfin, il conclut cet échange par une vidéo dans laquelle il promet de retenter "plusieurs fois dans l'année" ce type d'opération, "puisque cela a bien marché."

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