Obsèques nationales pour Aimé Césaire
C'est toute la Martinique qui rend hommage, pendant trois jours, à Aimé Césaire. La veillée funéraire familiale a commencé hier soir, cet après-midi sa dépouille mortelle circulera à travers la ville de Fort-de-France, et un grand rassemblement est prévu au stade Dillon où une grande veillée populaire devrait durer jusqu'à dimanche matin. (voir les reportages de Hélène Roussel et les photos de Jean-Marie Porcher)
Le président Nicolas Sarkozy, ainsi que la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie et les secrétaires d'Etat Yves Jego (Outre-mer) et Alain Joyandet (Francophonie) ont annoncé qu'ils seraient présents pour l'inhumation prévue dimanche en fin de journée au cimetière Joyaux de Fort-de-France. Le président risque d'être accueilli fraîchement en Martinique à cause des relations chaotiques qu'il entretanait avec Aimé Césaire. Le militant anti-colonialiste n'appréciait guère les positions de l'ancien ministre de l'Intérieur sur la présence française outre-mer. Il avait même refusé en 2005 de rencontrer Nicolas Sarkozy à cause de la loi de février 2005, dont un article mentionnait "le rôle positif de la présence française outre-mer".
Césaire au Panthéon ?
Ségolène Royal assistera elle aussi aux obsèques et aux veillées funéraires dès aujourd'hui. L'ancienne candidate socialiste à la présidentielle a exprimé hier l'idée de transférer le corps du "chantre de la négritude" au Panthéon, la nécropole républicaine de "la patrie reconnaissante" pour "ses grands hommes". Plusieurs autres voix du monde politique se sont aussi élevées pour demander la panthéonisation d'Aimé Césaire. La ministre de la Culture Christine Albanel a indiqué que le poète "aurait certainement sa place au Panthéon, qui rend hommage aux grands hommes qui ont servi notre patrie".
Le député socialiste de Guadeloupe Victorin Lurel a pour sa part souhaité dans un communiqué "que le chef de l'Etat Nicolas Sarkozy, propose l'entrée du 'nègre fondamental' au Panthéon des grands hommes de la République... en hommage à sa contribution colossale à la défense des valeurs universelles de liberté, d'égalité et de fraternité et à sa lutte inlassable contre toutes les oppressions".
Cet avis n'est pas vraiment partagé par le secrétaire d'Etat à l'Outremer, Yves Jégo, qui estime que “le plus beau des Panthéons c'est son île de la Martinique”.
Quoi qu'il en soit, le dernier mot reviendra au président de la République. C'est à lui que revient de prendre ou non la décision.
En attendant, c'est le peuple martiniquais qui accompagnera et veillera pendant trois jours "Papa Césaire", le surnom de celui qui fut maire de Fort-de-France (1945-2001), et député (1945-1993) pendant une durée inégalée au Palais Bourbon.
Anne Jocteur Monrozier
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