"C'est une ligne rouge" : en évoquant une hausse d'impôts, Michel Barnier fait frémir une partie de la classe politique

Le Premier ministre ne s'interdit pas d'augmenter les impôts, confirme mardi l'entourage de Michel Barnier. Les oppositions y sont réfractaires.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le Premier ministre Michel Barnier, le 7 septembre 2024. (OLIVIER CORSAN / MAXPPP)

Michel Barnier réfléchit à augmenter les impôts. Alors que la situation budgétaire est mauvaise, le Premier ministre a dit qu'il ne serait pas contre aller dans le sens d'une "plus grande justice fiscale", assure son entourage.

Après sept années de baisses d'impôts, le nouveau Premier ministre a donc fait frémis certains de ses interlocuteurs en vue de la formation du gouvernement au nom d'une situation budgétaire étouffante... mais au risque de se priver de soutiens dans sa propre famille politique.  

Un premier ministre de droite qui envisage d'augmenter les impôts : très mauvaise idée, assure Véronique Louvagie, députée de la Droite républicaine - ex LR : "Nous avons, aujourd'hui, le niveau des impôts et des cotisations le plus élevé d'Europe. Je rappelle que ces cotisations pèsent sur les ménages et sur les entreprises."

Embarras perceptible dans le camp présidentiel : l'ex-Premier ministre, Gabriel Attal, désormais chef des députés macronistes, demande à son successeur une clarification de "sa ligne politique" notamment sur d'éventuelles hausses d'impôts.

"De quelle hausse d'impôts parlons-nous ?"

Emmanuel Macron en avait fait une de ses marques de fabrique, revendiquant 50 milliards d'euros de baisses d'impôts depuis 2017 pour les entreprises (l'impôt sur les sociétés a, par exemple, été baissé de 33,3% à 25%) ou les ménages (suppression de la taxe d'habitation, transformation de l'impôt sur la fortune ou prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital). Mais face à un déficit public qui pourrait se creuser, le nouveau Premier ministre fait donc face à une délicate équation budgétaire. 

"Nous n'avons qu'une vocation, qu'une volonté, c'est que le gouvernement de Michel Barnier puisse réussir pour la France. Mais pour réussir il faut savoir sur quelle ligne claire, sur quelles lignes rouges nous pourrons nous engager", a précisé mardi 17 septembre Prisca Thevenot, députée Ensemble pour la République des Hauts-de-Seine, invitée sur franceinfo.  Sur les hausses d'impôts "il y a encore des questionnements", confie-t-elle, précisant que "nous avons besoin d'éclaircissements". "Il y a eu des discussions, mais des questions restent en suspens" sur la direction que prendra le Premier ministre Michel Barnier. 

Attendez-vous de Michel Barnier qu'il renonce à toute hausse d'impôts, y compris pour les plus riches ? A cette question Prisca Thevenot répond en n'en formulant une autre : "De quelle hausse d'impôts parlons-nous ? Est-ce qu'il faut venir lutter contre les effets de rente ? Sur ça nous sommes d'accord, mais quand j'entends parler de lever des impôts supplémentaires sur les plus aisés. Qui sont-ils ?", s'interroge la députée des Hauts-de-Seine. 

"Il y a une pression fiscale qui est déjà très importante sur l'ensemble des ménages français, je ne suis pas convaincue que ce soit une solution"

Prisca Thévenot, députée Ensemble pour la République des Hauts-de-Seine

sur franceinfo

En revanche, elle estime "qu'on peut taxer les super profits".  

Même frilosité chez Horizons, les troupes d'Edouard Philippe. Mais Laurent Marcangelli, le patron du groupe à l'Assemblée ne veut pas se voiler la face : "Nous savons par ailleurs que la France est en procédure de déficit excessif. Nous avons de grandes difficultés pour envisager notre loi de finances. Il ne faut pas rentrer dans un état d'esprit qui serait celui de dire : 'On ne doit discuter de rien'". Tout se discute, sauf des hausses d'impôts pour la classe moyenne, dit Laurent Marcangelli.

Pareil pour le Rassemblement national, prévient le député Sébastien Chenu : "Nous redisons à Michel Barnier que c'est une ligne rouge que celle de l'augmentation de la fiscalité et des impôts pour les foyers français." Une ligne rouge à ne pas franchir martèle Sébastien Chenu, sinon le Rassemblement national déposera une motion de censure.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.