"Chaque famille politique a le droit à sa représentation" : la stratégie du cordon sanitaire face au RN à l'Assemblée divise les députés

Certains députés, notamment de la droite, s'interrogent sur le bien-fondé de faire barrage au Rassemblement national pour les postes clés au sein du Palais-Bourbon.
Article rédigé par franceinfo
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L'Assemblée nationale, le 1er juillet 2024. (BERTRAND GUAY / AFP)

Aucun poste clé à l'Assemblée nationale pour le Rassemblement national et encore moins à la présidence, le "perchoir". Une position défendue par Ensemble pour la République, ex-Renaissance, désormais présidé par Gabriel Attal mais également par la gauche. Une position scandaleuse juge le RN. "Qu'est devenue notre démocratie où l'on essaie d'empêcher l'opposition d'avoir des responsabilités à l'Assemblée", proteste Marine Le Pen, présidente du groupe RN.

Les esprits s'échauffent autour de cette consigne. Le député Les Républicains des Alpes-Maritimes Eric Ciotti qui a rejoint le Rassemblement national contre l'avis d'une grande partie de son camp lors des législatives estime que Gabriel Attal ne respecte pas les Français. "C'est extrêmement choquant, s'insurge Eric Ciotti. C'est une atteinte à la démocratie."

"Il y a une tradition dans cette maison, c'est que tous les groupes soient soit représentés pour occuper des responsabilités. Si cette démarche devait aboutir, ça serait une 'combinazione' qui quelque part mettrait de côté 11 millions de Français."

Éric Ciotti, président groupe à l'Assemblée A Droite!

à franceinfo

Près de 11 millions d'électeurs ont voté Rassemblement national et ses alliés lors des législatives. "On aurait préféré que le RN ne fasse pas un tel score mais il faut aussi le respecter", explique François-Xavier Ceccoli, député corse du parti Droite Républicaine. "Je considère qu'aujourd'hui, les électeurs expriment des choix et que ces choix se traduisent par une représentation dans l'Assemblée nationale et qu'à ce titre, chaque famille politique a le droit à sa représentation. Ensuite, de quel niveau et jusqu'où ? C'est un débat qui peut avoir lieu. Mais aujourd'hui, dire que les députés eux-mêmes font un barrage au vote républicain, ça me paraît quand même relativement dangereux."

'"J'assume parfaitement de ne pas voter pour des députés du RN"

Lorsque l'on pose la question à Hervé Berville, le député macroniste des Côtes-d'Armor et secrétaire d'État chargé de la Mer semble surpris. Il n'y a rien d'antidémocratique selon lui : "C'est de la responsabilité des électeurs de voter. Et c'est le devoir de la République que d'avoir des élus qui soient là. Mais ensuite, moi, il m'appartient de voter et quand je vote, je le fais en conscience et donc j'assume parfaitement de ne pas favoriser et de ne pas voter pour des députés du Rassemblement national."

Une ligne officielle qui ne fait pas l'unanimité au sein du groupe, qui va à l'encontre du vote des électeurs confie l'un de ces membres. Un barrage républicain dénoncé aussi par d'anciens alliés de l'ex-majorité comme le parti Horizon d'Edouard Philippe. "J'en appelle au retour à la raison. Tout le monde devrait être représenté si son poids politique justifie qu'il le soit", explique le député de l'Indre François Jolivet.

Coté MoDem il y a un entre-deux, ils sont d'accord pour ouvrir les vice-présidences mais pas question de soutenir le RN ou LFI à la tête des commissions - la fonction donne trop de poids politique aux partis explique un conseillé.

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