Mobilisation contre l'extrême droite : la CGT "appelle à un sursaut populaire face à une démocratie en danger"

La CGT, la CFDT, l'UNSA, FSU et Solidaires appellent à manifester ce week-end.
Article rédigé par franceinfo
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La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, le 11 juin 2024 sur France Inter. (FRANCE INTER / RADIO FRANCE)

La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, "appelle à un sursaut populaire", mardi 11 juin sur France Inter. Son syndicat et quatre autres (CFDT, UNSA, FSU et Solidaires) appellent à manifester ce week-end face au risque d'une victoire de l'extrême droite aux élections législatives anticipées du 30 juin et 7 juillet. "Notre République et notre démocratie sont en danger", a alerté l'intersyndicale dans un communiqué.

"Il faut le maximum de personnes" dans les rues. "J'appelle toutes les personnes, pour qui le climat est anxiogène et qui sont inquiètes pour l'avenir du pays, à venir manifester ce week-end", insiste Sophie Binet sur France Inter. "Ça sert toujours de manifester", assure la secrétaire générale de la CGT. "C'est parce qu'il y a eu de grandes mobilisations en Allemagne que l'extrême droite allemande a reculé dans les urnes. C'est parce qu'il y a eu de très grandes mobilisations en Espagne avec une unité syndicale que l'extrême droite n'est pas arrivée au pouvoir et qu'au contraire, c'est le gouvernement le plus à gauche d'Europe", développe-t-elle.

Sophie Binet rappelle que la CGT a appelé dès lundi à un "front populaire", car "le contexte nous ramène à celui des années 1930 où, pour empêcher que le scénario allemand – à savoir l'arrivée d'Hitler au pouvoir – se produise en France, la CGT avait appelé à un front populaire". Puis, "grâce à l'unité des forces de gauche, on a eu une des plus grandes séquences de conquêtes sociales du pays", souligne-t-elle sur France Inter.

"Il n'y a pas pire ennemi pour le monde du travail que l'extrême droite"

En mars dernier, pour les 80 ans du programme du Conseil national de la Résistance, Sophie Binet a signé une préface de la réédition des Jours heureux. Elle écrivait : "L'extrême droite n'a jamais été aussi proche du pouvoir. Il est minuit moins le quart". Désormais, elle estime qu'il est "minuit moins cinq". La leader de la CGT écrivait "ça en pensant qu'on se situait à l'échelle 2027" puisque "personne n'avait imaginé que ça pourrait être une perspective pour dans trois semaines". Elle estime que la "décision du président de la République de dissoudre l'Assemblée nationale dans ces conditions est totalement irresponsable", car "organiser des élections législatives en moins de trois semaines et à la veille des Jeux olympiques, c'est extrêmement dangereux". Selon elle, Emmanuel Macron "restera le président du chaos".

D'autant plus, ajoute-t-elle, qu'"on est dans cette situation parce que le Rassemblement national prospère sur les cendres laissées derrière elle par les politiques néo-libérales". Alors que le vote RN se répand dans toutes les catégories sociales, la CGT a "décidé de multiplier les temps de débat avec les salariés et de donner des éléments factuels". Sophie Binet répète qu'il "n'y a pas pire ennemi pour le monde du travail que l'extrême droite" parce que "le Rassemblement national défend la suppression des cotisations sociales et donc la fin de notre modèle de Sécurité sociale : chômage, retraite ou assurance-maladie, par exemple". Au Parlement, le RN "a toujours voté contre les avancées pour le droit du travail".

Laurent Berger Premier ministre, "une idée sortie du chapeau"

Toutefois, trois syndicats FO, la CFE-CGC et la CFTC n'appellent pas à manifester ce week-end contre l'extrême droite. "Ce n'est pas une surprise parce que nous avons des cultures et des histoires syndicales différentes", réagit Sophie Binet. Elle souligne qu'en 2002, après la qualification du candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen, au second tour de l'élection présidentielle, "ce sont à peu près les mêmes qui n'avaient pas appelé à manifester". Mais elle tient à dire que mardi après-midi les huit syndicats seront "ensemble à faire une conférence de presse" pour "un scandale", un "hold-up scandaleux" sur la question de l'assurance-chômage. Le gouvernement "qui ose dissoudre l'Assemblée nationale, annonce mettre en œuvre, de façon très autoritaire, la réforme par décret alors qu'il n'y a plus de contrôle démocratique par le Parlement", dénonce-t-elle.

Sur un autre sujet, Sophie Binet n'est pas convaincue par la proposition de Raphaël Glucksmann. La tête de liste PS-Place publique, qui a obtenu 13,8% aux Européennes, a proposé que l'ex-secrétaire général de la CFDT Laurent Berger devienne Premier ministre en cas de victoire de la gauche aux législatives des 30 juin et 7 juillet. "Ça ressemble vraiment être une idée sortie du chapeau. Ça ne répond pas aux besoins du moment. Le besoin du moment, c'est de répondre aux aspirations du monde du travail", commente la patronne de la CGT. 

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