Succès en 1962 ou 1981, échec en 1997 : la dissolution de l'Assemblée nationale, une arme à double tranchant

La dissolution de l'Assemblée nationale a été décidée cinq fois sous la Ve République. Parfois avec succès mais aussi avec une cohabitation à la clé, sous le mandat de Jacques Chirac.
Article rédigé par Agathe Lambret
Radio France
Publié
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L'hémicycle de l'Assemblée nationale, le 7 octobre 2019. (CHRISTOPHE MORIN / MAXPPP)

Emmanuel Macron a annoncé, dimanche 9 juin à l'issue des élections européennes, la dissolution de l'Assemblée nationale. Avant lui, cette prérogative présidentielle, a été utilisée cinq fois sous la Ve République. Elle ne l'a pas été pour les mêmes raisons et pas avec les mêmes effets.

Il y a les opérations réussies : deux sous le général de Gaulle, et deux sous Francois Mitterrand. En 1962, c’est l’adoption d’une motion de censure socialiste qui provoque la dissolution de l’Assemblée. La crise est politique, les gaullistes remportent les législatives. Charles de Gaulle décide de dissoudre à nouveau l'Assemblée après les manifestations de mai 1968, cette fois pour sortir d’une crise "nationale" et pour renouer avec les Français. Le pari est encore gagné et les gaullistes décrochent la majorité absolue aux élections.

François Mitterrand, lui, dissoudra l’Assemblée au lendemain de son investiture, en 1981, puis après sa réélection en 1988. À l’époque, les législatives n'avaient pas lieu juste après la présidentielle comme aujourd’hui. Il s’agissait donc d’obtenir une majorité de gauche dans une Assemblée dominée par la droite. Aux législatives de 1981, les socialistes raflent la majorité absolue. En 1988, ils emportent la majorité, mais relative.

La dissolution de 1997, cas exemplaire de l'erreur en politique

Mais une dissolution n’est pas toujours suivie d’une victoire. Il y a un contre-exemple, c’est la dissolution de 1997, un cas exemplaire de l'erreur en politique. Quand Jacques Chirac, élu depuis deux ans, décide de dissoudre l’Assemblée, il dispose d’une majorité de droite très large à l’Assemblée mais certains dans son entourage redoutent une aggravation de la situation économique et préfèrent avancer les législatives avant que la situation n'empire.

Jacques Chirac demande donc aux Francais un "nouvel élan". Mais les Francais en décident autrement, c’est la victoire de la gauche plurielle. Lionel Jospin, premier secrétaire du PS, est nommé Premier ministre. C’est le début de la plus longue cohabitation de la Ve République, jusqu'en 2002, et la preuve qu’une dissolution peut se retourner contre celui qui l’a initiée. La décision d’Emmanuel Macron, dimanche, relève du coup de poker.

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