Porte-à-porte, réunions publiques… L’autre campagne du Parti socialiste
En misant sur une campagne active de terrain, le PS prépare les législatives. En Ardèche, le député Olivier Dussopt arpente sa circonscription pour François Hollande. Dans l'espoir qu'une victoire soit favorable à sa réélection. Reportage.
"J'ai horreur de Sarkozy, il divise tout le monde. Toute ma famille est à 200% pour Hollande." Pour cet habitant d'origine marocaine du quartier des Goules, à Tournon-sur-Rhône, en Ardèche, la venue de son député sur le pas de sa porte ne changera pas son vote, déjà convaincu par le prétendant socialiste à l'Elysée. "Il faut dire à tout le monde d'aller voter", lui répond alors Olivier Dussopt, benjamin socialiste de l'Assemblée nationale depuis 2007, en campagne pour le député de la Corrèze.
Car au fond, il n'y a pas que la présidentielle. Il y a les législatives aussi. Et les élus locaux le savent. Une victoire de leur champion dimanche 6 mai, et c'est tout une dynamique favorable pour le prochain scrutin législatif, les 10 et 17 juin, qui s'enclenche.
Le porte-à-porte, trop intrusif ?
Alors, dans une circonscription ardéchoise a priori peu favorable à la gauche et qu'il a repris à la droite, à rebours de la tendance nationale en 2007, Olivier Dussopt, 33 ans, costume noir, chemise mauve, se prête à l'action à la mode de la campagne socialiste : le porte-à-porte. Une action militante développée par le Parti socialiste sur l'exemple de la campagne Obama de 2008. L'objectif ? Ouvrir 5 millions de portes avant le second tour.
14h 30, mercredi 2 mai, jour du débat d'entre-deux-tours, le député et maire d'Annonay, accompagné de sa suppléante Michèle Victory, se rend dans le quartier des Goules, zone HLM frappée par "les plans sociaux de ce territoire industriel". Une campagne de terrain, bien loin des grands déplacements médiatiques et des grands raouts militants. "C'est aussi ça une campagne présidentielle", juge un sympathisant socialiste d'une vingtaine d'années.
"Je n'aime pas trop le porte-à-porte, confie pour sa part Olivier Dussopt, qui préfère aller à la rencontre des électeurs dans la rue. Je trouve ça trop intrusif." Alors il y a des règles à respecter, dictées par le Parti socialiste : ne pas faire du "PaP" à deux hommes, se tenir à une certaine distance de la porte, rester souriant à chaque nouvelle porte frappée...
Eviter la démobilisation
Appliqués et motivés pour éviter tout risque de démobilisation, les deux comparses sont accompagnés d'une jeune fille du quartier, dont les parents militent dans l'association locale. Elle leur ouvre les portes des immeubles grâce à ses connaissances dans les étages.
Toujours le même rituel. Commencement par le dernier étage puis descente minutieuse. Appartement par appartement. "Bonjour, on vient pour l'élection présidentielle. Pour François Hollande", répètent-ils inlassablement plus d'une heure durant, tentant de modérer l'enthousiasme des visités prompts à lâcher que "c'est gagné".
Le quartier est acquis à leur cause, l'accueil est chaleureux. Quand accueil il y a. En ce mercredi après-midi, le taux de réponses est faible mais globalement pro-Hollande. "Soit les gens qui votent Sarkozy ne sont pas chez eux, soit il n'y en a pas", rigole Olivier Dussopt.
Porte-à-porte et déambulations, les mots à la mode
Après une grosse heure à arpenter les escaliers des tours de ce quartier de la périphérie de Tournon-sur-Rhône, municipalité acquise à la droite, retour à la permanence pour récupérer "du matériel".
Le député change de partenaire pour poursuivre sa quête dans les rues piétonnes du centre-ville. Une déambulation, autre mot à la mode de la campagne socialiste, remplace le porte-à-porte. Mais toujours le même souci : mobiliser.
A quatre jours du verdict, il n'est plus question de programmes, de mesures ou de projets. "On est en fin de campagne", justifie Olivier Dussopt, pourtant appréhendé quelques secondes auparavant sur le débat du soir, pour lequel un visionnage collectif est organisé dans une petite salle municipale.
"C'est pas un montage ?"
Entre deux giboulées, avec son nouvel acolyte, Nicolas, professeur d'histoire, ils vont à la rencontre des passants, cartes postales affichant une photo d'Olivier Dussopt avec François Hollande en main. "C'est pas un montage ?" lui demande une dame, la trentaine et t-shirt rose flashy. "En tout cas, ca fait plaisir de vous voir", ajoute-t-elle.
Si l'accueil est plus mitigé sur les pavés, le duo déambule dans la bonne humeur. "La victoire est acquise", leur lance une femme brune d'une quarantaine d'années tandis qu'un épicier récupère des autocollants pour masquer ceux du Front national.
Entre les "on vous connaît", "on vous a vu dans les journaux" ou autres "bonjour Monsieur le député-maire", quelques rebuffades. "Oh non, ca ne risque pas", leur lance un couple de retraités en voyant les photos de François Hollande sur les tracts. "Non, lui non. Surtout pas", plaisante une passante. "Parfois, on se fait jeter, consent Nicolas, amusé. Mais on est habitués".
21 réunions publiques pour les législatives
Le terrain est occupé, les législatives dans un coin de la tête. Car Olivier Dussopt n'a pas sa réélection assurée, sur cette circonscription de droite. Plusieurs quidams lui demandent d'ailleurs s'il compte rempiler. "Bien sur", rétorque-t-il, consentant que sa "notoriété" de député et de benjamin de l'Hémicycle est un facilitateur, un avantage.
17h 30, retour à la permanence. Des militants associatifs ont pris rendez-vous avec l'élu pour soumettre et développer un projet. Au programme de la discussion conviviale à laquelle participe la suppléante du député : des centres de télétravail pour travailleurs handicapés.
"On va attendre le 17 juin pour vous demander quelque chose", rigole la responsable du centre socioculturel. "La question du handicap sera portée à l'Assemblée nationale", lui assure en retour Michèle Victory.
D'ici là, Olivier Dussopt va continuer à sillonner sa circonscription dans sa 308 noire. En plus des trois réunions publiques organisées durant l'entre-deux-tours, le député socialiste a inscrit à son agenda 21 autres rencontres avec les électeurs d'ici au premier tour des législatives.
Lundi 7 mai, dès le lendemain du second tour de l'élection présidentiel, le député inaugurera officiellement sa permanence. Une campagne s'achève, une autre commence.
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