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Pour leur dernier débat, les candidats ont joué l'union

Ce dernier débat avant la primaire de dimanche a été dans "la continuité des deux précédents", notent les politologues soulignant qu’il y a eu "très peu de moments de tensions" entre les candidats qui ont plutôt montré "l'union".
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Les candidats à la primaire PS, le 5 octobre 2011, sur le plateau de BFM-TV (FRED DUFOUR / AFP POOL / AFP)

Ce dernier débat avant la primaire de dimanche a été dans "la continuité des deux précédents", notent les politologues soulignant qu'il y a eu "très peu de moments de tensions" entre les candidats qui ont plutôt montré "l'union".

Les six candidats sont-ils parvenus à faire la différence ? Contrairement au 2e débat du 28 septembre, les clivages ont été moins apparents. Cela tient notamment au fait que les thèmes du débat de mercredi portaient sur les questions sociales et sociétales, des sujets où "il est plus facile pour les socialistes de faire l'union que sur les questions économiques", analysent les spécialistes.

Hollande rassembleur
François Hollande, fidèle à sa stratégie, s'est voulu rassembleur, comme dans le deuxième débat, faisant la synthèse. Questionné sur les sondages le donnant favori qu'il ne faudrait "pas croire", M. Hollande a répliqué vivemen t: "Je n'y crois pas non plus. J'attends les électeurs". Le député de Corrèze a marqué un point en début de débat en affirmant qu'il serait fidèle au projet socialiste, s'écartant de ce qu'avait dit l'ancien Premier ministre Lionel Jospin quelques mois avant d'être éliminé au profit de l'extrême droite au premier tour de la présidentielle en 2002.

Le président du Conseil général de Corrèze a esquivé les attaques et distillé son programme sans avancer de nouvelles propositions. Et quand un journaliste lui a rapporté des critiques de son ancienne compagne Ségolène Royal le traitant de "notable" dont le programme revient à dire "Dormez braves gens", il a botté en touche. Moins pugnace qu'au premier débat, il a donné l'impression de se projeter dans l'après-primaire concluant dans un style présidentiel de plus en plus maîtrisé.

Aubry sérieuse, Royal combative
Le ton combatif de Martine Aubry et de Ségolène Royal a contrasté avec celui de François Hollande. Martine Aubry lui a lancé des piques à mots couverts. "On ne pourra pas battre une droite dure en étant une gauche molle", a prévenu la maire de Lille, distancée dans les sondages par l'ancien Premier secrétaire du parti. Adoptant un ton volontaire, autoritaire, elle s'est annoncée comme "la présidente du redressement économique, moral, du rayonnement de la France mais aussi la présidente de la justice".

Pour Stéphane Rozès, président de Cap (Conseil analyse et perspectives), "Martine Aubry a été plus active et plus dynamique que lors du précédent débat. Elle a plus utilisé le je présidentiel". Toutefois, "elle a du mal à incarner quelque chose seule", a renchéri Gérard Grunberg. Selon Frédéric Dabi (Ifop), "on a vu beaucoup d'union avec les formules de Martine Aubry, disant par exemple : Arnaud a raison".

Le politologue de TNS Sofres, Emmanuel Rivière, s'est étonné qu'il n'y ait "pas eu de grande tentative de Ségolène Royal de reprendre le leadership". Apparue "en dedans" lors du premier débat, l'ancienne candidate à l'Elysée de 2007 a su néanmoins reprendre du poil de la bête dès le deuxième débat. N'hésitant pas à se projeter dans le rôle de présidente de la République, elle a affirmé de manière forte que "le retour à la retraite à 60 ans sera inscrit au premier Conseil des ministres".

Valls ambitieux
Candidat préféré par la droite, Manuel Valls a confirmé sa stature de réformiste modéré et réaliste, d'homme de rigueur souvent en rupture avec ses partenaires. "Quand on a dit qu'on va démondialiser, mettre sous tutelle les banques ou qu'on va interdire les licenciements boursiers, ça ne marchera pas", a asséné le député-maire d'Evry vingt minutes après le début du débat, visant Ségolène Royal et Arnaud Montebourg.

Sur les retraites, M. Valls s'est montré carré, réaffirmant sa volonté d'instaurer une retraite à points. Pour lui, pas de retour "à la retraite à 60 ans telle qu'elle a été instaurée en 1982". Connu pour être très en pointe sur les questions de sécurité au PS, le député-maire d'Evry, bien dans son rôle, a parlé d'"effort à faire" et jugé nécessaire de "dire la vérité". Je ne veux pas qu'on gagne sur le rejet de Nicolas Sarkozy", soignant aussi la gauche du PS.

Montebourg volontariste
Autre outsider de cette primaire et chantre de la démondialisation, Arnaud Montebourg a rappelé que son programme "ne consiste pas à distribuer des chèques vacances à tout le monde". Depuis le premier débat, le député de Saône et Loire n'a cessé d'affirmer sa posture à gauche du PS. Une différence qui lui aura permis de marquer des points dans les sondages.

"Au moment où le système financier s'écroule, où l'économie s'affaisse, où la politique sombre dans le discrédit du déshonneur et de la corruption, avons-nous vraiment le choix ? Nous n'avons pas d'autre choix que d'écrire ensemble un chapitre nouveau de l'histoire de France", en rangeant "au magasin des accessoires les recettes gestionnaires du passé", a-t-il déclaré répondant à la question : "Pourquoi vous ?".

Lors du dernier débat, il a été le seul, en défendant l'emploi dans les services publics, à traiter Nicolas Sarkozy de "général en chef de l'Administration française" qui "humilie ses propres soldats".

Moscovici surTwitter : "les jeux sont faits"
Pendant l'émission, les partisans de chaque camp ont fait assaut de petits missiles sur Twitter : "François Hollande souffre de psittacisme ... Du latin psittacus ... qui signifie perroquet", persiflait Françoise Degois, conseillère de Ségolène Royal. Quant à Pierre Moscovici, coordinateur de campagne de François Hollande, il proclamait "les jeux sont faits".

Le député de Corrèze n'a pas tardé à rectifier : "Non, les jeux sont en train de se faire. Les dés sont jetés, mais ensuite ce sont les électeurs qui décident", a-t-il déclaré .

Une première confrontation avait eu lieu entre les six candidats le 15 septembre, sur France 2, un débat très policé, suivi par près de 5 millions de téléspectateurs. Le deuxième débat le 28 septembre, sur i-Télé, avait été plus animé : les concurrents, déterminés et pugnaces, avaient fait valoir leurs différences, notamment sur la TVA sociale, la justice, la sécurité ou encore l'immigration. En cas de second tour à la primaire, un quatrième débat est prévu le mercredi 13 octobre sur France Télévisions.

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