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Présidence de l'UMP : le choc Copé-Fillon

Les candidats ont, les uns après les autres, jeté l'éponge. Il n'en reste que deux. Comme prévu, l'élection du futur président de l'UMP se résume à un duel entre Jean-François Copé et François Fillon. L'actuel secrétaire général de l'UMP et l'ancien Premier ministre de Sarkozy vont s'affronter pendant deux mois, jusqu'au premier tour de l'élection le 18 novembre. Portraits croisés.
Article rédigé par Rémi Ink
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
  (Maxppp)

Le choc aura bien lieu. Un choc entre deux hommes, deux styles, deux
parcours, deux visions de la politique. Ils avaient jusqu'à aujourd'hui pour réunir les 7.924 parrainages de
militants nécessaires pour se présenter au poste de dirigeant du principal
parti d'opposition.

Toute la journée, les deux camps se sont livrés à une démonstration de force en dévoilant leurs parrainages. Contre toute attente, François Fillon a l'avantage. Il annonce en avoir recueilli 45.000 (et le soutien de 75 députés et de 65 sénateurs) alors que le député-maire de Meaux fait état de "plus de 30.000 signatures" .

Xavier Bertrand a jeté l'éponge, suivi ce mardi matin par Nathalie Kosciusko-Morizet, faute d'un nombre suffisant de parrainages. L'ancienne ministre de l'Écologie a recueilli un peu mois de 7.000 signatures. Bruno Le Maire déclare forfait lui aussi avec pas plus de 7.200 parainnages dans sa besace. L'ex-plume de Nicolas Sarkozy,
Henri Guaino, qui dénonce un système "quelque part entre la Corée du Nord et Cuba" , a
précisé ce matin ne pas disposer des signatures nécessaires.

Le boulevard est donc ouvert. Sur la ligne de départ, Jean-François Copé et François Fillon se
jaugent, comptant sur leurs forces, leurs soutiens et les faiblesses du camp d'en
face.

Deux parcours très différents

Jean-François Copé, né le 5 mai 1964 à Boulogne-Billancourt
(Hauts-de-Seine), est pétri d'ambitions. Au lycée, il explique déjà qu'il veut
devenir "président". Énarque, il est élu maire (RPR) de Meaux
(Seine-et-Marne), puis député en 1995, à seulement 31 ans. En 2002, il entre au
gouvernement comme porte-parole, et secrétaire d'Etat aux Relations avec le
Parlement (2002-2004), puis ministre délégué à l'Intérieur (2004-2005), et
ministre délégué au Budget(2005-2007). C'est un des grands perdants de l'élection
de Nicolas Sarkozy car il reste à la porte du gouvernement en 2007. Il prend la
présidence du groupe UMP à l'Assemblée nationale, puis devient secrétaire
général du parti fin 2010. Il met très souvent en avant son mandat de maire de
Meaux, pour montrer qu'il est proche de la population et de ses administrés.

Une tactique qui lui permet de marquer sa différence avec François
Fillon, 62 ans, plus habitué des bureaux ministériels. François Fillon commence
sa carrière politique à l'Assemblée Nationale. Il devient député en 1981. En
1993, il est ministre de l'Enseignement supérieur d'Edouard Balladur. En
2005, il n'est pas repris au gouvernement par Dominique de Villepin. Furieux,
il se rallie au candidat Nicolas Sarkozy, qui lui promet Matignon en cas de
victoire. Il sera effectivement Premier ministre de 2007 à 2012. En juin
dernier, il est élu député de Paris.

Leurs points forts : Copé le chef de parti, Fillon le futur
président

Jean-François Copé s'est préparé. Depuis son arrivée à la tête de
l'UMP fin 2010, il a sillonné les fédérations et placé ses hommes aux postes
clés. Il se sait moins populaire que François Fillon dans l'opinion et décide
donc de jouer à fond la carte des militants. Il assume une ligne de "droite
décomplexée" qui a tant fait le succès de l'ancien président de la
République. Il lui laisse d'ailleurs la porte ouverte pour un éventuel retour
en 2017, se présentant avant tout comme un chef de parti et pas comme un
candidat à la présidentielle de 2017. Il revendique "plus de 10.000
parrainages"
, comme un signe qu'il tient bien le parti.

François Fillon est lui "l'homme de Matignon", qui
connaît bien les affaires. Premier ministre de Nicolas Sarkozy de 2007 à 2012, il
jouit d'une image d'homme d'État. Une image que son rival ne possède pas, ce
qui lui permet de jouer sans ambages la carte présidentielle, la carte de celui
qui sera le mieux placé pour battre François Hollande en 2017. Tenant de la
rigueur économique, il mène une campagne de rassembleur et tient des discours
de présidentiable plus que de candidat à une élection interne.

Leurs points faibles : où se placer à droite ?

Si Jean-François Copé tire profit de sa stratégie de "droite
décomplexée", il y a aussi le revers de la médaille. Il est souvent jugé trop
clivant, trop agressif et trop froid. En fin stratège, il tente d'adoucir son
image : "Je vous embrasse!" , lance-t-il ainsi désormais
systématiquement lors de ses meetings, où il apparaît fréquemment en compagnie
de son épouse Nadia.

François Fillon a lui aussi les défauts de ses qualités : les
sympathisants UMP le plébiscitent (59% d'avis favorables, selon un récent
sondage Ifop pour le site internet Atlantico, contre 20% pour son principal
rival) mais qu'en est-il des adhérents, seuls appelés à voter en novembre? Face au discours clairement positionné à droite de son
adversaire, François Fillon a durci le ton sur les questions régaliennes
("assimilation" des immigrés, sécurité...).

Les deux équipes

Jean-François Copé

Son "ticket": Luc Chatel, ancien ministre de
l'Education, et Michèle Tabarot, députée des Alpes-Maritimes. Sa garde rapprochée: Jérôme Lavrilleux, son directeur de cabinet,
et Christian Jacob, patron des députés UMP. Ses principaux soutiens: Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier
ministre, Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille, Thierry Mariani, cofondateur
du courant Droite populaire, Rachida Dati, maire du VIIe arrondissement de
Paris, et l'ex-députée Valérie Rosso-Debord. Dernier soutien hier : Nadine
Morano qui rend public son ralliement dans un entretien publié sur le site
internet du Figaro.

François Fillon


Son "ticket": Valérie Pécresse, ex-ministre de
l'Enseignement supérieur, et Laurent Wauquiez, député de la Haute-Loire. Sa garde rapprochée: Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes,
l'ex-ministre de la Santé Roselyne Bachelot et le député UMP du Val d'Oise
Jérôme Chartier. Ses principaux soutiens: Christian Estrosi, député-maire de Nice
et secrétaire général de l'Association des amis de Nicolas Sarkozy, Chantal
Jouanno, sénatrice de Paris, Hubert Falco, sénateur-maire de Toulon et Philippe
Goujon, patron de la fédération UMP de Paris. Deux soutiens sont venus se
rajouter hier : celui de l'ex-ministre Dominique Bussereau et du président
des jeunes UMP Benjamin Lancar qui a fait connaître son choix dans un entretien
à 20 minutes.

La présidentielle de 2017 en ligne de mire ?

Si Jean-François Copé ne ferme pas la porte à un retour éventuel
de Nicolas Sarkozy, François Fillon l'avoue : il faudra compter sur lui en

  1. L'un de ses soutiens les plus fidèles, Valérie Pécresse, le dit : *"Le
    vainqueur dans la course à la présidence de l'UMP prendra aussi naturellement
    une bonne position pour se présenter à la présidentielle de 2017",
    • a-t-elle déclaré hier dans une interview à la matinale de Canal Plus.

Mais pour la course à l'Elysée, les deux hommes ne seront pas
seuls. Un autre poids lourd de la droite, l'ancien ministre Xavier Bertrand a
certes annoncé qu'il renonçait à la présidence du parti mais qu'il comptait bien
être candidat pour la primaire en vue de la candidature en 2017. Et il s'est
bien gardé de dire qui il soutenait pour cette bataille de l'UMP. Cette
bataille de 2012 à droite ne semble donc être qu'un avant goût de la bataille
annoncée pour 2017.

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