A Poitiers, Valls joue au rassembleur face aux frondeurs
A la tribune, le Premier ministre a livré un discours policé, défendant son bilan tout en veillant à ne pas trop froiser l'aile gauche du parti. Sans convaincre tout le monde dans les allées du congrès du PS
"Le président des bisous" a de la concurrence. A Poitiers (Vienne), pas question pour Manuel Valls de faire des jaloux. A la tribune du congrès du Parti socialiste, samedi 6 juin, presque tout l'exécutif y est passé : Ségolène Royal, Marisol Touraine, Stéphane Le Foll, Najat Vallaud-Belkacem, Bernard Cazeneuve, Christiane Taubira... Tout au long de son discours, le chef du gouvernement a fait applaudir ses ministres, jouant les rassembleurs tout en défendant, au passage, son bilan.
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Car Manuel Valls le savait, il était attendu, notamment par les frondeurs. Souvent critiqué dans son propre camp, le Premier ministre s'est appliqué à donner des gages de socialisme. En citant de grandes figures du PS, comme François Mitterrand ou Pierre Mauroy. En proclamant son "amour" des socialistes. En taclant "l'adversaire", la droite, et "l'ennemi", le FN. Et surtout, en évitant soigneusement les paroles susceptibles de trop fâcher l'aile gauche du parti.
Si certains s'interrogent sur ce qu'est la gauche, voilà la définition : une France plus forte car plus juste
"Un socialiste sera toujours exigeant. Exigence, c'est le mot qui résume le mieux la gauche", a lancé Manuel Valls. Le Premier ministre a également profité de ce discours pour afficher sa "loyauté sans faille à François Hollande". "Soyez fiers du président de la République", a-t-il proclamé, offrant au chef de l'Etat une standing-ovation de la salle.
"Un discours de rassemblement pour un congrès apaisé"
Avec un tel discours fédérateur, difficile de froisser dans les allées du Congrès, où l'on affiche depuis vendredi l'unité. "C'était un bon discours de remise en confiance des militants, estime José, un Nordiste partisan de Martine Aubry. Il a justifié son bilan de manière précise et réaffirmé son identité socialiste, il le fallait."
"Sur la forme, je n'ai pas vu l'heure passer, c'était réussi, juge Michaël, militant parisien. C'était un discours de rassemblement pour un congrès apaisé. Comme les dés ont été jetés avant, puisque les votes ont déjà eu lieu, tout le monde est derrière lui ou Cambadélis maintenant."
Tout le monde ? Dans la salle plénière, Manuel Valls n'a pas eu à affronter de sifflets. Il a même récolté à plusieurs reprises des applaudissements nourris. Mais dans le public, Henzo et Lorenzo font clairement la moue. Un discours rassembleur ? Trop peut-être au goût de ces deux militants du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), partisans de la motion B, celle des frondeurs. Eux ont vu "un discours convenu". "Il a un peu arrêté sa phase de provocations", résume Lorenzo. Il y avait tous les éléments qu'on pouvait attendre : ça correspondait à la politique du gouvernement, sans trop insister sur les clivages."
Le verdict des frondeurs : "Bof..."
Pas suffisant pour convaincre les frondeurs. "Il a mis de l'eau dans son vin, concède Christian Paul, le leader de la motion B. Je n'ai pas entendu à vrai dire d'idées réellement nouvelles." Le député Pascal Cherki, de l'aile gauche du PS, est plus sévère sur Twitter. "Bof..., résume l'élu. Une addition de clichés style Sciences-Po et une pincée de rhétorique facile." Manuel Valls pourra encore convaincre ses camarades dans les allées du congrès dimanche. Mais d'ici là, le Premier ministre s'accordera une pause à Berlin (Allemagne), pour assister à la finale de la ligue des Champions. Loin des socialistes.
Discours décevant du Premier Ministre au congrès du PS. Une addition de clichés style Sciences-Po et une pincée de réthorique facile. Bof...
— Pascal Cherki (@pascalcherki) 6 Juin 2015
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