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Jean-Luc Mélenchon invité à l'université de rentrée de la gauche : il faut être capable "de frapper ensemble", estime Emmanuel Maurel

L'eurodéputé PS Emmanuel Maurel réunit la gauche de la gauche dimanche à Marseille. Il était invité sur franceinfo samedi.

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Maurel, le 24 juin 2017. (ZAKARIA ABDELKAFI / AFP)

L’eurodéputé PS Emmanuel Maurel réunit en ce moment la gauche de la gauche à Marseille, avec en invité de marque Jean-Luc Mélenchon dimanche, pour des Universités de rentrée du mouvement de gauche 'Nos causes communes'. Des causes communes qui vont jusqu’à La France Insoumise, a confirmé, samedi sur franceinfo, Emmanuel Maurel.

franceinfo : Benoît Hamon est parti du PS après la campagne présidentielle, avant il y a eu Arnaud Montebourg, est-ce vous qui incarnez aujourd’hui la gauche du Parti socialiste ?

Emmanuel Maurel : J’incarne, je crois, une certaine tradition du socialisme français, c’est-à-dire un socialisme décomplexé qui ne s’excuse pas d’avoir une grille de lecture de la société qui est différente du modèle libéral dominant. Ce que j’ai regretté pendant le quinquennat de François Hollande, c’est que nous avions été élus pour incarner ce socialisme-là et puis nous nous en sommes détournés progressivement au point de finir le quinquennat sur des mesures qui étaient quasiment des mesures de droite, comme la loi El Khomri ou la déchéance de nationalité. Donc moi, je suis pour un retour aux fondamentaux du socialisme français et une synthèse avec un certain nombre de luttes nouvelles, comme le combat écologique par exemple. C’est important pour moi de mettre autour de la table des gens qui ne pensent pas la même chose et d’arriver à des compromis féconds.

Est-ce que cette aile gauche du PS qu’incarnait Benoît Hamon pendant la campagne est plus audible aujourd’hui ?

Benoît Hamon a été trahi, et nous avons été trahis avec lui par un certain nombre de camarades qui d’ailleurs avaient fait la courte échelle à Emmanuel Macron en nommant ce jeune inspecteur des finances secrétaire général adjoint de l’Elysée puis ministre de l’Economie. Certains d’entre nous, et j’aurais du mal à leurs pardonner aujourd’hui, ont choisi soit de rejoindre En Marche, soit et c’est pire encore car hypocrite, de voter pour lui au premier tour et de tout faire pour saper la campagne de notre candidat, pour s’étonner un an après de voir Emmanuel Macron mener une politique libérale. On le savait déjà.

Pourquoi le PS et son premier secrétaire Olivier Faure ne choisissent pas une ligne justement marquée à gauche pour s’opposer à Emmanuel Macron, comme le fait La France Insoumise et qui attire beaucoup de sympathie ?

Je me pose exactement la même question. C’est totalement absurde de dire qu’on est équidistant de Macron et de Mélenchon. Aujourd’hui, il faut choisir son camp. En cette rentrée, il y a le projet sur les retraites avec la remise en cause des pensions de réversion, il y a des privatisations tout azimut, le gel des minimas sociaux… et face à cette politique, on serait incapable de dire 'On choisit notre camp, on attaque frontalement le président et on essaye d’élaborer ensemble des propositions pour soulager les gens qui subissent cette politique'.

Pourquoi ne pas quitter le PS pour rejoindre Jean-Luc Mélenchon où vous en rapprocher ?

Moi, je suis socialiste et je sais où est mon camp. Je suis attaché aux valeurs du socialisme, je ne suis pas déboussolé et je n’ai jamais été dans l’ambiguïté ou la complaisance par rapport à Emmanuel Macron, donc la question ne se pose pas. En revanche, j’ai des exigences sur le fond, sur les questions européennes, économiques, sociales. Il y a des ruptures à opérer. Jean-Luc Mélenchon a été socialiste, nous avons un langage commun et des objectifs communs. Après il y a des divergences, ce n’est un secret pour personne. Mais la différence entre nous n’est pas une différence de nature mais une différence de degrés. Ce qui nous oppose à Emmanuel Macron, c’est une vision de la société. On ne va pas me reprocher d’avoir un idéal politique et de tout faire pour y parvenir. C’est précisément l’objet de la rencontre de ce week-end, c’est de construire des convergences. Ce que nous disent les gens qui se reconnaissent dans la gauche, c’est 'arrêtez les bisbilles !'. Le moment est important, il y a Macron, le nationalisme qui monte en Europe, il faut être capable d’unir nos forces et de frapper ensemble.

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