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Présidentielle 2022 : "Il n'y a plus de débat" au Parti socialiste "qui devient sectaire", déplore François Rebsamen

Le maire PS de Dijon réclame sur franceinfo un "vrai débat" entre les candidats socialistes à l'élection présidentielle.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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François Rebsamen, maire PS de Dijon, le 10 septembre 2021. (TARDIVON JC / MAXPPP)

"Il n'y a plus de débat" au Parti socialiste, "c'est un parti qui se replie sur lui-même, qui devient sectaire", a déclaré samedi 18 septembre sur franceinfo François Rebsamen, maire PS de Dijon. Il a décidé de ne pas participer au 79e Congrès du Parti socialiste à Villeurbanne ce week-end, car il a une "différence majeure d'analyse stratégique avec Olivier Faure" et "sa stratégie de l'effacement". François Rebsamen réclame un "vrai débat" entre les candidats socialistes à l'élection présidentielle, incluant Anne Hidalgo et Stéphane Le Foll, "pour que l'on sache sur quelle ligne on avance" et ne pas "découvrir chaque matin des propositions d'un candidat que je n'ai même pas débattues."

franceinfo : Vous ne participez pas au Congrès du PS à Villeurbanne ce week-end, pourquoi ?

François Rebsamen : Je n'y serai pas, je ne suis pas le seul d'ailleurs, parce que ce parti, le Parti socialiste, est en train de perdre sa substance démocratique, parce que le Parti socialiste ne fait pas vivre la démocratie à l'intérieur du parti. Et puis parce que j'ai une différence majeure d'analyse stratégique avec Olivier Faure, qui considère que c'est sa stratégie de l'effacement qui a évité la disparition. Moi, je considère que c'est grâce à nos aux élus, fidèles à leurs valeurs sociales-démocrates, qui ont tenu la barre que le Parti socialiste a survécu. "Survécu", parce qu'il a perdu énormément d'adhérents. Pendant qu'Olivier Faure était le Premier secrétaire, on est passé de 37 000 votants à 20 000. Ca veut dire quand même une perte substantielle. Les militants n'ont pas du tout été associés à la vie du parti. On a par exemple mis Monsieur Raphaël Glucksmann à la tête des élections européennes, c'est quelqu'un de respectable mais qui n'a rien à voir avec le Parti socialiste. On n'a quasiment plus de députés européens, c'est une chute libre. Pendant quatre ans, les militants n'ont été associés à rien. Un parti qui ne consulte pas ses militants, ses adhérents, c'est un parti qui perd sa substance. Le débat fait partie du Parti socialiste, il est l'histoire du PS, or il n'y a plus de débat, d'échanges, c'est un parti qui se replie sur lui-même, qui se rétrécit, qui devient sectaire parce qu'il n'ose plus dire la vérité. Quand il y a des choses bien, il faut les dire, mais quand il y a des choses qui ne correspondent pas à notre idéal il faut les dénoncer.

"Cette manière de faire, ce comportement républicain et démocratique, il n'existe plus aujourd'hui à l'intérieur du Parti socialiste, ce que je regrette."

François Rebsamen

à franceinfo

Le PS compte 20 000 militants alors que la primaire écologiste réunit en ce moment 120 000 votants. Est-ce que ça veut dire que le PS a raté sa modernisation ?

Il ne l'a même pas commencée ! Il a vendu son siège, il est parti s'installer soit disant pour regagner les électeurs populaires en banlieue parisienne, ce qui ne correspondaient strictement à rien, à part une démarche purement financière. Comment expliquer vraiment la déception qui peut toucher les militants aujourd'hui ? S'il n'y avait pas nos élus locaux, il n'y aurait plus de sections du Parti socialiste, ils ne sont associés à aucune décision. On apprend un jour que telle mesure est proposée, l'élaboration du projet socialiste a été faite en vase clos. Alors ce n'est pas étonnant que les adhérents s'en aillent. On les a encore avec nous parce qu'on a des villes, parce qu'ils voient ce que c'est que le socialisme municipal ou régional. Regardez Carole Delga [présidente de la région Occitanie], elle n'a pas fait d'alliance avec les écologistes alors qu'on nous prônait le fait d'en faire absolument. On devait se mettre derrière les écologistes alors que nous sommes le premier parti de gauche au niveau de ses élus !

Êtes-vous prêts à vous aligner derrière Anne Hidalgo si elle devait être la candidate du PS à la présidentielle ?

Moi, j'ai un ami, le maire du Mans [Stéphane Le Foll] qui a écrit un livre, qui a fait des propositions, qui est candidat à l'intérieur du Parti socialiste. J'ai demandé qu'il y ait un vrai débat entre les candidats pour que l'on sache sur quelle ligne on avance. Moi je n'ai absolument aucun grief à faire à Anne Hidalgo, je voudrais connaître ses propositions, je voudrais que les militants puissent connaître les propositions des uns et des autres, et qu'après il y ait un vote des militants pour désigner celui ou celle qui représentera le Parti socialiste à l'élection présidentielle. J'espère qu'il y aura ce débat parce que, en tant que responsable du Parti socialiste dans ma région et dans ma ville, je n'accepterai pas de découvrir chaque matin des propositions d'un candidat que je n'ai même pas débattues et que je ne connais pas.

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