A La Rochelle, les leaders des Verts et du Parti communiste ovationnés par les militants socialistes
Pierre Laurent, le numéro un du PCF, et Emmanuelle Cosse, son alter ego des Verts, ont reçu un accueil chaleureux à l'université d'été du Parti socialiste.
"Il y a de la place sur la gauche de la salle". A quelques minutes du début de la conférence sur l'union de la gauche, l'organisateur de l'université d'été du PS, David Assouline, a un petit problème. "Si certains, à droite de la salle, peuvent migrer à gauche, ce serait plus équilibré", insiste le responsable socialiste. La phrase a dû faire sourire ses invités du jour.
Pour cette dernière "plénière" - grande conférence dans le jargon socialiste - de l'édition 2014, le PS a en effet convié l'ensemble des dirigeants de la gauche, du communiste Pierre Laurent au radical Jean-Michel Baylet, en passant par l'écologiste Emmanuelle Cosse, l'ex-communiste Robert Hue, le chevénementiste Jean-Luc Laurent et l'écolocentriste Jean-Luc Bennahmias.
"Le Medef, les promoteurs immobiliers… Cela fait beaucoup pour une première semaine"
Si les autres sont moins critiques, Pierre Laurent et Emmanuelle Cosse aimeraient justement que le PS attache autant d'importance à rééquilibrer la salle qu'à faire bouger la politique du gouvernement. "Depuis quand la seule feuille de route de la gauche est celle du Medef et des promoteurs immobiliers ? (…) Est-ce à Pierre Gattaz de nous aider à penser le monde de demain ?", feint de s'interroger Pierre Laurent.
"La politique du nouveau gouvernement conduit par Manuel Valls est une voie sans issue", tonne-t-il, sous les applaudissements du public, ponctués de quelques sifflets. Et d'insister : "Le contrat de 2012 a été rogné jour après jour. Aujourd'hui, il n'est pas rogner bout par bout, il vient d'être déchiré cette semaine devant les Français". Une militante tente bien un "on est au PS ici, pas au PC, merde", mais ses voisins lui intime de la boucler.
A la fin de son intervention, une partie de la salle, composée d'élus et de militants socialistes, se lève et scande "Unité, unité, unité !".
"Les annonces d'hier m'ont mises extrêmement en colère"
Emmanuelle Cosse, la représentante des écologistes, lui succède à la tribune. "Si c'est pour défendre un programme social-libéral à la fin, je ne vois pas pourquoi faire l'unité", dénonce-t-elle, avant de glisser qu'à l'inverse: "nous serons toujours présents pour appliquer le programme de 2012".
Surtout, la numéro un des Verts consacre une bonne partie des dix minutes de son intervention à défendre la loi Alur, portée par sa collègue Cécile Duflot et retoquée par le gouvernement la veille. "Les annonces d'hier sur le logement m'ont mises extrêmement en colère, lance-t-elle. Camarades, vous devez empêcher que la loi Alur soit détricotée". Les camarades applaudissent.
"Il fallait bien casser un peu de vaisselle"
Le premier secrétaire du PS, dernier à prendre la parole, tente de calmer le jeu après ce pilonnage en règle. "Voilà, c'est fait. Et pour cela, il fallait bien casser un peu de vaisselle", ironise Jean-Christophe Cambadélis. "Si nous avons des désaccords sur combien de sujets sommes-nous d'accord ?", demande-t-il, rappelant les noms des communes dirigées par des coalitions de gauche.
Dans un exercice d'équilibriste qu'il affectionne, le Premier secrétaire lance à la salle des formules bien pratiques comme "l'unité, cela ne veut pas dire l'unisson" et évoque le risque d'être "marginalisé" face à la montée du FN. Quant à l'attitude des militants, Jean-Christophe Cambadélis préfère en sourire : "Pierre Laurent, qui a hésité à venir, n'est pas déçu du voyage".
Côté Valls, on minimise. "J'ai vu beaucoup de mes camarades de l'aile gauche dans la salle", confie Luc Cavournas, le sénateur du Val-de-Marne. Ce proche du Premier ministre promet que ce dernier sera bien accueilli dimanche matin pour son discours de clôture.
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