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Bon gré mal gré, les militants PS font bloc derrière Hollande

A La Rochelle, les militants socialistes jugent avec indulgence une première partie de quinquennat ratée. Abattus mais combatifs.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le Premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, le 29 août 2014 à La Rochelle. ( STEPHANE MAHE / REUTERS)

Remaniement surprise, "frondeurs" qui haussent le ton, opération séduction de Valls auprès des patrons… La semaine écoulée a de quoi déboussoler plus d'un militant socialiste. Quatre mille d'entre eux ont fait le déplacement à La Rochelle, où l'université d'été du parti s'est ouverte vendredi 29 août.

"Clarifier la ligne, c'est bien, mais ça arrive trop tard", lance d'emblée un militant. "Cela donne à croire que Hollande a gouverné deux ans pour rien", regrette-t-il. Face à l'impopularité record du chef de l'Etat, à mi-mandat d'un quinquennat que la gauche attendait depuis dix ans, l'impression de gâchis est tenace. "Les militants ne sont pas résignés, veut croire Betty Berthon. Sinon ils ne seraient pas autant à se trouver là aujourd'hui ! Mais sur le terrain, c'est vrai, certains sont désarçonnés," concède cette cadre de la fédération de l'Ardèche chargée de la formation des militants.

"La réaction de Valls a été brutale"

La plupart des militants rencontrés à La Rochelle, pourtant, préfère faire bloc derrière le gouvernement, plutôt que de se laisser tenter par le vent de fronde qui souffle actuellement sur le parti. "Il fallait une clarification. Comme disait Chevènement, un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne", lance Michel, un Parisien avec plus de 30 ans de militantisme au compteur. "Si Montebourg n'était pas en phase, il n'aurait pas dû accepter d'être ministre, et Hollande et Valls n'auraient pas dû le nommer. Ils sont tous les trois fautifs", tacle-t-il. "La réaction de Manuel Valls a été brutale, mais au moins, ça remet de l'ordre !", se félicite un autre.

Un ordre tout relatif puisque, à côté du programme officiel, cette édition 2014 de l'université d'été est le théâtre de nombreuses réunions parallèles organisées par les différents courants. Pas de quoi gêner les habitués de ce grand raout estival. "Le PS a toujours été un lieu de débat et de courants. C'est un parti où règne la liberté de parole, juge une militante. C'est normal qu'il y ait des différences d'approche au sein du parti, mais le plus important c'est que le gouvernement parle d'une seule voix."

"Hollande aurait dû dire la vérité"

Reste qu'après deux ans de présidence Hollande, le bilan à mi-parcours est peu flatteur, y compris pour les défenseurs les plus acharnés du président. Difficile en effet de fermer les yeux sur les défaites cinglantes aux municipales et aux européennes, les sondages catastrophiques qui s'enchaînent, la montée continue du Front national, les résultats économiques qui ne sont pas au rendez-vous.

"Au début de son mandat, Hollande a parié sur une reprise de l'économie en Europe, mais ça n'a pas marché. Je pense qu'il aurait dû dire la vérité sur la situation de la France", tente un militant en guise d'explicaton. D'autres, comme Sylvie, soulignent "tout ce qui a été fait depuis deux ans et qu'on a tendance à oublier : la hausse de l'allocation de rentrée scolaire, le mariage pour tous, les 60 000 postes dans l'Education nationale…" Des promesses rapidement tenues qui paraissent remonter à une éternité.

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