Suppression de postes au ministère des Sports : "Il faudra choisir entre les objectifs fixés et les moyens pour y arriver"

"Il faut bien comprendre que la suppression de 1 600 postes de conseillers techniques sportifs, sur lesquels la performance sportive repose à au moins 80%, mettrait en péril le niveau de compétitivité du sport français", a expliqué, dimanche 9 septembre sur franceinfo, Denis Masseglia, président du CNOSF, Comité national olympique et sportif français. La nouvelle ministre des Sports Roxana Maracineanu a réagi dimanche et qualifié l'annonce de "brutale". Elle a aussi ajouté qu'elle était en train de "chercher des solutions" pour pouvoir concilier "ce qu'on (lui) demande" et sa volonté de "défendre tout le mouvement sportif" et de le porter "à bras le corps vers les Jeux de 2024".

"Supprimer 1 600 postes de fonctionnaires en 4 ans, c'est impossible, à moins de caser les gens ailleurs, sur des postes pour lesquels ils ne seraient pas qualifiés, ça paraît extrêmement compliqué", a poursuivi Denis Masseglia. "Il y a un vrai débat à organiser et pas uniquement une lettre de recadrage un peu trop administrative sans analyser les conséquences qu'elle pourrait avoir."

franceinfo : Vous aviez préparé une pétition pour demander plus de moyens dans le sport français. Vous pouvez encore discuter avec le gouvernement ?

Denis Masseglia : Le sport a une importance sociétale que tout le monde reconnaît, mais aussi une importance économique. Depuis quelques années il contribue à la richesse de la nation, donc on demande un juste retour des choses. Pour réussir, il faut une organisation performante et des moyens adaptés. Aujourd'hui, on a besoin de modifier notre organisation et il nous faut quelques moyens, on ne demande pas des cents et des mille par rapport à ce qui existe aujourd'hui. Par contre, vouloir nous considérer comme n'importe quel secteur d'activité, c'est totalement contraire à l'objectif d'être performant en 2024, à celui de faire de la France une nation sportive. Donc, il va falloir choisir entre les objectifs que l'on nous fixe et les moyens pour y arriver, à un moment il y a une incompatibilité et on y est aujourd'hui.

Est-ce que la France aura les moyens d'organiser les Jeux Olympiques en 2024 ?

Ce n'est pas une question d'organisation, puisque le budget du Cojo (le comité d'organisation) est entièrement privé. Aujourd'hui, la vraie problématique elle est dans le fait qu'on ne considère pas le sport comme un investissement au service de la population et de la jeunesse. On a considéré le sport comme une charge et ça on ne veut plus l'entendre. Il faut qu'on ait un peu plus de considération à l'égard d'une activité que les Français aiment sinon la France ne sera jamais un pays sportif. Le sport mérite plus que des coupes budgétaires ou des lettres de cadrage sans qu'on ait de discussion sur le sujet.

Quel geste du gouvernement serait acceptable ?

Nous attendons un démenti concernant ces réductions de postes, mais la problématique du financement reste entière. Il faut se mettre à la place de tous les animateurs de clubs, ils sont nombreux, près de 3 millions de bénévoles, à qui on a laissé entrevoir que la perspective des JO de Paris 2024 allaient créer une dynamique, de sorte que tous ceux qui s'occupent du sport allaient pouvoir envisager l'avenir avec optimisme. Mais depuis un an et la date de l'attribution des jeux, nous avons eu la suppression des emplois aidés, la réduction de la part territoriale de l'aide au club et aujourd'hui les suppressions de postes, on peut difficilement faire mieux en terme de pessimisme. C'est pour ça qu'on réagit et la ministre a bien fait d'être à nos côtés sur ce point. Ce n'est pas totalement rassurant parce qu'il faut qu'elle soit suivie par le Premier ministre, mais c'est une bonne ouverture.