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Sarkoleaks : une "sorte de viol", une "affaire d'Etat"

REACTIONS | Après la publication par le Canard enchaîné de scripts d'enregistrements pirates par  Patrick Buisson de réunions autour de Nicolas Sarkozy quand il était président de la République, et même de versions sonores par le site Atlantico, la classe politique condamne presque unanimement ces enregistrements. Le PS parle d'une "affaire d'Etat" et envisage une enquête parlementaire.
Article rédigé par Sylvie Johnsson
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Philippe Wojazer Reuters)

Ces diffusions d'enregistrements de Patrick Buisson sont l'occasion pour les représentants de l'ex-majorité d'un concours de superlatifs.

Ainsi l'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin qui affirme sur France 2 qu'il "y a de quoi tomber de sa chaise " et que c'est "complètement désespérant de la nature humaine".

Sur France Info, Henri Guaino , l'ex-conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, qui fait partie des enregistrés à leur insu, dénonce une "sorte de viol " et demande des sanctions. Contre Patrick Buisson, mais aussi contre ceux qui ont "volé ces bandes pour les donner à la presse ", des bandes qui avaient, selon lui, été saisies par la justice dans le cadre de l'affaire des sondages de l'Elysée.

Des termes excessifs pour Me William Goldnadel, l'avocat de Patrick Buisson : "L'Elysée ce n'était pas une église. Certains prenaient des notes. Ceux qui crient haro sur le baudets sont les mêmes que ceux qui donnent de la publicité à cela".

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Claude Guéant, ancien secrétaire général de l'Elysée puis ministre de l'Intérieur sous la présidence de Nicolas Sarkozy, s'est dit "surpris, déçu et choqué ". "C'est pour moi une énorme  surprise, je ne m'attendais pas à une chose pareille. Il s'agit d'un procédé incompréhensible et inacceptable ", a-t-il déclaré au site du JDD.

François Fillon qualifie lui de "répugnants " les enregistrements. "Inacceptable", "détestable ", ajoute Christian Jacob , le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, qui se dit choqué par ce "voyeurisme". Mais "Dieu merci, les Français font la part des choses."

Bruno Le Maire , député UMP de l'Eure, ancien ministre de Nicolas Sarkozy relativise sur RFI : "Est-ce que c'est grave? Oui. Est-ce que c'est au coeur de mes préoccupations? Non. Est-ce que c'est au coeur des préoccupations des Français qui viennent de  se prendre 98.000 chômeurs de plus le mois dernier? Non" .  

Sur i-Télé l'ancien ministre UMP Brice Hortefeux , président de l'association des Amis de Nicolas Sarkozy, refuse de "commenter des polémiques inutiles".

Et le principal intéressé, Nicolas Sarkozy n'a pas encore fait de commentaires.

Une "affaire d'Etat" pour le PS

"Parce qu'il a été chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy ne peut accepter que l'honneur de la fonction qu'il a occupée soit aujourd'hui ridiculisé, sali, abaissé. Nicolas Sarkozy et les autres responsables de l'Etat concernés par ces écoutes doivent saisir la justice de cette affaire qui est une affaire de l'Etat. On ne peut que s'étonner qu'ils ne l'aient pas déjà fait" affirme  le patron du PS, Harlem Désir .

"C'est quand même une affaire exceptionnellement grave. On parle d'écoutes qui ont été réalisées sur les plus hautes personnalités de l'EtatJ'imagine que les personnes concernées vont porter plainte. En tout cas, elles ont toute légitimité à le faire. Ca sera d'ailleurs sans doute la meilleure façon de faire toute la lumière sur les circonstances exactes de ces écoutes et de leur rythme. Est-ce qu'elles ont été exceptionnelles ? (...) Régulières ? " s'est interrogée ce matin la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem.

"Ça dénote bien ce que c'était cette bande autour de Sarkozy " affirme Jean-Vincent Placé , le président du groupe EELV au Sénat.

"Depuis hier, on découvre un peu effarés les pratiques qui existaient  autour du président de la République. On entend au fond qu'il y a l'air de la trahison qui est entonné par des personnes qui ont un peu de mal à passer pour  des vierges effarouchées ", réagit Marisol Touraine.

"Je suis atterrée par de telles pratiques, c'est une question de morale publique ", a réagi sur France Inter la ministre de la Justice Christiane Taubira. "Moi, je me m'amuse vraiment pas quand on affaiblit les institutions".

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