: Vidéo "L'Emission politique". Alain Juppé à la rencontre de demandeurs d’emploi de la région parisienne
Le candidat à la primaire de la droite s’est rendu à la Maison des chômeurs, une association accompagnant des demandeurs d’emploi à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. Un reportage diffusé dans “L’Emission politique”, le 6 octobre 2016.
Chaque matin et après-midi, ils sont une cinquantaine à venir prendre un café, chercher leur courrier ou tout simplement discuter. Tous viennent de Nanterre ou des communes voisines. Tous sont à la recherche d’un emploi. Certains sont au chômage depuis quelques mois, d’autres depuis bien plus longtemps. À la Maison des chômeurs, les accompagnants, assistantes sociales et formateurs les accueillent au quotidien, quelle que soit leur situation. L’objectif : leur offrir un lieu d’écoute, et les aider à retrouver le chemin de l’emploi.
“L’Emission politique” a suivi Alain Juppé, ancien Premier ministre et maire de Bordeaux, à la rencontre de ces demandeurs d’emploi. Le candidat à la primaire de la droite des 20 et 27 novembre propose plusieurs mesures les concernant directement. Parmi elles : la dégressivité des indemnités chômage, le plafonnement de ces allocations et des minima sociaux, et la possible réduction du temps d’indemnisation.
Face à ces chômeurs, Alain Juppé se veut rassurant. Il conditionne ces mesures à la reprise économique. Si “le marché du travail redémarre”, les allocations chômage baisseront de 25% à partir d’un an d’indemnisation — deux ans pour les chômeurs de plus de 50 ans — puis de 25% supplémentaires six mois plus tard. Le candidat prévoit également une dégressivité supplémentaire pour les demandeurs d’emploi refusant deux formations ou offres d’emploi adaptées à leurs compétences. Il souhaite enfin réduire le temps d’indemnisation, sans donner de précisions pour l’instant.
“Le chômage, c’est une spirale”
A la Maison des chômeurs, ces mesures inquiètent à la fois les accompagnants et les demandeurs d’emploi. Valérie, 53 ans, s’est retrouvée au chômage à la suite d’un problème de santé. L’indemnité qu’elle perçoit aujourd’hui couvre difficilement ses dépenses quotidiennes et son loyer. Et la recherche d’emploi est longue. “J’ai peur de l’avenir” dit-elle, inquiète, face à Alain Juppé. Si ses indemnités chômage sont réduites, Valérie se demande si elle pourra rester dans son appartement. “Couper les vivres n’est pas la solution. Il faut vivre !”
Plusieurs demandeurs d’emploi, comme Valérie, reconnaissent qu’il existe des abus et que certains “se complaisent” dans le système d’indemnisation. C’est à ce problème qu’Alain Juppé veut s’attaquer en proposant la dégressivité des allocations chômage. Mais pour beaucoup, il s’agit d’une infime minorité. La dégressivité pénaliserait donc l’ensemble des chômeurs pour répondre à une poignée d’abus. “Ces allocations sont une roue de secours. On va taper sur des gens qui veulent retrouver un emploi”, poursuit Lorena, 44 ans, à la recherche d’un emploi depuis six mois.
Romain, 29 ans, est quant à lui demandeur d’emploi depuis un an. Il interpelle Alain Juppé sur sa proposition, qui vise à inciter les chômeurs à retravailler plus vite. “Si je suis au chômage, c’est parce qu’il n’y a pas de travail !”, réagit-il. Le jeune homme explique entendre souvent l’idée selon laquelle le chômeur “est un paria”. “Il faut se rendre compte : le chômage, c’est une spirale”, confie-t-il.
La dégressivité, mesure inefficace ?
L’équipe de la Maison des chômeurs s’interroge aussi sur ces propositions d’Alain Juppé. Selon eux, la dégressivité pourrait créer une difficulté supplémentaire pour les demandeurs d’emploi de longue durée. Avec moins de ressources, ces chômeurs devront se concentrer sur les premières nécessités — se nourrir, se loger et se soigner. Cela risquerait, selon les accompagnants de l’association, de les éloigner encore davantage de l’emploi.
Face aux chômeurs, Alain Juppé promet un seuil minimum d’indemnité chômage, autour de 870 euros par mois. Il maintient cependant ses positions sur la réduction de ces allocations. “On ferait mieux de travailler au retour de ces personnes vers l’emploi”, réagit Pierre-Edouard Magnan, ancien directeur de la Maison des chômeurs et délégué fédéral du Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP).
“Aujourd’hui, il n’y a pas d’emploi pour ces chômeurs, mais on met quand même la faute sur eux”, poursuit-il. “Ce qui manque, c’est le travail, pas l’envie”. Pierre-Edouard Magnan précise que les allocations chômage ont déjà été dégressives en France — entre 1992 et 2001 — et que cette mesure s’est avérée peu efficace.
Un soutien pour créer une activité et de l’emploi
A l’association, Alain Juppé rencontre également un groupe de créateurs d’entreprise de Nanterre, soutenus par la Maison de l’Emploi et de la Formation (MEF) de la ville. Eux aussi sont demandeurs d’emploi. Par choix personnel ou faute de retrouver un travail, ils ont décidé de devenir entrepreneurs.
Tous ont besoin de leurs indemnités chômage ou du RSA pour vivre et lancer leur activité. “C’est un tremplin pour la création de ma société”, nous explique Ouafah Sniky, styliste. “Sans cette indemnité, je ne pourrais pas le faire”. Alain Juppé écoute ses arguments, mais restera sur ses positions. “Ce n’est pas l’indemnisation du chômage qui doit faire vivre une entreprise”, affirme-t-il. Pour l’instant, elle permet pourtant à ces chômeurs de créer de l’activité — et à terme, peut-être même des emplois.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.