Villepin relaxé, en lice pour 2012 ?

Les juges ont relaxé Dominique de Villepin. Savait-il que les listings Clearstream accusant Nicolas Sarkozy de détenir de l’argent sale à l’étranger étaient des faux ? Aucun élément n’a pu le prouver. Cependant un attendu du jugement souligne tout de même "qu’il pressentait l’avantage politique qu’il pouvait tirer de ces révélations dans un contexte de rivalité notoire". Effectivement à cette époque Nicolas Sarkozy était en pleine course à la présidentielle.

Un anniversaire au goût amer pour Nicolas Sarkozy. Une défaite pour le président, qui fêtait aujourd’hui ses 55 ans et dont l’avocat Thierry Herzog avait plaidé quatre heures au procès pour tenter d’obtenir que l’ancien Premier ministre soit désigné comme l’instigateur du complot. Aujourd’hui Dominique de Villepin déclare : "C’est vers l’avenir que je veux me tourner, pour servir les Français et contribuer dans un esprit de rassemblement au redressement de la France". Et ce retour n’est pas sans conséquence pour la politique française. A 56 ans, l'ancien Premier ministre pourrait s’affirmer à droite, en vue de la prochaine présidentielle, comme un opposant au président.

Le "non-élu" se présente en effet comme le seul capable d’incarner "l’alternative" pour 2012. Gaulliste, longtemps homme de l’ombre de Jacques Chirac, il est l’un des instigateurs de la dissolution de 1997. Secrétaire général de l’Elysée de 1995 à 2002, il devient ensuite ministre des Affaires étrangères. En février 2003, à la tribune de l’ONU, il porte le "non" de la France à la guerre en Irak. Après un passage à l’Intérieur en 2004, il est à Matignon un an plus tard sans jamais avoir affronté le suffrage universel. En 2006 la crise du CPE puis l’affaire Clearstream le projettent dans un ouragan dont il ne sort qu'aujourd’hui.

A propos de sa relaxe, l’ancien Premier ministre estime que "justice a été rendue, après plusieurs années d’épreuves mon innocence a été reconnue". Pour François Goulard, proche de l'ancien Premier ministre, ce procès était "un obstacle (...) sur la route de Dominique de Villepin" . Le député du Morbihan a estimé que ce dernier "trace un chemin, une démarche politique originale", ajoutant qu'"il n'y aura pas d'obstacle pour l'arrêter". Sauf un appel du jugement. Le Parquet dispose de dix jours à compter d’aujourd’hui pour le faire…

Caroline Caldier avec agences