Procès AZF : un ex-juge affirme que la piste criminelle a été négligée
L'ancien juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière était appelé à témoigner au procès en appel de l'explosion d'AZF à Toulouse (Haute-Garonne), mardi. Selon lui, plusieurs détails montrent que l'enquête n'a pas été conduite assez sérieusement.
Appelé à témoigner au procès en appel de l'explosion de l'usine AZF à Toulouse (Haute-Garonne), l'ex-juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière a persisté mardi 20 décembre à soutenir que l'enquête sur les causes de la catastrophe avait sous-exploité la piste criminelle. Cet homme, qui a quitté la magistrature en 2007, estime notamment qu'on n'a "pas étudié en profondeur les fadettes", les factures téléphoniques détaillées de plusieurs protagonistes. D'autres détails retiennent son attention.
Selon lui, on a ainsi "perquisitionné trop tardivement" chez Hassan Jandoubi, un manutentionnaire d'AZF tué comme 30 autres personnes par la catastrophe du 21 septembre 2001. Selon une note des renseignements généraux (RG) du 3 octobre 2001, dont la pertinence est contestée par un ancien responsable de la police judiciaire Roger Marion, Hassan Jandoubi aurait eu des relations avec des islamistes.
L'ancien juge a expliqué s'être "forgé sa conviction" en 2010 en prenant connaissance de l'ensemble du dossier quand il s'est vu confier une mission de consultant pour le compte du groupe Total, maison-mère de Grande Paroisse, propriétaire de l'usine. Dans son rapport, Jean-Louis Bruguière conteste un "choix délibéré (...) d'une orientation univoque de l'enquête, celle de l'accident industriel". Avec une seule piste, "on n'a pas appliqué le principe de précaution judiciaire".
"Rapprochements hasardeux"
Roger Marion, qui l'a précédé à la barre, a au contraire pleinement soutenu le travail mené par les enquêteurs au lendemain de la pire catastrophe industrielle en France depuis 1945. Il s'est déclaré "extrêmement choqué" de la teneur du rapport de Jean-Louis Bruguière. Pour lui, les soupçons contre Hassan Jandoubi étaient nés de "rapprochements hasardeux" qu'avaient faits les RG et qui se sont révélés erronés.
A l'inverse, l'ex-juge Bruguière avait évoqué la "possibilité d'un scénario impliquant un groupe local non nécessairement lié à une mouvance connue", ce qui expliquerait l'absence de revendication crédible et de retour d'information des services de renseignements.
L'hypothèse de l'acte criminel a été écartée lors de l'instruction. Celle-ci a retenu la piste d'un accident chimique dû à des négligences de Grande Paroisse et du directeur de l'usine Serge Biechlin. Poursuivis pour homicides involontaires, ils ont été relaxés en première instance en l'absence de preuve matérielle.
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