PSG : est-ce une bonne idée de remercier son coach en milieu de saison ?
Carlo Ancelotti serait sur un siège éjectable au PSG, 4e de Ligue 1. Si les dirigeants du club lisent cet article avant d'appuyer sur le bouton, ils changeront peut-être d'avis.
FOOT - José Mourinho dit sur Al Jazeera qu'il aimerait bien entraîner dans un championnat autre qu'espagnol ? Il est pressenti au PSG. Pep Guardiola passe un week-end à Doha, au Qatar ? Il est pressenti au PSG. Michel Denisot, l'ancien président des bonnes années (1991-1998) ? Il est systématiquement pressenti au PSG. Bref, le club de la capitale, qui va moins bien depuis que Carlo Ancelotti a parlé de "crise", est secoué par des rumeurs de changement d'entraîneur en ce début décembre. Est-ce une bonne idée ? Le fameux choc psychologique existe-t-il ? Eléments de réponse.
Un choc psychologique à durée limitée...
Les deux études les plus approfondies sur la question montrent que le départ de l'entraîneur produit un net mieux sur les résultats de l'équipe pendant une douzaine de matchs. Ensuite, la situation revient à la normale. Ainsi, l'étude What is the Impact of Changing Football Manager 2012 ? portant sur Chelsea indique que les multiples changements de coachs effectués par Roman Abramovitch, le propriétaire du club anglais, ne se sont traduits que par un gain de 0,11 point par match (PDF, p.3), soit 4 points en fin de saison pour un changement d'entraîneur.
Dans la tête des joueurs, l'effet est encore plus bref. "Un changement d'entraîneur pousse les joueurs à se remettre en question, ça rebat les cartes au sein de l'effectif, explique à francetv info le préparateur mental Olivier Guillier, qui s'occupe de nombreux sportifs en France et en Europe. Mais ça ne dure que quelques matchs : les joueurs qui ne jouaient pas avant, s'ils ne jouent pas après le changement d'entraîneur, retombent dans la routine."
... qui s'arrête à la frontière
Depuis que les limogeages d'entraîneurs sont devenus une composante à part entière du football professionnel, beaucoup d'universitaires se sont penchés sur la question dans de nombreux pays européens. La conclusion... est qu'on ne peut pas tirer de conclusion. Ainsi, en Espagne ou en Angleterre, des études statistiques montrent que changer l'entraîneur amène un léger mieux en terme de points, mais pas en Italie, en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Belgique, résume Sporting Intelligence (en anglais). Personne n'a encore étudié la question en France.
Le moment fatidique arrive toujours
D'après l'universitaire britannique Chris Hope, cette décision des dirigeants répond à un modèle statistique. D'après lui, la vie d'un entraîneur de foot se compose de trois phases : 1) la lune de miel, quand les patrons du club n'envisagent à aucun moment de le remercier ; 2) la stabilisation des résultats ; 3) une fatidique série de cinq mauvais matchs. C'est là où les dirigeants, soucieux de maximiser le résultat de l'équipe, se séparent du technicien en oubliant la bonne dynamique passée. Cinq mauvais matchs ? Le PSG de Carlo Ancelotti a pris 4 points sur 15 possibles en Ligue 1, avec une seule victoire contre Troyes pour égayer le tableau.
Une solution de facilité
Pour Olivier Guillier, il y a de nombreuses autres manières d'obtenir un choc psychologique... bien moins coûteuses qu'un licenciement à 11 millions d'euros pour Carlo Ancelotti. "Il existe différents types d'exercices qui peuvent remobiliser un groupe", explique-t-il. Par exemple, l'exercice "attentes et engagements mutuels", qui permet d'accroître la solidarité dans le groupe en laissant chacun exprimer ses désirs. "On peut aussi proposer aux joueurs une série de petits challenges. Quand j'étais au Mans, on s'était fixé de prendre 11 points en 5 matchs pour remonter dans le haut du tableau. Certains joueurs ne marchent que comme ça. Ça permet de les mobiliser et de diminuer les réactions extrêmes (euphorie, panique) après une victoire ou une défaite. Au final, on peut jouer sur beaucoup de ressorts. Limoger l'entraîneur devrait être la dernière extrémité. C'est une réponse beaucoup trop facile et bien souvent, ça ne change rien."
"Etre entraîneur, c'est comme vivre sur un volcan : chaque jour peut être le dernier", résume Arsène Wenger, qui s'occupe d'Arsenal depuis 1996. La durée de vie moyenne d'un entraîneur à la tête d'un club européen est tombée à deux ans dans le sport professionnel. Sans qu'on sache si une telle instabilité porte ses fruits... sauf pour les bookmakers. Parier sur le prochain coach viré est devenu un business. Le site The Sack Race compile les pronostics sur les prochains mouvements. On y apprend que Guy Lacombe, une des moustaches les plus célèbres du foot français, qui officie actuellement à Dubaï, est coté à 33/1 pour prendre la succession d'Arsène Wenger si les choses tournaient mal à Arsenal.
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