Que fait Barack Obama en Afrique ?
Le président américain a entamé une tournée sur le continent mercredi. Il visitera la Tanzanie, le Sénégal et l'Afrique du Sud.
Semaine chargée pour Barack Obama. Le mercredi 26 juin, le président américain a entamé sa tournée d'une semaine en Afrique, qui l'emmènera au Sénégal, en Afrique du Sud et en Tanzanie. Le coût du voyage – on évoque 100 millions de dollars – fait déjà polémique aux Etats-Unis. Pourquoi le président s'est-il décidé à effectuer ce déplacement ?
Il renoue avec ses origines ? Pas du tout
"Il était temps", écrit le journal sénégalais Dakar actu à propos de la visite de Barack Obama. Le continent africain attend en effet cette visite depuis le début du premier mandat d'Obama. L'élection d'un afro-américain à la Maison Blanche a été vécu comme un moment historique pour l'Afrique en 2008. Lui, en tant que fils d'un immigré du Kenya, était vu sur le continent comme un lien entre l'Afrique et les Etats-Unis. Mais la réélection en 2012 a suscité beaucoup moins d'enthousiasme, rappelle RFI.
Car si en 2009 Barack Obama rappelait, au Ghana, que "le sang de l'Afrique coule dans ses veines", cette escale express de moins de 24 heures avait été sa seule incursion présidentielle sur le continent où est né son père. Même ses prédécesseurs Bill Clinton et George W. Bush se sont rendus plusieurs fois en Afrique, rappelle la BBC (lien en anglais). Il est vrai que les préoccupations des Etats-Unis lors de son premier mandat portaient davantage sur la crise économique, la fin de l'engagement américain en Irak et en Afghanistan, et les relations avec l'Asie.
Il cherche à promouvoir la démocratie ? Un peu
Une déclaration publiée sur le site de la Maison Blanche assure que "le voyage souligne les efforts du président pour élargir et approfondir la coopération entre les Etats-Unis et la population de l’Afrique subsaharienne afin de faire avancer la paix et la prospérité mondiale". Effectivement, ce voyage serait une façon de distinguer les bons élèves, et d'ignorer les mauvais. Comme le note Jeune Afrique, le président américain choisit déjà avec soin les chefs d'Etat africains qu'il reçoit à Washington. "Les putschistes et les présidents à vie ne sont pas les bienvenus." Le choix du pays pour sa première visite n'aurait donc rien d'aléatoire : puisque dans ses discours il parle de démocratie et de paix, il se rend dans les pays qui appliquent ces principes : le Sénégal, la Tanzanie et l'Afrique du Sud.
Selon Slate Afrique "le Sénégal aura fait la preuve de sa maturité démocratique lors de la dernière présidentielle" et la Tanzanie a su préserver "l'héritage démocratique de son premier et charismatique président, Julius Nyerere". Quant à l’Afrique du Sud, Slate Afrique estime que, "au-delà de ce qu'on peut reprocher au régime de Jacob Zuma, elle est une des meilleures expériences de lutte pour l’égalité et la démocratisation sur le continent".
Le plus grand perdant de cette tournée ? Le Kenya, le pays d'origine de son père, que le président américain ne visitera pas car "le président actuel, Uhuru Kenyatta, s’apprête à comparaître devant la Cour internationale de justice pour crime contre l’humanité" explique le journal britannique The Guardian.
Il est en voyage d'affaires ? Oui
Mais si l'Afrique intéresse Obama, ne serait-ce pas, surtout, parce qu'elle intéresse les investisseurs américains ? Comme le note RFI, "600 personnes, dont bon nombre d’investisseurs potentiels, font partie de la délégation américaine".
Depuis dix ans, le continent africain se porte de mieux en mieux, révélait The Economist, évoquant un "réveil de l'Afrique". L'Afrique est également, derrière l'Asie, la région du monde où la croissance est la plus forte. Or, ce ne sont pas les Etats-Unis, mais la Chine qui profite aujourd'hui le plus du potentiel du continent africain. Les dirigeants chinois Hu Jintao et Xi Jinping ont effectué plusieurs voyages sur le continent africain pour promouvoir les relations commerciales entre la Chine et l'Afrique. Aujourd’hui, Pékin a supplanté Washington comme premier partenaire du continent : le commerce entre la Chine et l'Afrique a atteint plus de 166 milliards de dollars par an en 2011, alors que le commerce entre les Etats-Unis et l'Afrique ne représentait que 94,3 milliards de dollars cette année-là, explique Reuters (lien en anglais).
Aujourd'hui, le président américain chercherait donc à rattraper son retard face à la Chine. Comme l'explique le chercheur Martin Michelot pour RFI, Barack Obama compte sur les pays africains alliés pour "tourner l’Afrique dans la bonne direction".
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