: Vidéo Entre action sociale et condamnations, qui est le Bastion social ?
Après plusieurs semaines de négociations, le Bastion social de Lyon a accepté de nous ouvrir les portes de son local, installé dans le vieux Lyon. Un bar associatif où s'affichent leur slogan politique – "les nôtres avant les autres" – et leurs origines : le GUD notamment, le Groupe union défense, un syndicat étudiant d'extrême droite.
Ici, c'est aussi un visage social que l'on veut montrer. Sur une étagère à l'entrée du local sont rangées des pâtes et des conserves que les militants du mouvement distribuent à des sans-abri, français donc. Nous avons été autorisés à les suivre lors d'une maraude. Deux heures à arpenter le centre-ville en fin de journée, une petite dizaine de colis sous le bras.
Premier bénéficiaire du jour : "Alex". Ce monsieur qui fait la manche devant une boulangerie connaît bien le Bastion social. Lui l'assure, ils ne parlent jamais de politique ensemble. Mais Thibault Monteux, 18 ans, l'un des militants à qui nous avons le droit de poser des questions, concède : "On n'oblige personne à prendre sa carte chez nous, mais évidemment, au final, ils s'attachent à notre mouvement. Oui, toute l'action est politique."
"Les extra-Européens nous dérangent"
Surprise, ce soir-là, le groupe distribue des sacs à cinq personnes, dont un homme qui n'est pas français. Il vient de Lettonie. Réponse bien apprise du jeune militant : "Il y a un socle civilisationnel pour tous les Européens, ça ne nous dérange pas. Ce qui nous dérange, ce sont les extra-Européens qui viennent et qui quittent leurs terres. Ça, ça nous dérange !" Et si ces sans-abri avaient été africains ou asiatiques ? "Si la personne nous demande de la nourriture, on ne va pas lui dire non. On va lui donner, mais sur le long terme, ce sont les Français qu'on va aider", explique Thibault Monteux.
En un an, le mouvement s'est implanté à Lyon, Strasbourg, Marseille, Aix-en-Provence, Chambéry et Clermont-Ferrand. Mais pour l'instant, il fait moins parler de lui pour ses œuvres sociales que pour les condamnations de certains de ses membres. A Strasbourg et Marseille, plusieurs militants ont été condamnés ces derniers mois à des peines de prison pour violences.
Les chefs du mouvement, loin de condamner ces violences, plaident la légitime défense : "Il y a des consignes et on n'attaque jamais. Par contre, on se défend", justifient Valentin Linder, le président du Bastion social, et Stanislas Corsac, du bureau politique national.
Demande de dissolution
Très présents sur les réseaux sociaux, ces militants mettent surtout en avant leurs actions envers les plus démunis. En Alsace, ils ont publié de nombreuses photos de Robert, un ancien sans-abri à qui ils ont apporté un soutien et qu'ils affirment avoir aidé à trouver un logement en mars dernier. "Ça faisait plusieurs mois qu'il était dehors sans véritable aide et comme par hasard, nous, on va une fois à la mairie, et un mois plus tard, il a un logement", affirme Valentin Linder.
Une version démentie par la mairie qui a relogé l'ancien sans-abri. Marie-Dominique Dreyssé, adjointe au maire en charge de l'action sociale territoriale, est agacée par ce qu'elle décrit comme une instrumentalisation politique. "Ce monsieur Robert était dans un processus d'accompagnement depuis le mois de novembre. Le Bastion social a instrumentalisé une situation pour développer un discours de discrimination", s'énerve l'élue, qui rappelle qu'en janvier dernier, le conseil municipal de Strasbourg a voté à l'unanimité une motion demandant la dissolution du Bastion social.
A Clermont-Ferrand, le mouvement vient d'annoncer lui-même la fermeture de son local. Vendredi dernier, trois de ses militants ont été condamnés pour violences commises en réunion. Ils ont dix jours pour faire appel.
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