Réflexion faite : le drapeau a-t-il sa place en classe ?
Les députés vont revoter sur un amendement resurgi par hasard dans les discussions sur la réforme de l’école : celui d’obliger la présence des drapeaux français et européen dans les classes. Alexandre Lacroix, directeur de la rédaction de Philosophie magazine, tente d’expliquer cette volonté de l’État.
Ramener les drapeaux dans les classes, peut-on appeler ça une éducation au symbole ? Alexandre Lacroix, directeur de la rédaction, explique : "Il faut s’interroger sur l’essence même de l’éducation avec Hannah Arendt qui a écrit un article ‘La crise de l’éducation’ en 1954. Elle nous dit que l’essence même de l’éducation est liée au fait que de nombreux êtres humains naissent sans cesse. Le phénomène de l’humanité est lié à l’humanité". Et d’ajouter. "Le monde humain ne cesse de se désagréger, de s’abîmer. Et le moment de l’éducation est très particulier. Il faut faire en sorte que les nouveaux humains aient à cœur de conserver le monde et ne se laissent pas se disloquer dans la différence".
Les professeurs agents de l’État ?
Les élèves doivent-ils s’inscrire dans une continuité entre générations ? "Cela signifie également que le moyen de préserver le monde n’est pas préétabli. Et les problèmes qui se poseront à l’avenir n’auront pas pour solution les remèdes du passé. Ce qu’explique Hannah Arendt, c’est qu’il faut séparer le domaine de la politique, des adultes et celui de l’éducation, qui concerne les mineurs et les enfants", précise Alexandre Lacroix.
Avec des deux drapeaux, les enseignants sont-ils des agents officiels ? "Que représente le professeur dans sa classe ? Le président ? Le parti ? Les intérêts de la République ? Non. Pour Hannah Arendt, il représente le monde (…), il ne faut pas que les considérations politiciennes s‘invitent dans la classe".
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