: Vidéo Trafic de drogue à Orange : la procureure du tribunal de Carpentras visite les points de deal
Le tribunal judiciaire de Carpentras est classé parmi les plus petites juridictions de France, son ressort couvre la moitié Nord du Vaucluse, ce qui représente 240 000 habitants, avec deux villes principales, Carpentras et Orange. Pourtant, son activité en matière de trafic de stupéfiants est deux fois supérieure aux autres juridictions de même taille et il se classe même au-dessus de la moyenne nationale.
Au début du mois de mars 2024, dans le cadre d’une opération "place nette" à Orange, les policiers ont saisi près de 4 kilos de stupéfiants et interpellés sept individus en lien avec le trafic de drogue. Lors des gardes à vue, un lieu revient souvent, le quartier de Fourchevieilles.
Les guetteurs verbalisés quotidiennement
La procureure Hélène Mourges a vu les affaires de trafic de drogue faire gonfler le nombre de procédures lors du bilan de l’année 2023 à Carpentras. Elle veut comprendre comment s’organise le trafic. Equipée d’un gilet pare-balles et accompagnée par deux policiers, elle embarque à l’arrière de leur voiture pour se rendre dans les quartiers sensibles d'Orange.
Dès leur arrivée aux abords de la cité, les hurlements des guetteurs se font entendre. "Arah, c’est pour prévenir que la police arrive et après, ils précisent l’endroit où nous sommes, par exemple l’école", précise l’un des policiers. Ces hommes, souvent jeunes, qui alertent les vendeurs dès qu’une patrouille arrive, sont verbalisés quotidiennement. Le matin même, cinq d’entre eux ont payé une amende de 135 euros.
Les habitants excédés
A l’intérieur de la cité, le policier explique à la procureure l’organisation du trafic, où chacun a un rôle bien précis. Il lui démontre aussi les difficultés que rencontrent les forces de l’ordre pour intervenir : "Là, c’est une zone de deal. Ici, ça va plutôt être les gérants, les banquiers, ils se positionnent à cet endroit parce que c’est une zone compliquée à surveiller pour nous à cause des arbres. En général, ils sont là ou sous le petit toit ici, comme ça, on n’arrive pas à voir qui récupère l’argent. Je vais vous montrer toutes les zones de deal parce qu’elles peuvent changer plusieurs fois dans la journée."
Plus la voiture se rapproche des revendeurs et plus les hurlements se multiplient et deviennent assourdissants. Un des guetteurs a même l’audace de pousser son "Arah" devant la vitre ouverte de la procureure. "Les gens sont excédés par ça, là on est en pleine journée, mais vous venez à 3 heures du matin, ça sera pareil. Et ça résonne à des centaines de mètres, jusqu’à 500 ou 600 mètres, vous les entendez, même dans le quartier d’en face, on les entend, la nuit ça porte…", dénonce le policier.
De retour au tribunal de Carpentras, Hélène Mourges dresse le bilan de ses constatations sur le terrain : "La visite, c’est pour faire un point sur ces zones dites 'commerciales' de trafic de stup, donc c’est à peu près ce à quoi je m’attendais. Mais après, les organisations sont complètement différentes selon les lieux. Dans un des quartiers, le dernier que nous avons visité, il y a eu des démolitions d’habitats sociaux qui ont complètement ouvert le quartier et qui ont fait cesser les transactions, donc c’est vrai que l’aménagement urbain a quand même un fort impact sur la manière dont sont organisés les réseaux."
Extrait de "Le tribunal de Carpentras" diffusé dans "13h15 le dimanche" le 5 mai 2024.
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