: Vidéo "Affaires sensibles". L'affaire Leonarda, "c'est l'histoire d'une micro-affaire qui devient un gros boulet"

Nous sommes en octobre 2013. L'expulsion d'une collégienne rom de 15 ans, interpellée au cours d'une sortie scolaire, a déclenché une crise politique et un tsunami médiatique. Mais "l'affaire Leonarda" est loin d'être terminée... Dans une tentative de clore une polémique qui commence à l'inquiéter par son ampleur, le président François Hollande va lui-même jeter de l'huile sur le feu avec son allocution télévisée du samedi 19 octobre. Sa proposition de réserver un accueil à l'adolescente seule, sans sa famille, va lui attirer des critiques cinglantes... et le refus en direct de l'intéressée, interviewée par BFM TV.

François Hollande cherche un coupable

Ce même samedi, après ce fiasco, François Hollande téléphone à son ministre de l'Education. Vincent Peillon le sent "très meurtri", confie-t-il au magazine "Affaires sensibles". Cette affaire "est vraiment une épreuve". Le président va alors chercher des responsables à ce ratage. Parmi les coupables désignés, "les médias, qui montent en épingle une affaire qui ne méritait pas d'être mise à la une de l'actualité." Dans la ligne de mire de François Hollande, les chaînes d'info en continu, et particulièrement BFM TV, à qui il reproche le télescopage de son allocution avec la réaction de Leonarda. "On n'allait pas appeler l'Elysée avant pour leur dire : 'Vous avez bien compris que derrière l'intervention du président, on allait interviewer Leonarda ?'", se défend Alain Weill, PDG du groupe NextRadioTV (auquel appartient BFM TV).

"C'est peut-être l'histoire de la dernière faute importante d'un homme politique dans la gestion des chaînes d'information."

Alain Weill, PDG de NextRadioTV

dans "Affaires sensibles"

Pour François Hollande, les répercussions de "l'affaire Leonarda" seront sévères. Les journalistes Fabrice Lhomme et Gérard Davet livrent leur analyse : "Les dégâts étaient là, ils étaient faits, et il n'a jamais pu renverser la vapeur de ce point de vue-là. Il n'a jamais pu convaincre l'opinion publique qu'il était finalement un dirigeant qui savait prendre de la hauteur et qui avait de la poigne. On a retenu plutôt l'inverse." La cote de popularité du président s'effondre : elle chute à 26% d'opinions favorables, un record historique. Jamais un chef de l'Etat n'était descendu en dessous de la barre des 30%... La "micro-affaire" est devenue "un gros boulet", selon les mots de Gérard Davet. Un boulet, et "un tournant" dans le quinquennat Hollande, avec de lourdes conséquences à venir pour toute la gauche, juge aujourd'hui Vincent Peillon. 

Leonarda veut sa revanche

Quant à celle qui donne son nom à cette affaire, neuf ans après les faits, elle n'a qu'une idée en tête : prendre sa revanche. L'équipe d'"Affaires sensibles" l'a retrouvée en Croatie ; c'est la première fois depuis la polémique qu'elle parle à des journalistes.

"Un jour, je vais repartir en France, et j'irai voir François Hollande. Pas pour lui parler, mais pour lui montrer que je suis là où il a dit que je n'aurais pas le droit d'être. En attendant, François Hollande a volé tous mes rêves."

Leonarda Dibrani

dans "Affaires sensibles"

Leonarda Dibrani a aujourd'hui 24 ans, elle s'est mariée et mène une vie modeste qui semble la rendre heureuse, mais elle regrette toujours l'expulsion de sa famille. Son passeport croate lui permettra sans doute de revenir s'installer légalement en France, quand la Croatie sera entrée dans l'espace Schengen... 

Extrait de "Leonarda, l'adolescente qui a défié le président", une enquête réalisée par Marine Haag, à voir le 7 décembre 2022 dans "Affaires sensibles", une coproduction France Télévisions, France TV presse, France Inter et l’INA, adaptée d’une émission de France Inter.

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