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Complément d'enquête. Sexe et pouvoir : que cache l'affaire Baupin ?

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Article rédigé par franceinfo
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"Libertinage incompris, jeux de séduction"... C'est la ligne de défense du député EELV Denis Baupin, dont plusieurs élues ont dénoncé les textos salaces et les tentatives d'attouchements. Un mois et demi après les premières révélations, "Complément d'enquête" revient sur ce scandale et, plus largement, sur la question du harcèlement sexuel.

Au sommaire : 
- Les dérapages d'un libertin
- Métro, boulot, sextos
- USA : le prix du harcèlement

Remarques sexistes, textos salaces, attouchements dans les couloirs de l'Assemblée... Le scandale éclate le 9 mai. Après enquête, Mediapart et France Inter révèlent plusieurs témoignages d'élues écologistes mettant en cause le député EELV Denis Baupin pour agressions et harcèlement sexuels. En tout, treize femmes se disent victimes de ses agissements ; trois ont, depuis, porté plainte (Isabelle Attard, Sandrine Rousseau et Elen Debost).

A la suite de l'affaire Baupin, plus de 500 militants et élus ont signé une tribune dans Libération "pour que l'impunité cesse". Sans aller aussi loin, le machisme reste de tradition à l'Assemblée : on se rappelle l'incident de la robe de Cécile Duflot ou les caquètements d'un député… "Nous ne nous tairons plus !" jurent les 17 femmes politiques qui ont lancé le 15 mai dernier un appel dans le JDD contre le "sexisme ordinaire". 

La parole libérée ?

Au-delà de l'Hémicycle, l'affaire Baupin a-t-elle contribué à "libérer" la parole ? Les enquêtes sur les "violences sexuelles faites aux femmes au travail" et les témoignages de harcèlement dans les transports se multiplient. 

Au moins 20% des femmes actives disent avoir dû faire face à une situation de harcèlement sexuel au cours de leur vie professionnelle. Un chiffre sans doute sous-évalué car beaucoup ont peur de porter plainte ou refusent même d’en parler. Dans un quart des cas seulement, le harceleur est sanctionné.

Des bancs de l’Assemblée nationale aux petites PME du Limousin en passant par San Francisco, "Complément d’Enquête" sur un tabou qui est en train de se briser. 

Au sommaire 

Affaire Baupin : les dérapages d'un libertin

Qui est Denis Baupin, l'élu écologiste père du Vélib’, dépeint en "gendre idéal" par Libération il y a une dizaine d'années ? Au sein d'EELV, on savait depuis longtemps le député plutôt "lourdingue" dans ses comportements envers ses collègues féminines. Les premiers témoignages ont encouragé d'autres victimes à parler. Une militante a par exemple raconté comment, en 1999, Baupin l'a agressée dans son bureau : "C'est une pieuvre qui m'a sauté dessus. Il a essayé de m'embrasser par tous les moyens. Je me suis débattue…" 

Après ce scandale, Denis Baupin a dû démissionner de la vice-présidence de l'Assemblée nationale. Cependant, il conteste ces accusations, arguant de "libertinage incompris" ou de "jeux de séduction" et se défendant d'être "le DSK des Verts".

Reportage de Rola Tarsissi, Benjamin Poulain et Vincent Gobert.
Invitée : Aline Rigaud, victime de harcèlement.

Métro, boulot, sextos

Selon un rapport récent, aucune femme n'y échappe. Dans la rue, les transports, au travail ou par SMS, "Complément d'enquête" sur une forme de violence quotidienne et un sujet qui reste difficile à aborder.

Selon une étude réalisée en avril 2015 par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE), 100% des femmes ont été harcelées au moins une fois dans les transports en commun, et 76 % des Françaises ont été suivies au moins une fois dans la rue. Le gouvernement a lancé une plateforme dédiée, Stop harcèlement sexuel.

Où sont les limites entre la drague et l'agression ? Enquête dans des PME sur les petits chefs harceleurs.

Reportage de Samuel Humez, Julie Martin et Gianni Collot. 
Invité : Laurent Gamet, avocat spécialisé en droit du travail.

USA : le prix du harcèlement

On le sait, les Etats-Unis ne badinent pas avec le harcèlement sexuel, et la loi punit sévèrement des dérapages que des Français pourraient juger anodins. A San Francisco, une femme a obtenu 3,5 millions de dollars de dommages et intérêts pour un cas de harcèlement au travail. 

Pour les Américains, il s'agit en effet d'une forme de discrimination sexuelle inscrite dans le Civil Rights Act de 1964. Il existe une structure spécialisée pour soutenir les plaintes des victimes, la Commission fédérale de l'égalité des chances en matière d'emploi. Chaque Etat a sa propre réglementation en la matière, et les entreprises leur charte interne de bonne conduite. 

Reportage de Paul Sanfourche, Guillaume Beaufils et Vincent Buchy.
Invité : Philippe Brenot, psychiatre-sexologue.

La rédaction de "Complément d'enquête" vous invite à commenter l'émission sur sa page Facebook ou sur Twitter avec le hashtag #Cdenquete.

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